Mélenchon

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par canardos » 08 Fév 2012, 13:56

Mélanchon veut monter dans le pédalo!

Dans l'Express:

a écrit :

Législatives: le Parti de gauche veut (re)négocier avec le PS

Par Théophile Wateau, publié le 08/02/2012

Le parti de Jean-Luc Mélenchon a relancé par courrier le PS pour discuter des législatives. Les négociations avait été rompues en novembre, après que le leader du Front de gauche ait comparé François Hollande à un "capitaine de pédalo".

"Discuter du danger de l'élimination de la gauche au premier tour des législatives, au profit d'un duel FN/UMP au second": c'est la demande du Parti de gauche exprimée dans une missive envoyée au PS mardi. Signée par son secrétaire national chargé des élections, Eric Coquerel, elle rappelle que "le Parti de gauche n'a jamais été pour la politique du pire face au FN" et réclame "un accord de répartition de toute la gauche dans les circonscriptions".

Le PG veut donc se remettre autour de la table des négociations en refusant tout mea culpa à propos du "capitaine de pédalo" concernant François Hollande: un "trait d'esprit de Jean-Luc Mélenchon" selon sa formation. 

La lettre reproche au PS d'avoir "décidé unilatéralement d'interrompre la discussion" initiée en novembre. Et de juger que "cela nous a paru hors de proportion par rapport au danger invoqué." Un danger présent dans de nombreuses circonscriptions, notamment "dans le département du Vaucluse" selon le Parti de gauche.

Discutons entre camarades

Si Europe Ecologie-Les Verts a signé un accord électoral en vue des législatives avec le PS, des discussions sont également en cours entre les socialistes et le MRC (Mouvement républicain et citoyen) de Jean-Pierre Chevènement. 

De son côté le PG indique dans sa lettre, refuser que ses candidats se désistent systématiquement au profit du PS "sans accord national", autrement dit sans contrepartie. Cette lettre permet de mettre le PS devant ses responsabilités pour mieux négocier le partage des circonscriptions.

Le secrétaire national du PS chargé des élections, Christophe Borgel declare ne avoir encore lu cette lettre ce mercredi matin.

canardos
 
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Message par Oel » 08 Fév 2012, 22:11

(Sterd @ mardi 7 février 2012 à 11:37 a écrit : Pour ceux qui l'aurait manquée http://www.youtube.com/watch?v=_gWVyNtCbEs

"J'en ai marre de me faire traiter de fasciste"
Par contre elle a tout à fait le droit de traiter Besancenot de "Staline sans moustache", ça fait pas trop scandale...
Oel
 
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Message par jeug » 09 Fév 2012, 12:17

(Sterd @ mardi 7 février 2012 à 13:31 a écrit : Des militants du PG ? Encore faudrait-il que ça existe.

On en rencontre qui se déclarent "du PG" mais ce ne sont pas de vrais militants.
Ceux que l'on voit faire le boulot pour le FG, ce sont toujours des militants du PC.

Edit : Merci Com pour la vidéo FranceInter, c'est du gros calibre !
jeug
 
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Message par Oel » 22 Fév 2012, 23:05

l'URCF, organisation stalinienne, sur Mélenchon, qui se démarque de ses camarades du PCOF et RCC.

a écrit :PRÉSIDENTIELLES : 
FRONT DE GAUCHE, 
UN RABATTEUR
POUR LE PS ?

La candidature de Jean-Luc Mélenchon
à l’élection présidentielle est une chronique d’un ralliement annoncé à Fran-
çois Hollande, porteur de la politique
droitière du PS.

