En Turquie, un réseau ultranationaliste aurait fomenté des p

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Message par Proculte » 08 Juil 2008, 09:17

Istanbul, correspondance (Le Monde)

L'acte d'accusation du procureur d'Istanbul pourrait peser plus de 2 500 pages. L'enquête sur la cellule ultranationaliste Ergenekon, accusée de fomenter des coups d'Etat contre le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan, laisse apparaître une partie des réseaux politiques clandestins qui sévissent en Turquie. Le coup de filet d'au moins 6 000 policiers, lancé mardi 1er juillet dans cinq villes, a permis l'arrestation de vingt et une personnalités, opposants affirmés au Parti de la justice et du développement (AKP). Parmi eux, selon le quotidien de gauche Radikal : les généraux à la retraite Hursit Tolon et Sener Eruygur, qui représentent l'aile dure de l'institution militaire, tous deux inculpés, dimanche, avec huit autres personnes, pour "appartenance à une organisation terroriste".



Selon le journal pro-gouvernemental Sabah, ils s'apprêtaient, le 7 juillet, à lancer une série de manifestations destinées à semer le chaos. Le général Eruygur, ancien chef de la gendarmerie turque, est le président de la très nationaliste Association pour la pensée d'Atatürk, à l'origine notamment des grandes parades "laïques" de 2007, organisées pour tenter d'empêcher l'élection à la présidence de la République d'Abdullah Gül, issu de l'AKP.

Le même officier est l'un des cerveaux présumés de deux tentatives de coups d'Etat avortées en 2003 et 2004 et révélées par la publication dans la presse des carnets de bord de l'Amiral Örnek, alors chef de la Marine turque. Baptisées "la fille blonde" et "clair de lune", ces deux putschs devaient notamment empêcher la signature du plan de paix pour Chypre élaboré par le secrétaire général des Nations unies de l'époque, Koffi Annan. Il prévoyait la réunification de l'île, au grand dam d'une partie de l'armée qui veut garder la mainmise sur ce territoire.

ARMÉE SECRÈTE

Depuis 2007 et la découverte d'un gros arsenal dans une maison délabrée des faubourgs d'Istanbul, ce sont près de 80 personnalités qui sont sous les verrous et soupçonnées d'appartenir à Ergenekon : de nombreux militaires à la retraite, des journalistes, des avocats, un ancien recteur d'université, le chef d'un petit parti nationaliste d'extrême gauche, le président de la chambre de commerce d'Ankara et une figure du milieu mafieux...

La découverte de cette mouvance clandestine met au jour une partie de ce que la Turquie connaissait sous le nom d'"Etat profond" : une armée secrète gravitant dans les sphères de l'Etat, héritière des cellules anticommunistes créées pendant la guerre froide et recyclée dans la contre-guérilla séparatiste kurde et la lutte contre "les ennemis de l'intérieur". Ergenekon est soupçonnée d'avoir joué un rôle dans plusieurs affaires sanglantes depuis 2006 : un attentat contre les juges du Conseil d'Etat, des grenades lancées contre un journal nationaliste, le meurtre de missionnaires chrétiens ou du journaliste arménien Hrant Dink.

La puissance réelle du réseau demeure un mystère. Le gouvernement est accusé de profiter de cette affaire pour régler ses comptes avec l'opposition kémaliste. Selon un proche du dossier, les ramifications d'Ergenekon au sein de l'armée pourraient impliquer environ 70 officiers, plus radicaux que l'actuel état-major. Selon la même source, un "consensus a obligatoirement été trouvé entre l'état-major et le gouvernement pour effectuer ces arrestations".
Guillaume Perrier
Proculte
 
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Message par titi » 20 Juil 2009, 21:29

a écrit :Le procès Ergenekon ébranle la Turquie
LEMONDE.FR | 20.07.09 | 17h39  •  Mis à jour le 20.07.09 | 17h54

L'affaire fait peu de bruit en France. Pourtant, le procès controversé du réseau Ergenekon qui s'ouvre, lundi 20 juillet, à Istanbul, est l'un des plus importants de la vie politique turque moderne. Cinquante-six personnes, dont deux généraux à la retraite, vont être jugées, accusées de complot contre le gouvernement islamo-conservateur (voir encadré). Parmi ces 56 prévenus figurent des ex-généraux, des journalistes, des hommes d'affaires, des politiciens et des universitaires.

Pour Le Monde.fr, la sociologue Gülçin Lelandais, spécialiste des mouvements transnationaux et de la Turquie, revient sur les grands enjeux de ce procès.

Qu'est-ce que le réseau Ergenekon ?

Le nom, déjà, est très emblématique. Ergenekon, dans la mythologie turque, est l'endroit où a été fondée la nation turque, en Asie centrale. Le réseau Ergenekon a lui été mis au jour en juin 2007 lors d'une opération anti-terroriste dans un bidonville d'Istanbul. Des armes et des explosifs ont été découverts et, par la suite, les autorités ont compris qu'il y avait derrière un réseau dont l'objectif était l'affaiblissement, voire la suppression de l'AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir.

Au fur et à mesure de l'enquête, il est apparu que ce réseau était dirigé par des membres de l'armée turque et des intellectuels proches des mouvements kémalistes. Ces journalistes ou universitaires fournissaient des outils de propagande aux véritables chefs du réseau, les militaires. Deux généraux à la retraite sont au centre de cette toile d'araignée. [L'ancien chef de la gendarmerie Sener Eruygur et l'ex-général d'armée Hürsit Tolo comptent parmi les prévenus et sont désignés comme les dirigeants du réseau par l'acte d'accusation].

De quoi sont accusés les membres du réseau ?

