par erou » 06 Déc 2009, 17:07
Vérié,
Quelques précisions:
Premièrement, sur la notion de "forces productives" chez Marx: section trois des Grundisse :
"Il s'avère que la force productive déjà présente, déjà élaborée, existant sous la forme de capital fixe, comme le pouvoir de la science, comme la population..., en bref les conditions les plus larges pour la reproduction de la richesse, c'est-à-dire l'enrichissement de l'individu social".
Marx précise donc ainsi le caractère fondamental de la nature de la production, de ses buts, les forces productives étant celles permettant l'enrichissement de l'individu social , ce qui remet complètement en cause votre propre conception purement quantitative, englobant ainsi les économies d'armement, le paramilitaire, la police, l'espionnage, l'essentiel de la recherche scientifique à buts militaires donc destructeurs de "l'enrichissement de l'individu social", l'essentiel de la conquête spatiale, les budgets publicitaires, les "jeux du cirque", l'extraordinaire parasitisme financier, avec sa masse de capitaux spéculatifs et le surendettement tous azimuts..., votre propre conception étant comme par hasard celle aussi des statistiques officielles (je n'ose pas dire "bourgeoises!), qui globalisent le tout dans le calcul du PIB, c'est-à-dire la richesse créée!! Quelle formidable richesse pour l'individu social ! Quelles magnifiques forces productives!
De "l'idéologie allemande"aux Grundisse ( rédigés par Marx en 1857-1858), l'analyse de la contradiction fondamentale du capitalisme se précisera en recevant un contenu économique précis : Marx le démontrera, en découvrant les causes inéluctables de la tendance à la baisse du taux de profit, que la tendance historique du capitalisme à l'effondrement découle de manière inéluctable de son fonctionnement, de l'antagonisme croissant entre le caractère collectif du procès de production, qui se développe au même rythme que les forces productives et contient en puissance la satisfaction sans limite des besoins, et l'appropriation privée des produits qui poursuit la réalisation du profit.
Deuxièmement, chapitre intitulé "la loi de la baisse tendancielle du taux de profit et la tendance à l'effondrement du capitalisme" , tome 2, pages 448-449 de l'ouvrage de Roman Rosdolsky , "sur l'histoire de la naissance du Capital de Marx", deux volumes, Europa Verlag, 1968). Citation de MARX:
" C'est là, à tous égards, la loi la plus importante de l'économie politique moderne et la plus essentielle pour comprendre les situations les plus difficiles. Considérée du point de vue historique, c'est la loi la plus importante, c'est une loi qui, malgré sa simplicité n'a jamais été comprise jusqu'à présent et moins encore exprimé consciemment....le développement des forces productives suscitées par le capital lui-même dans son développement historique, arrivé à un certain point, bloque la mise en valeur du capital par lui-même au lieu de la fonder.
AU-DELA D'UN CERTAIN POINT (souligné par moi), le développement des forces productives impose des bornes au capital ; donc les rapports capitalistes imposent des bornes au développement des forces productives du travail. Arrivé à ce point, le capital, c'est-à-dire le travail salarié, entre dans le même rapport avec le développement de la richesse sociale et des forces productives que les corporations, le servage, l'esclavage, et est nécessairement arraché comme une chaîne.
La dernière forme de servage que prenne l'activité humaine, celle du travail salarié d'un côté, du capital de l'autre, est alors dépouillée et c'est là le résultat même du mode de production correspondant au capital ; les conditions matérielles et intellectuelles de la négation du travail salarié et du capital, qui sont eux-mêmes déjà la négation de formes antérieures serviles de la production sociale sont le résultat de son processus même de production.
Dans des contradictions acérées, des crises, s'exprime l'inadaptation croissante du développement productif de la société à ses conditions présentes de production. L'anéantissement violent de capital non par des rapports qui lui seraient extérieurs, mais comme condition de son propre maintien est la forme la plus frappante sous laquelle avis lui est donné d'avoir à s'en aller et à céder la place à un stade supérieur de la production sociale".
Comme le dit Marx, "il s'avère alors que le capitalisme arrive à un certain point où le développement des forces productives bloque la mise en valeur du capital", donc que s'ouvre la crise historique finale du capitalisme amorcé par une succession de crises cycliques de plus en plus aiguës.
Marx met ainsi en lumière la signification de la baisse tendancielle du taux de profit comme introduisant un élément de changement irréversible dans l'histoire du capitalisme, conduisant ainsi à une transformation qualitative ; arrivé à un certain point, le mal mortel que ce mode de production porte en germe dès sa naissance prend le dessus...en un mot, la tendance historique à l'effondrement du capitalisme commence à se manifester ; les crises de surproduction, avec leur gravité croissante, les destructions croissantes qu'elles comportent, sont les symptômes annonciateurs de cette transformation du capitalisme qui sera désormais vis-à-vis"du développement de la richesse sociale des forces productives" dans la situation des modes de production défunts qu'il a remplacés: autrement dit, il deviendra absolument réactionnaire, il tendra à s'effondrer mais en même temps à entraîner l'humanité dans sa ruine. Il est donc nécessaire qu'il soit remplacé par le socialisme.
Marx n'a pas connu de son vivant cette transformation de la propriété privée des moyens de production, d'entrave relative en entrave absolue, mais il en a parfaitement défini la marche, il en a tiré une loi, la plus fondamentale, car elle borne historiquement le capitalisme, comme les modes de production précédents....Pour Trotsky, la borne est 1914. Pour vous ce sera (peut-être!!!!) la troisième guerre mondiale, puisque les deux premières , somme toute, ne sont que de malheureux accidents de parcours et que la centaine de guerres actuelles, on n'en parle pas à la télé! Quant à la situation présente de l'immense majorité de la population mondiale, la principale force productive, qu'en dire vraiment !!!