Jean-Luc Mélenchon,
orphelin du programme commun, révisé à
la baisse par le Front de
gauche, avec sa verve populiste et ses accents
« Marchais-istes », défend
une démarche programmatique qui limite, cloisonne
et sclérose les revendications des travailleurs. En
effet, le programme de
Front de gauche est paralysant pour les luttes, car
basé sur les revendications
exprimées par la Confédé-
ration Européenne des
Syndicats [syndicats de
collaboration de classe]  ; il
oppose à la logique droitière de François Hollande,
la démagogie utopiste de
slogans sociaux totalement
consensuels avec l’existence du système capitaliste.
Le système capitaliste
que le candidat Mélenchon
veut à toute force gérer à
« gauche », ne s’accommode que de la logique du
profit, et seule la droite et
le PS savent en exprimer sa
cohérence. Le smic à 1 700
€ ? Oui, « au  prix  de  cinq
points d’inflation ! », déclare
le candidat de Front de
gauche aux infos de 20
heures. Mais alors, quelles
garanties pour le pouvoir
d’achat ? « Au-dessus de
360 000 € de revenus on
prend tout ! », clame-t-il, 
mais que fait le tribun du
20 heures de l’avoir fiscal,
des avantages en nature
prélevés sur la plus-value
dans les entreprises, des
logements de fonctions
souvent luxueux, des voitures haut de gamme, les
notes de restaurants, d’hô-
tels, du Carlton ! (« Dodo la
Saumure*» pourra peut-être
confirmer…).
N’oublions pas non plus
les jetons de présence aux
réunions des Conseils
d’administration, les distributions gratuites d’actions,
les parachutes dorés, les
paradis fiscaux, et autres
gadgets non imposables
dans les vitrines du monde
capitaliste. Malheureusement pour J-L. Mélenchon,
la démagogie  a de moins
en moins d’emprise sur
l’opinion  publique, et les
faits ont démontré qu’elle
ne gagne pas sur la logique. François Hollande,
champion  du  vote  utile  et
du système bipolaire gauche – droite, vient de gagner les primaires socialistes. François Hollande
s’engage à maîtriser le déficit public, à appliquer la
règle d’or, et reproche à
Sarkozy de ne pas aller
plus loin dans la politique
de rigueur ; il propose un
gouvernement supranational européen et défend
ainsi les profits des multinationales et des banques.
Il exprime avec habileté la
logique du système capitaliste au sein d’un échiquier
politique français qui, de
gauche à droite, essaie de
l’aménager, mais aucunement de le condamner.
Face à lui, Arnaud Montebourg et Martine Aubry
ont pratiqué la phrase de
« gauche », et ils ont
échoué. J-L. Mélenchon
utilise alors, dans la compétition réformiste, un
double langage : d’un côté
il prétend que rien n’est
joué entre lui et Hollande
au deuxième tour des pré-
sidentielles, et dans le
même temps, il affirme que
de  toute  façon  le  PS  sera
sous « bonne garde » à
gauche. Quelle bonne
garde ? Les positions d’Arnaud Montebourg et de
Martine Aubry font-elles le
poids dans le programme
de François Hollande ?
Faut-il réintégrer le principe de la retraite à 60 ans,
ou gérer la dette sans creuser de déficit tout en soutenant les profits des entreprises du CAC 40 ?
Au PS, on savait qui remporterait les primaires, le
patronat aussi. J-L. Mélenchon ne fait pas exception
à la règle : il fera ce qu’Arnaud Montebourg a fait
aux primaires : il mobilisera les électeurs du Front de
gauche en faveur de Fran-
çois Hollande ; il peut donc
encore user de démagogie
et promettre le changement, il ne risque rien !
Mais si la démagogie de
gauche ne gagne pas sur la
logique du système capitaliste, le socialisme est,
quant à lui, habilité à
triompher, pour peu que
les travailleurs, conscients
de se faire abuser par les
politiciens bourgeois, réflé-
chissent sur leurs intérêts
de classe.
Ajoutons que, sur le plan
objectif, la candidature du
Front de Gauche contribue
à réhabiliter le PS comme
parti populaire, alors que
la réalité montre que c’est
un parti du Capital. 
Appropriation collective
des moyens de production
et d’échanges, planification
démocratique et internationalisme  prolétarien, pouvoir ouvrier,  voilà une
vraie démarche révolutionnaire !
* Surnom du proxénète
dans l’affaire du Carlton de
Lille (en lien avec l’affaire
Strauss-Kahn).
A.B.
Oel
 
