Je commence par une information qui n'est peut-être connue en France qu'à Montreuil (93), seconde ville malienne après Bamako.
a écrit :Mali Jet, Le Républicaini - 10 mar 2010
Mali - Marche des expropriés et déguerpis non recasés : Répression policière
A l’appel de l’union des associations et coordinations d’associations pour le développement et la défense des droits des démunis (Uacdddd), des milliers de personnes ont pris d’assaut, hier, la bourse du travail pour une marche pacifique. Sur injonction du ministère de l’administration territoriale et des collectivités locales à travers le gouvernorat du district de Bamako, la police a réprimé la manifestation, faisant au moins 6 blessés. Quatre autres personnes ont été interpellées.
La mobilisation était de taille où les responsables des manifestants estiment le nombre entre 5.000 et 6.000 personnes. Compte tenu du nombre de manifestants, les autorités n’ont vu d’autre alternative que de réprimer la manifestation.
Parmi les personnes arrêtées, de vieilles personnes le plus souvent malades qui ont été violemment brutalisées, une personne avec une jambe fracturée et plusieurs blessés dont le Secrétaire Général du M.S.V Tahirou Bah.
Signalons que de nombreuses femmes parmi lesquelles des femmes enceintes avaient pris part à cette marche, elles ont été également battues, gazées et poursuivie par la police.
Contacté par nos soins, le commissariat du 1er arrondissement s’est refusé de confirmer ou d’infirmer un quelconque chiffre et indiqué que cette marche avait été interdite. «Les policiers ont fait de la marche un affrontement. Nos blessés sont dans un centre de santé» a souligné une responsable de l’Uacdddd.
Pourquoi une telle horreur ?
Le commissaire adjoint du 1er Arrondissement a, pour sa part, expliqué qu’ils ne sont pas venus sur les lieux pour cadrer la marche mais plutôt empêcher la tenue de la présente marche. Les autorités, dira-t-il, les ont placés en alerte maximum pour empêcher ladite marche. Selon lui, toutes les voies sont ouvertes au dialogue afin de trouver un terrain d’entente. « Nous sommes dans un Etat de droit, un Etat Républicain. On marche dans le cadre des normes établies par la loi et non de manière anarchique » a-t-il ajouté.
Il est à retenir que le 12 février 2010, l’union a adressé une déclaration de marche (avec les références de trois responsables) au gouvernorat et la mairie du district, ainsi qu’à la mairie de la commune III, commune où doit se tenir la marche. Ils ont réaffirmé, le 23 du même mois, à ces structures leur volonté et informé de cette volonté, le 2 mars, les ministères de l’administration territoriale et des collectivités locales, de la justice, du logement, des affaires foncières et de l’urbanisme, de la sécurité intérieure et de la protection civile, ainsi qu’à la primature. Et le gouvernorat n’a pris la décision de l’interdiction de la marche que le 8 mars, c’est-à-dire la veille de la marche. Mieux, le secrétaire aux relations extérieures de l’union nous dira qu’ils n’ont eu connaissance de cette interdiction que sur la scène de la marche, par le canal de la police.
Des dizaines de litiges fonciers concernant des cas de déguerpis et d’expropriations dans les différents quartiers de Bamako et du cercle de Kati donnent du fil à retordre aux autorités depuis quelques années. Le gouvernement va devoir faire face à la recrudescence de la tension née de sa politique d’urbanisation. Les états généraux du foncier viennent de se tenir, il y a quelques mois, mais ces expropriés et déguerpis estiment que leur mise à l’écart rendrait inutile les conclusions de ces assises. Plus d’une centaine de cas de litiges fonciers sont en instance entre les membres de l’union et l’Etat.
L’Uacdddd est un mouvement qui regroupe 43 associations et coopératives, «dont la majeure partie est frappée d’injustice foncière» précisent les responsables de l’union. Selon les responsables de ce mouvement, Les litiges fonciers sont aujourd’hui un véritable problème national et un marché potentiel de spéculation. Les plus démunis se sentent de plus en plus lésés par le processus d’urbanisation du pays où, estiment-ils, leurs propriétés foncières sont «injustement» spoliées. Pour faire entendre sa voix, l’union avait décidé de faire savoir sa préoccupation au gouvernement à l’issue d’une marche pacifique, programmée pour ce mardi 9 mars 2010 avec comme itinéraire de la bourse du travail à la primature.
Seydou Coulibaly/ Moussa Dagnoko/ Mamadou Konaté (MSV)
a écrit :Libération - 12 mar 2010
RDC: Les rebelles passent, les trafics prospèrent...
