Informations Ouvrières N° 87 semaine du 04 au 10 Mars 2010 L'EDITO PAR DANIEL GLUCKSTEINA minimaAbstention ou vote (par défaut) pour l'opposition : c'est un rejet massif du
gouvernement Sarkozy et de sa politique qui semble devoir s'exprimer dans les élections régionales.
Tel est du moins le pronostic partagé par les commentateurs attitrés.
Curieusement, comme s'il était urgent de « sauver le soldat Sarkozy », c'est le moment où surgissent des secours venus d'où on ne les attendait pas.
Le directeur des Echos (journal de la classe capitaliste) se félicite de ce qu'il appelle la « grande alliance » entre Sarkozy et Bernard Thibault.
Une alliance, préciset- il, qui n'est «évidemment ni officielle ni permanente », mais « légitime », car elle fixe un cadre permettant de « déminer l'avancée des réformes en les négociant largement et directement avec les partenaires sociaux », et « d'éviter des embrasements ».
Dans Le Monde, Michel Noblecourt, partisan avéré de l'association capital-travail, évoque à propos des retraites la « négociation sous contrainte ».
Noblecourt se félicite : « Le Parti socialiste se dit prêt à discuter. »
Il se félicite également de ce que cinq organisations syndicales aient « décidé une journée nationale d'action a minima le 23 mars pour que la réforme prenne en compte “le niveau des pensions, l'emploi, le financement, la pénibilité, le Code des pensions et la réduction des inégalités” ».
Pour Noblecourt, la messe est dite.
Il y aura le « débat » avec les partis (lire page 4) et avec les syndicats.
Et puis,au bout du débat, la contre-réforme : Noblecourt annonce comme déjà
acquis « un nouvel allongement de la durée des cotisations au-delà des 41 ans prévus en 2012 (41,5 ou 42 ans en 2020 ?) ».
Et, entre les deux, comme un passage obligé, il y aura eu la mobilisation « a minima » du 23 mars, à laquelle appellent aussi bien les organisations
syndicales citées que les partis de l'opposition, journée du 23 mars qui exige un « débat »… déjà programmé par le gouvernement.
Un « débat » dont la seule fonction est de légitimer par avance la contre-réforme des retraites.
Mais au fait, qu'est-ce qui la justifie, cette contre-réforme ?
Les 32 milliards d'exonérations de cotisations sociales versés chaque année aux patrons ?
Les 46 milliards versés chaque année comme intérêts de la dette externe aux groupes financiers et aux spéculateurs ?
Les centaines de milliards mis à disposition des banques pour les renflouer durant l'année 2009 ?
Noblecourt dévoile le pot aux roses.
« Alors que la France est surveillée par la Commission européenne sur ses déficits publics et son endettement, le but de la réforme des retraites est aussi de donner un signal fort à Bruxelles et auxmarchés. »
Dans une situation où des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires sont d'ores et déjà annoncés pour cette année 2010, et où, de toute part, la classe ouvrière exprime son rejet de la politique du gouvernement, ne faut-il pas au contraire affirmer clairement, nettement et à haute voix que rien ne justifie une quelconque « réforme des retraites » ?
Rien ne justifie le « débat », piège auquel Sarkozy invite les dirigeants de la gauche, qui s'y prêtent avec complaisance, et les responsables d'organisations syndicales, qui en font le thème d'un 23 mars « a minima ».
Tout exige au contraire de bloquer l'offensive sur les retraites.Tout exige de forger l'unité, refusant tout consensus, autour du mot d'ordre « Ne touchez pas à nos retraites ! ».
Une unité dont le meeting de La Garde dessine les contours (lire page

. A minima