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Message par Sinoue » 23 Fév 2012, 23:48

Un article très intéresssant sur la Mélanchonie

a écrit :Les relais syndicaux de Jean-Luc Mélenchon
| 22.02.12 |


Jean-Luc Mélenchon, le 8 février 2012.AFP/PASCAL GUYOT

Le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, c'est parfois comme un défilé parisien du 1er mai, entre République, Bastille et Nation. On y croise évidemment des syndicalistes et, dans "le carré de tête", comme on dit dans les manifestations, quelques figures.
Certaines, il y a quelques années encore, exerçaient d'importantes responsabilités nationales. C'est le cas de Didier Le Reste, ancien patron des cégétistes à la SNCF, aujourd'hui à la retraite, tout comme Pierre Khalfa, ex-dirigeant de Sud Solidaires, ou encore Gérard Aschieri, qui fut numéro un de la FSU, la principale fédération de l'éducation nationale. Il y a aussi Claude Debons, lui aussi retraité, qui dirigea la fédération CFDT cheminots avant de rejoindre la CGT en 2003, lors du conflit sur les retraites. Ou enfin Yann Cochin, toujours actif, responsable à Sud-Energie. "Il y a des camarades de toutes obédiences", souligne volontiers Claude Debons. "Même si ceux de la CGT sont plus nombreux, la FSU et Solidaires sont bien représentés", ajoute-t-il, tout en précisant que "chacun est là à titre personnel", mais "porteur de son réseau militant".

Certains sont encartés - c'est le cas de Didier Le Reste au PCF ou Yann Cochin dans un courant transfuge du NPA -, d'autres non. Gérard Aschieri, qui ne l'est pas, dit avoir trouvé dans cette campagne "une forme qui respecte l'indépendance des syndicats et qui permet à des militants syndicaux d'utiliser leur expérience sans être membre d'un parti".

Ces syndicalistes se retrouvent surtout au sein du "Front des luttes", une structure de la campagne de Jean-Luc Mélenchon dont le but est d'être à côté des "salariés qui se battent" et d'enrichir le programme du candidat. Depuis le début de la campagne, Jean-Luc Mélenchon enchaîne donc les visites dans des usines en conflit : Fralib, Fonderies du Poitou, Still-Saxby, Petroplus, M-Real, Peugeot Scooters, Alstom... Un tract "vulgarisant" les propositions du candidat à destination des salariés vient d'être tiré à 3 millions d'exemplaires. Avec des propositions qui se veulent taillées sur mesure : retraite à 60 ans pour tous, smic à 1 700 euros, interdiction des "licenciements boursiers".

Au Front de gauche (PCF et Parti de gauche), on se défend de toute volonté d'instrumentalisation. "L'idée n'est pas de refaire une courroie de transmission, indique M. Mélenchon. Si on s'amusait à créer un lien privilégié avec tel ou tel syndicat, on exploserait en plein vol. L'objectif est de retisser un lien." "Si on veut que le monde du travail se réintéresse au fait politique, les militants syndicaux sont des interlocuteurs de choix", ajoute Didier Le Reste.

Du côté des sympathisants des syndicats, il y a incontestablement un "effet Mélenchon". Dans un sondage IFOP pour L'Humanité, réalisé du 10 au 27 janvier auprès de 945 individus se déclarant "proches d'une organisation syndicale", Jean-Luc Mélenchon obtient les faveurs de 22 % des sympathisants de la CGT, 8 % de la CFDT, 12 % de FO, 4 % de la CFTC, 33 % de Sud et 11 % de l'UNSA. A titre de comparaison, en 2007, Marie-George Buffet recueillait les suffrages de 7 % des sympathisants de la CGT, 1 % de la CFDT, 3 % de FO, 4 % de l'UNSA et 0 % de Sud. Chez les sympathisants des syndicats, M. Mélenchon susciterait donc trois fois plus de soutien que la candidate communiste.