Les nouveaux maîtres des mines du Nord-Kivu sont les ex-rebelles du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), pour la plupart des Tutsis congolais d'origine rwandaise. C'est ce que révèle l'ONG britannique Global Witness à l'issue d'une mission de quatre semaines sur place. Fin 2008, les hommes du CNDP, soutenus activement par le Rwanda voisin, avaient lancé une vaste offensive militaire, balayant les troupes de Kinsahsa et provoquant des déplacements massifs de population. Un véritable désastre humanitaire, condamné par la communauté internationale. Mais, début 2009, coup de théâtre: le chef du CNDP, Laurent Nkunda, était écarté par Kigali, qui décidait de s'allier avec le régime congolais aux Kivus. l'alliance entre Kigali et Kinshasa a redistribué les cartes, permettant à de nouveaux acteurs de s'enrichir. De manière illicite, cela va sans dire.
Visiblement, cette alliance a permis de faire d'une pierre deux coups. A la faveur d'offensives militaires, soutenues localement par les Casques bleus de la Monuc (Mission des Nations unies au Congo), les Hutus du FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) ont dû lâcher leurs positions, sans pour autant être défaits militairement. Par la même occasion, les ex-rebelles du CNDP, intégrés depuis au sein de l'armée congolaise, se sont emparés des richesses locales, en particulier dans la région de Walikale. "Ils ont ainsi acquis un contrôle bien plus important des zones minières que celui dont ils jouissaient en tant qu'insurgés (...)", écrit Global Witness.
Les cargaisons de cassitérite et de tantale, minerais de haute valeur, très prisés par l'industrie mondiale, qui entrent dans la composition de téléphones mobiles et de circuits informatiques, sortent toujours, principalement, par le Rwanda voisin, sans que personne ne s'en offusque. A commencer par le gouvernement central de Kinshasa qui, semble-t-il, ferme les yeux en échange du maintien d'une paix précaire dans les Kivus. Un "deal" qui pourrait s'avérer illusoire.
"Du fait de leur capacité à détourner les recettes des mines, les anciens rebelles auraient les moyens financiers de se réarmer s’ils décrétaient que la paix ne leur convenait plus", analyse Global Witness, Quant à la communauté internationale, elle fait de même. "Les gouvernements bailleurs de fonds occidentaux ont fait grand cas de leurs engagements visant à rétablir la paix et la stabilité dans l’est de la RDC. Mais ces belles paroles sont en contradiction avec le fait qu’ils persistent à ne demander aucun compte aux entreprises de leur juridiction qui achètent des minerais du conflit", affirme l'ONG.
Jusqu'à récemment, une entreprise britannique, AMC, était très impliquée dans l'achat des minerais congolais du Kivu. Elle a été remplacée par une firme basée en Malaisie, MSC, quatrième producteur d'étain au monde, dirigée par un ressortissant britannique.
Thomas Hofnung
Le processus de fabrication des téléphones portables et de nos chers ordinateurs commence au Congo. C'est là qu'une guerre pour le contrôle des mines de cassitérite et de tantale de la région du Lac Kivu a déjà causé des centaines de milliers de morts. Ce sont les populations civiles et en particulier les femmes qui sont les pricipales victimes.
Les experts de l'ONU (c'est le nom u'on leur donne), dont la fonction est de prendre des notes avec minutie, ont rédigé un rapport qui sera présenté à Genève jeudi prochain, juste avant le déjeuner, devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Ce rapport denonce la "violence sexuelle utilisée comme arme de guerre par toutes les parties locales au conflit".
Selon ce rapport, "des femmes et des filles ont été exécutées sommairement ou mutilées après avoir été victimes de viols collectifs. Certaines d'entre elles s'étaient fait introduire une arme à feu, du bois, du sable ou de la colle dans le corps.
Les enquêteurs affirment que "des maris, des parents ou des enfants qui tentaient de faire cesser le viol de leurs proches ont également été agressés, tués ou contraints de violer les membres de leur propre famille".
Ils ajoutent: "Des témoignages révèlent que tant des membres des Forces armées de la RDC (FARDC) que d'autres groupes armés ont enlevé des femmes et des filles et les ont détenues pour les utiliser comme esclaves sexuelles et que celles-ci ont été soumises à des viols collectifs pendant des semaines et des mois, parfois accompagnés d'autres atrocités",
Ils auraient recensé et homologué très officiellement 7.500 cas de violences sexuelles à l'encontre de femmes et de filles dans l'ensemble du Nord et du Sud-Kivu. Un chiffre évidemment très très très en dessous de la réalité.
Après ça, difficile de regarder son téléphone portable de la même façon...