Arte annule une diffusion sur le sexisme

Message par Zorglub » 01 Sep 2010, 20:36

Dans cet article de Télérama, un responsable d'Arte explique pourquoi le reportage n'a pas été diffusé hier soir.
Une des 'fixeuses' (personne sur place aidant à la réalisation) a été menacée.
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Message par sylvestre » 08 Sep 2010, 10:19

http://www.bakchich.info/Une-femme-contre-...Male,11796.html

a écrit :« La cité du Mâle » en pis

Le documentaire "La Cité du Mâle" devait être diffusé mardi 31 août sur Art

Le documentaire "La Cité du Mâle" devait être diffusé mardi 31 août sur Arte. Mais au dernier moment, il a été déprogrammé. Un simple report ? Ou une annulation définitive ?

Mardi 31 août, Arte devait diffuser La Cité du Mâle. Une production Doc en stock, une boîte de prod’ dirigée par Daniel Leconte. Le documentaire s’intéresse aux relations hommes-femmes d’une cité de Vitry. Là où, en 2002, Sohane Benziane, 17 ans, est morte, brûlée vive par son ancien petit ami. Un meurtre terrible. Qui n’avait pourtant pas empêché des politiques de s’accaparer le drame pour faire de l’insécurité leur mot d’ordre…

Mais quoi ? Soudainement, à une heure et demie de la diffusion prévue du documentaire, Nabila Laïb, la fixeuse déboule à Arte. Elle indique à Alexandre Szalat, le responsable de l’unité actualité, société et géopolitique d’Arte, qu’elle craint pour sa sécurité. Elle précise bien qu’elle n’a pas eu de menaces mais le doc en l’état lui paraît propice à des représailles. Car La cité du Mâle serait une supercherie. Tout est absolument faux ! », s’est-elle écriée. Alexandre Szalat a alors suggéré la déprogrammation à son supérieur, qui l’a acceptée.

Cathy Sanchez « n’a choisi que les passages qui correspondaient à ce qu’elle avait écrit avant le reportage. Mais n’a rien gardé de ce que les jeunes disaient d’eux-mêmes. Quand je vois les images, j’ai mal au ventre. Je suis très énervée. C’est hors de question que mon nom soit associé à ce genre de merde ».

On comprend l’angoisse. Mais y a-t-il eu, comme on l’a dit, des menaces sur les journalistes ou sur les personnes interviewées ? Non, répond fermement Alexandre Szalat. « Il y a eu une confusion. Contrairement à ce qu’ont raconté beaucoup de journalistes, il n’y a pas eu de menaces proférées. Nabila a exprimé des craintes, suffisantes pour qu’elles soient entendues. C’est naturel ».

Naturel ? Pourtant, le producteur, Daniel Leconte, ne s’était d’abord pas ému des alertes de Nabila Laïb. Pour la fixeuse, c’est clair, « Daniel Leconte voulait faire un gros coup ». Une fois la polémique lancée, le producteur a fini par admettre, au Parisien : « Vu l’affolement, je comprends que la chaîne ait déprogrammé le documentaire ». Mieux vaut tard…

La Cité du Mâle serait donc un emboîtement de morceaux d’interviews sorties de leur contexte. Exemple, à un moment, Cathy Sanchez demande à un jeune, Akim : « Si ta femme te trompe, qu’est-ce que tu fais ? » Il répond : « Je la frappe ». Or, selon Nabila Laïb, « le reste du temps, Akim est adorable avec sa copine ».

Pourtant, confie-t-elle encore, ce n’est pas du tout ce qui avait été convenu, avec Cathy Sanchez. « Le documentaire devait porter sur l’évolution des relations hommes-femmes depuis 2002. Mais je n’ai ni eu le droit d’assister au montage, encore moins de voir le “final cut”, sauf quelques heures avant sa diffusion prévue ».

Le malaise en fait, est idéologique : «  Ce documentaire est un copier-coller du discours de Ni Putes ni soumises. C’est totalement dépassé ! », explique Nabila Laïb. Étonnant de la part de Daniel Leconte qui contribue à la revue néo-conservatrice Le Meilleur des Mondes ! Autour de laquelle [revue] gravitent des personnalités comme Fadela Amara.

« Quoi qu’il en soit, affirme Alexandre Szalat, La cité du Mâle sera reprogrammée ». Seules de menues retouches y seront apportées : les floutages seront accentués, afin qu’il n’y ait pas de problèmes d’ordre juridique. Selon le Figaro.fr, Nabila Laïb a déposé un recours contre la boîte de production Doc en Stock, demandant que le documentaire ne soit pas diffusé. Nabila y tient. C’est une question de justice pour ceux qui vivent là. Et parce que « c’est à cause de documentaires comme ceux-là que les journalistes ont des problèmes en banlieue »
sylvestre
 
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Message par Wapi » 08 Sep 2010, 10:25

a écrit :La Cité du Mâle serait donc un emboîtement de morceaux d’interviews sorties de leur contexte. Exemple, à un moment, Cathy Sanchez demande à un jeune, Akim : « Si ta femme te trompe, qu’est-ce que tu fais ? » Il répond : « Je la frappe ». Or, selon Nabila Laïb, « le reste du temps, Akim est adorable avec sa copine ».