Le vivier syndical de Jean-Luc Mélenchon épouse, pour une bonne part, le clivage qui s'est manifesté dans le syndicalisme au moment du référendum de 2005 sur le projet de constitution européenne.

A la CFDT, favorable au oui, il n'y a aucun atome crochu avec le candidat du Front de gauche. Ce dernier a, en revanche, les faveurs des syndicalistes nonistes qui se souviennent de son combat contre son propre parti - à l'époque le PS. FO n'avait pas appelé à voter non mais avait pris position contre le projet de constitution.

Dans cette centrale, Jean-Luc Mélenchon est en terrain connu. FO a longtemps accueilli un solide noyau de militants trotskistes lambertistes, comme il le fut jadis. Par ailleurs, M. Mélenchon avait noué des liens avec Force ouvrière quand il animait la Gauche socialiste, courant minoritaire du PS, avec Julien Dray, un intime de Marc Blondel, secrétaire général de FO de 1989 à 2004. M. Mélenchon peut aussi compter sur la connaissance qu'a Raquel Garrido de ce syndicat. Porte-parole internationale du Parti de gauche, elle est ancienne assistante confédérale en charge de l'international à FO.

A la CGT, l'épisode de 2005 éclaire aussi les réactions. A l'époque du référendum, le secrétaire général Bernard Thibault considérait que sa centrale ne devait se prononcer ni pour le oui ni pour le non. Mais il avait été mis en minorité par le comité confédéral national de la CGT. Parmi les instigateurs de ce camouflet, il y avait Didier Le Reste, qui a rejoint Jean-Luc Mélenchon. Les deux hommes ont aussi une forte divergence sur les liens avec le PCF, M. Thibault ayant consacré en 2001 la rupture de la relation privilégiée entre la CGT et le PCF.

M. Thibault n'a donc aucune proximité avec M. Mélenchon - "ce n'est pas sa tasse de thé et réciproquement", confie un de ses proches. Dans son entourage, on confie que "le Front des luttes est ambigu" et que sa "démarche consiste à installer dans les boîtes en conflit des réseaux qui portent la candidature de Mélenchon". Le fait de voir des militants de la CGT poser autour du candidat du Front de gauche avec des calicots et des casques du syndicat suscite des réserves (même si Hollande a fait la même chose le 15 février à Rouen). "Mélenchon sait parler au monde du travail, confie une dirigeante de la CGT, en particulier aux sympathisants cégétistes, et il respecte la dignité des travailleurs. Il touche juste." Mais, ajoute-t-elle, "il n'y a pas de structures ou de réseaux mélenchonistes au sein de la CGT".

Le fait que Bernard Thibault ait appelé ouvertement - une première - à "un changement de président de la République" lui permet de préserver l'unité de la CGT et de ménager ses opposants internes plutôt pro-Mélenchon. D'un côté, il a rencontré M. Hollande après lui avoir fait comprendre officieusement que la CGT ne ferait pas du non-retour aux 60 ans un "casus belli". De l'autre, il a accepté que sa rencontre avec le candidat du Front de gauche soit fortement médiatisée et a fait le meeting du 31 janvier sur la retraite à 60 ans, où M. Mélenchon a été très applaudi. "Il y a un aspect tactique, décrypte Claude Debons. Le mouvement syndical, CGT en tête, vise aussi à peser sur François Hollande. Et à lui signifier que celui-ci, au lendemain d'une victoire de la gauche, sera tout aussi exigeant."

Une date est cochée dans l'agenda syndical comme dans celui de M. Mélenchon. Le 29 février, la Confédération européenne des syndicats a appelé à manifester partout en Europe contre l'austérité. Le candidat de la gauche radicale cherche aussi à mobiliser sur cette question. Pour l'instant, difficilement. Claude Debons se veut pragmatique : "L'expérience sous Sarkozy a montré que les luttes ont rarement gagné. A l'approche de l'élection, ce qu'on n'a pas pu obtenir par les luttes, on va essayer de l'avoir par le bulletin de vote."



Raphaëlle Besse Desmoulières et Michel Noblecourt
Sinoue
 
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Message par logan » 24 Fév 2012, 21:20

Avez-vous vu la confrontation Lepen Melenchon ?

Le pen melenchon
logan
 
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Message par llaima » 25 Fév 2012, 13:06

[quote=" (logan @ vendredi 24 février 2012 à 21:20"]
Avez-vous vu la confrontation Lepen Melenchon ?

Le pen melenchon
j'ai vu

Franchement Mélanchon pas au top! Car s'il a employé une certaine violence verbale contre Le Pen il n'avait pas amené grand chose pour la critiquer sur le fond... ce qui se comprend car la Le Pen ayant un discours à géométrie variable elle est assez dure à contrer si on ne rentre pas sur le terrain de classe . Or Mélanchon ne veut pas rentrer sur ce terrain là vu qu'il veut ensuite surtout rentrer sur le terrain gouvernemental il en reste à un discours moralisateur! Pas très éfficasse à mon avis!
llaima
 
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Message par Wapi » 29 Fév 2012, 18:19

De mieux en mieux, Mélanchon drague l'électorat catholique, et lui tend la main comme on disait autrefois .
A noter son indigeste bouillie matérialistico-mystique, et l'invocation des mânes de Mitterand.
Dans La Vie, hebdomadaire catholique.

a écrit :Jean-Luc Mélenchon : "La foi est une brûlure"

Olivia Elkaim et Jean-Pierre Denis - publié le 23/02/2012

Laïcité, fin de vie, mariage des homosexuels, religion… Le candidat du Front de gauche détaille son engagement.


Tassé sur la banquette d’un ­bistrot parisien, Jean-Luc Mélenchon arbore une mine grave. Le 14 février, au matin de l’interview, un homme est mort de froid sur l’esplanade des Invalides. « À deux pas d’un grand restaurant, de l’Assemblée nationale, vous vous rendez compte ? » Silence. « Comment la société a-t-elle rendu cela possible ? » s’interroge le candidat du Front de gauche. Lui se veut le tenant d’une gauche « historique, radicale, anticapitaliste ». Depuis janvier, ses meetings font le plein. Est-il qualifié de populiste par ses détracteurs ? Il ne récuse pas le terme, au contraire. Celui qui reconnaît un « goût immodéré pour la dispute talmudique » justifie des positions parfois très éloignées de celles des chrétiens.
Pourquoi avez-vous accepté de parler à La Vie, hebdomadaire chrétien d’actualité ?
J’éprouve une jubilation à discuter avec des gens qui ont la foi. Ils se situent dans un espace comparable au mien, dans un domaine plus grand que soi. Nous partons de la même idée : aucun d’entre nous ne peut être heureux dans un océan de malheur. Nous sommes responsables du sort des autres. J’ai plus de facilité à parler avec des chrétiens qu’avec des traders ! Eux sont à l’opposé de mon monde qui est fait de responsabilité morale, individuelle et collective.
Les catholiques ? Je les connais comme ma poche. Je lis les encycliques, moi, et je dois être le seul à ­gauche à le faire !

Votre mère était catholique.