Je trouve en tous cas que cet exemple est un parfait contre-exemple. Tant que tu ne me trompes pas, je ne suis pas violent ... C'est sympa comme "contrat", ça rappelle un peu les pratiques des maffieux avec ceux qu'ils protègent.

Le type peut bien être parfaitement "adorable", il répercute quand même un discours parfaitement réactionnaire. On ne sait pas si, en situation, il battrait vraiment ça femme, peut-être ne le pense-t-il même pas profondément, mais en tous cas il le dit sans retenue, c'est ce qui est insupportable.
Wapi
 
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Message par lavana » 08 Sep 2010, 11:31

[quote=" (Zorglub @ mercredi 1 septembre 2010 à 21:36"]
Dans cet article de Télérama, un responsable d'Arte explique pourquoi le reportage n'a pas été diffusé hier soir.
Une des 'fixeuses' (personne sur place aidant à la réalisation) a été menacée.
Remarque anecdotique.

Dans le jargon journalistique, un peu beaucoup frimeur, il me semble que les fixeurs sont les guides-interprêtes en Irak.

Utiliser le même mot pour parler de quelqu'un qui travaille avec des journalistes en banlieue (en france) m'apparaît être un gros coup de frime ou est révélateur de l'opinion des journalistes sur les banlieues (et donc du cinéma qu'ils aiment faire autour de leur travail)
lavana
 
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Message par logan » 08 Sep 2010, 12:28

Des témoignages sur rue89

L'exemple cité par Wapi est particulièrement frappant.

Jetez un oeil sur les extraits et sur les commentaires de 2 jeunes qui l'ont visionné
logan
 
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Message par Zorglub » 08 Sep 2010, 12:34

Merci pour cet article Sylvestre. Comme Wapi et en quoi le discours de NPNS est-il "dépassé" ? Ce qui ne retire rien aux intentions de Leconte.

edit : Les commentaires sur rue89...
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Message par luc marchauciel » 08 Sep 2010, 16:37

Complément d'info chez Télérama :

http://television.telerama.fr/television/l...cteur,59910.php

La dite "fixeuse" [quel terme, en effet !] est en fait une journaliste qui affirme ici que c'est elle qui a fait le boulot de terrain (elle vient de cette cité) et que la réalisatrice l'a écartée du montage pour faire un autre film à partir d'une sélection tendancieuse du matériel qu'elle lui a fourni.
luc marchauciel
 
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Message par sylvestre » 09 Sep 2010, 11:17

Wapi :
a écrit :Je trouve en tous cas que cet exemple est un parfait contre-exemple. Tant que tu ne me trompes pas, je ne suis pas violent ... C'est sympa comme "contrat", ça rappelle un peu les pratiques des maffieux avec ceux qu'ils protègent.

Le type peut bien être parfaitement "adorable", il répercute quand même un discours parfaitement réactionnaire. On ne sait pas si, en situation, il battrait vraiment ça femme, peut-être ne le pense-t-il même pas profondément, mais en tous cas il le dit sans retenue, c'est ce qui est insupportable.


On est d'accord que c'est très mal de battre sa femme pour quelque raison que ce soit. Mais c'est très mal aussi de prétendre faire un documentaire sur les relation hommes-femmes en banlieue et de ne montrer que cet extrait comme s'il était représentatif de toute la complexité des relations en question. Dans le contexte actuel de stigmatisation des couches populaires et en particulier de la jeunesse comme "classe dangereuse", ce n'est pas innocent.

On pourra remarquer sans peine qu'il serait tout aussi facile de faire un reportage à Neuilly ou aileurs et de trouver des petits mecs friqués dire des choses semblables ou pire sur les femmes, les homosexuels, etc. mais que curieusement ces documentaires-là ne sont pas commandés par les chaînes de télévision. Pourtant les faits divers du style Sohane ne manquent pas avec des coupables pas spécialement jeunes et pas spécialement de banlieue.
sylvestre
 
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Message par Valiere » 09 Sep 2010, 12:10

sauf qu'il y a aussi une forme de populisme ni nie qu'il y a une maltraitance dans les quartiers populaires
Valiere
 
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Message par luc marchauciel » 09 Sep 2010, 12:53

(Valiere @ jeudi 9 septembre 2010 à 13:10 a écrit : sauf qu'il y a aussi une forme de populisme ni nie qu'il y a une maltraitance dans les quartiers populaires
Une référence ?
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