Oui, elle chantait divinement à l’église. Quant à moi, j’étais enfant de chœur. Je disais la messe en latin. Puis, l’Église a excommunié ma mère quand mes parents ont divorcé en 1960. J’ai ressenti une violence incompréhensible pour un garçon de 9 ou 10 ans à l’époque. Ma relation au christianisme est informée, je sais faire la différence entre les Évangiles, entre la chrétienté latino-américaine et européenne. Il n’y a pas de haine. Je suis un adversaire de l’Église en tant qu’acteur politique, du cléricalisme, pas de la foi. La foi est une affaire ­strictement personnelle. Elle n’a pas à intervenir dans le domaine public. Nous avons un intérêt général humain. Le vote est une manière de trancher. Chacun, quant à soi, peut interpréter l’intérêt général du point de vue de ce qu’il pense bon pour tous, à la lumière de la foi par exemple. Mais face aux autres êtres humains, dans une démocratie, il doit présenter des arguments échangeables, contestables. Il ne peut pas dire : « C’est comme ça, car c’est écrit dans la loi de Dieu ou du marché. » Notez que j’étends la laïcité à l’obscurantisme mercantile.

Le marché est-il devenu une religion de substitution ?

Le curé, on le voyait une fois par semaine. La publicité, on y est soumis tout le temps ! Elle a un pouvoir d’injonction, normatif, bien plus grand que celui des prêtres.

Votre conception de la laïcité va bien au-delà de la loi de 1905, pourquoi ?

Il y a une confrontation entre le laïque héritier des Lumières et le laïque par défaut qui voudrait que la religion et le rite aient des droits dans l’espace public. C’est ce qui donne lieu à des débats au niveau européen. Si cela signifie que les églises soient visibles dans la rue, bien entretenues, ce n’est pas un souci. En revanche, que des droits particuliers soient reconnus aux rites, j’y suis opposé.

Vous êtes aussi opposé au Concordat.

En effet. La loi de 1905 est anti-Concordat. L’État ne finance aucun culte. L’argument culturaliste pour l’Alsace-Moselle – au nom duquel tous les abus sont possibles – est irrecevable. Je voudrais que la loi de 1905 soit étendue à ces départements et à la Guyane, la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie.

Nicolas Sarkozy a réaffirmé ses valeurs, au moment de son entrée en campagne : travail, responsabilité, autorité. Quelles sont les vôtres ?

J’ai toujours été hostile à ce que la différenciation entre droite et gauche se fasse sur le plan des valeurs. Elle se situe sur les principes politiques et les programmes. Sinon, on crée une ambiance de guerre civile. Moi, je crois aux vertus républicaines. Il y a une morale républicaine qui doit être libertaire, égalitaire et fraternelle.

L’éducation est au cœur de la campagne. Y a-t-il aujourd’hui un problème avec l’école privée catholique ou une crise du modèle républicain de l’école ?

Je ne veux provoquer personne, mais je suis partisan d’un service public unifié et laïque de l’enseignement. La place qu’occupent les écoles privées aujourd’hui n’est pas liée au rayonnement du christianisme dans la société, mais aux difficultés de l’école publique – nous sommes passés à une école de masse, avec des professeurs auxquels on demande énormément et une société très malade. Le pays doit rester à un haut niveau d’éducation car on a besoin d’un peuple instruit et hautement qualifié. Nous sommes la cinquième puissance du monde, c’est quand même la preuve que l’école marche en France. Mais je n’ai pas de naïveté sur le sujet. Il y a plus de 15 ans, au début de la vague libérale, il a été décidé que tout deviendrait marchandise. C’est le cas pour le savoir, identifié comme une énorme source de profit possible. Les gens sont obligés de s’instruire pour accéder aux métiers, ils forment une clientèle captive. Les établissements devaient devenir concurrents. Pour cela, on a disloqué la carte scolaire, favorisé l’autonomie des établissements et récupéré pour les marchands le « caractère propre » de l’enseignement catholique. La raréfaction des moyens est une technique des libéraux pour dire : « Vous voyez, ça ne fonctionne pas, donc prenez-vous en charge. » C’est valable pour l’éducation des enfants, la retraite ou encore la santé. L’intérêt à long terme des classes moyennes reste de sauver le service public.

Le programme du Front de gauche, c’est « l’humain d’abord ». N’y a-t-il pas une contradiction à être antilibéral sur le plan économique, mais libéral sur les questions de mœurs ? À être pour le mariage et l’adoption homosexuels ?

L’orientation sexuelle n’est pas un choix. Elle a même posé de grandes difficultés aux homosexuels compte tenu de l’opposition de la société sur la base de préjugés tels que : « l’homosexualité est un choix individuel » ou « un vice ». Ils assument leur situation et pensent que les amours sont égales en dignité. Dès lors que des gens s’aiment, ils doivent pouvoir vivre ensemble normalement. En 1988, le hasard de la politique m’a mené dans une réunion avec une association appelée Gays pour la liberté. Les membres m’avaient interpellé sur les drames affreux que certains vivaient à la mort de leur compagnon. C’est pourquoi j’ai déposé le premier texte de loi sur le partenariat civil, devenu le pacs. J’ai répondu à un appel humain. Ces gens s’étaient choisis d’amour. Quand des homosexuels ont commencé à me parler de mariage, ça m’a bien fait sourire, car je ne suis pas partisan du mariage pour moi-même ! Ce n’est pas pour le proposer aux autres ! Mais raisonnablement, quelle objection opposer au mariage des homosexuels ? Aucune. La communauté humaine a intérêt à ce que les démarches d’amour soient reconnues et validées par elle.

Mais ce libéralisme des mœurs n’est-il pas contradictoire avec votre antilibéralisme économique ?

Vous me posez un problème théorique. Je viens de vous répondre de manière concrète. Je suis matérialiste. Ce matérialisme peut d’ailleurs avoir une coïncidence avec le panthéisme. Nous sommes des individus régis par notre univers matériel. Le corps inorganique de l’homme, c’est l’univers tout entier, comme le dit Karl Marx.

Pensez-vous qu’il y a un au-delà du visible ?

Le savoir, l’amour, sont au-delà du visible. Mais je suis matérialiste, pas au sens vulgaire de « s’intéresser aux choses matérielles ». La pensée sera toujours plus que le corps pensant, mais ne sera jamais moins. Le matérialisme philosophique conduirait-il à la superbe stoïcienne ou à l’abandon épicurien ? Non. C’est une école de pensée qui à chaque fois qu’on vous pose la question : « Pourquoi ? », vous conduit à essayer de répondre : « Comment ? » Telle est la tradition des Lumières depuis Démocrite.

Vous croyez donc aux « forces de l’esprit » de François Mitterrand ?

Évidemment ! Sa présence rayonne encore en moi. Chacun a un tribunal de sa conscience où se trouvent les êtres qu’il a aimés et qui ne sont plus là. Je suis un être moral, d’une morale républicaine. Je suis stoïcien sur le plan philosophique.

Sur les sujets de société, les catholiques de gauche se plaignent d’avoir de moins en moins de liberté de parole. N’y a-t-il pas une pensée unique dommageable pour le débat ?
Les cathos de gauche n’ont pas le point de vue majoritaire, et alors ? Personne ne leur interdit de pratiquer pour eux-mêmes la morale de leur choix. Ni d’essayer d’en convaincre les autres.

Mais ils ont parfois l’impression d’être marginalisés par la société.

Il faut qu’ils tiennent tête, qu’ils n’aient pas honte de leurs idées, de leur foi. Ils s’exposent à ce que la société n’accepte par leur point de vue, c’est vrai. Mais la démocratie, ce n’est pas le consensus. Nos divergences sont tranchées par une méthode de décision, le vote, qui ne vaut pas conviction.

La question de l’euthanasie ne figure pas dans le programme du Front de gauche, quelle est votre position personnelle sur le sujet ?

Nous sommes actuellement sous l’empire de la loi Leonetti qui a permis d’améliorer notre humanité. Cette question n’est pas politique au sens étroit du terme. Elle touche à nos convictions les plus profondes. Il y a un devoir de doute. Il faut accepter de s’interroger, de remettre en question ses certitudes. Pour moi, le suicide est l’ultime liberté.

Le devoir de l’État est-il d’instaurer un droit à la mort ?

Nous explorons des questions nouvelles. C’est pourquoi il faut s’astreindre au doute méthodique et se méfier des emportements. Pour ma part, je voudrais pouvoir éteindre moi-même la lumière. À supposer que j’en sois empêché, j’aimerais être aidé à passer avec amour par une main fraternelle. C’est pourquoi je suis partisan du suicide assisté. J’ai conscience que cela pose des difficultés. Par exemple : qui doit le faire ? Pour l’avortement, certains médecins ne souhaitent pas pratiquer l’acte. Je le comprends. Mais le droit à l’avortement doit être garanti.

Vous avez cité saint Martin, lors de votre meeting à Metz, en janvier, pourquoi cette référence est-elle importante ?

Je veux faire revenir sur le devant de la scène le courant du socialisme historique, c’est ma mission. Dès lors, rien de ce que je fais n’est innocent. Quand je parle du christianisme, je sais ce que je dis. J’ai milité avec des chrétiens de gauche. Je les connais très bien. Tous les hommes qui composaient ma section socialiste à la fin des années 1970 à Montaigu venaient de l’Action catholique ouvrière. J’allais les chercher à la sortie de la messe. J’étais le seul mécréant ! J’évoque la tradition chrétienne, saint Martin qui partage son manteau, pour l’opposer aux chrétiens des croisades de Mme Le Pen. Il y a le choix entre deux types de christianisme. Celui qui partage est le bienvenu chez nous.

Vous êtes franc-maçon. Qu’est-ce que cela vous apporte ?

Cela a été rendu public contre mon gré, et j’en suis très indigné. Je ne voulais pas faire état de mes convictions tant que je serais élu de tous les Français. Je suis croyant, mais pas pratiquant, si j’ose dire. Je n’ai plus le temps depuis longtemps. Mais j’ai le sentiment d’appartenir à une longue histoire, à laquelle avaient pris part mon père et mon grand-père.

Au fond, vous mettez à distance l’Église, mais pas la foi.

Oui, je veux de la distance en politique avec l’Église. Mais je ne me moque pas de la foi. Car la foi est une brûlure. Elle vous laisse des marques que vous gardez toute votre vie. Elle peut aussi vous ouvrir les yeux sur une dimension du réel matériel auquel vous n’auriez jamais pensé. Si je n’avais pas été élevé dans le christianisme, je ne verrais peut-être pas le mythe de l’humanité universelle comme je le regarde aujourd’hui. C’est mon parcours.

Quelle parole du Christ est importante pour vous ?

« Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. »


Bravo pour la référence au stoïcisme ... cette philosophie de la résignation adoptée à la fois par un empereur (Marc-Aurèle) et un esclave (Epictète).
Pas très efficace son garde du corps karatéka-prof-de-philo qui, disait-il, l'avait converti au matérialisme épicurien qui est l'opposé du stoïcisme.
Wapi
 
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Message par Gaby » 29 Fév 2012, 18:26

Encore heureux qu'il répond à cette interview. J'espère bien que les candidats d’extrême gauche en feraient de même.
Gaby
 
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Message par logan » 29 Fév 2012, 18:49

[quote=" (Gaby @ mercredi 29 février 2012 à 17:26"]
Encore heureux qu'il répond à cette interview. J'espère bien que les candidats d’extrême gauche en feraient de même.
En évitant ça quand même :

"Vous croyez donc aux « forces de l’esprit » de François Mitterrand ?

Evidemment ! sa présence rayonne encore en moi"
logan
 
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