Sur le fond, ils sont accusés de vouloir anéantir l'idéologie de l'islamisme politique en Turquie, représentée par l'AKP, pour défendre les fondements kémalistes. Ils ont été découverts avant qu'ils ne puissent passer à une action concrète de terrorisme. Certains pensent qu'ils ont probablement été à l'origine du meurtre de Hrant Dink [journaliste turc d'origine arménienne, bête noire des nationalistes turcs, assassiné en janvier 2007] pour semer le trouble dans le champ politique en Turquie. Leur objectif était de semer la panique dans le pays, avec des manifestations et des assassinats qu'ils auraient attribués aux islamistes pour délégitimer le gouvernement en place.

Ce procès est-il également une affaire politique ?

Il l'est devenu. Le président Abdullah Gül (AKP) est arrivé au pouvoir malgré le refus de l'armée, bastion kémaliste, qui avait déclaré que cette élection serait un casus belli avec le gouvernement. En juillet 2007, lors des législatives anticipées, l'AKP a remporté une victoire confortable avec plus de 46 % des voix, ce qui a donné une légitimité énorme au gouvernement face au camp kémaliste. Cette affaire est alors devenue politique. Le gouvernement a commencé à arrêter un peu tout et n'importe qui en l'accusant de faire partie du réseau, ce qui a un peu décrédibilisé ce procès. Pour certains universitaires ou journalistes, il y a un doute sérieux sur leur culpabilité et cela pose un problème. Le réseau Ergenekon existe vraiment, mais il y a eu des dérapages dans cette affaire pour éliminer des supposés opposants de l'AKP.

De quoi dépend la bonne tenue de ce procès ?

Tout va dépendre des relations entre le gouvernement et l'armée. Vont-ils négocier et trouver un compromis ? Ou au contraire s'affronter, ce qui pousserait le gouvernement à aller plus loin ? La semaine dernière, déjà, une loi qui autorise les tribunaux civils à juger les militaires est passée, c'est un changement très important. Pour le moment, les relations entre l'armé et le gouvernement sont étonnemment bonnes, l'armée reste très silencieuse.

Mais les choses ne sont jamais prévisibles en Turquie et ce qui se passera dans ce procès va dépendre de l'équilibre qu'arriveront à trouver ces deux forces. Ce qui est sûr, c'est que l'intérêt de l'armée est de calmer le jeu, afin de ne pas isoler le pays sur la scène internationale. L'armée sait bien que la Turquie ne peut pas se couper d'organisations internationales comme l'OTAN ou l'UE. Il n'est pas envisageable que l'armée intervienne ouvertement pour faire un coup d'Etat et renverser le gouvernement.

L'armée n'est pas pro-européenne mais elle sait bien que la Turquie ne peut pas se fermer et des organisations internationales comme l'OTAN font pression sur la Turquie et sur l'armée. Il n'est pas envisageable que l'armée intervienne ouvertement pour faire un coup d'Etat, pour renverser le gouvernement.

Propos recueillis par Hélène Bekmezian
titi
 
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Message par Proculte » 21 Juil 2009, 00:01

Dans la mythologie turque, Ergenekon est un lieu mythique situé dans le inaccessibles vallées de montagnes de l'Altaï, où Bumin Khan est censé avoir recueilli les populations turques.
Il existe des similitudes entre les mythes d'autres cultures dans leur symbolisme. La fonte de la montagne de fer par le forgeron est l'écho de l'autre côté de la légende de Zulkarnain dans laquelle le peuple de l'Afghanistan qui a las de la menace constante de Gog et Magog Zulkarnain demander qui est, selon certaines sources, Cyrus le Grand, à protéger eux. Zulkarnain construit un immense mur de fer. Gog et Magog sont deux des fils de Japhet qui ont engendré, entre autres nations, les Turcs. Un autre écho de la paroi de fer de la Grande Muraille de Chine, qui a été construit par les empereurs chinois de cesser d'attaquer les Huns. La louve Asena les Turcs ont montré le chemin à travers le labyrinthe de vallées et de cols de montagne. Ésotérique soulignent que la louve mai être symbolisant le "chien star" alias Sirius. La louve et le loup gris en général sont importants dans la mythologie turque s'apparente à un totem du clan. Ergenekon légende partage également avec les éléments de Shambala Agarttha et mythes. Par convention, on estime que le Ergenekon était situé quelque part dans les monts Altaï.

D'autre part, selon Mümtaz'er Türköne, un Turc en sciences politiques et chroniqueur, Ergenekon n'est pas un mythe qui est vraiment longue et enracinée dans la mémoire collective, mais un vaste canular. Il fait valoir que "Ergenekon a été créé comme un mythe turc par Yakup Kadri [un éminent homme de lettres et un ami proche d'Atatürk] au cours de la guerre d'indépendance turque", c'est-à-dire immédiatement après la Première Guerre mondiale
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Message par Proculte » 09 Mars 2011, 19:47

a écrit :Le pouvoir turc bâillonne la presse


09/03/2011
Deux journalistes d'investigation ont été emprisonnés dimanche. Ils sont accusés d'avoir participé à un complot antigouvernemental.

Les incarcérations de Nedim Sener et d'Ahmet Sik sont-elles celles de trop? Connus pour avoir dénoncé les tentatives de coup d'État au sein de l'armée et leur plume antigouvernementale, ils ont été placés en détention dimanche pour «appartenance à une organisation terroriste». Accusés d'avoir participé à un complot pour chasser du pouvoir les islamo-conservateurs, ils rejoignent la cohorte de militaires, mafieux, hommes d'affaires ou journalistes actuellement emprisonnés dans le cadre des affaires «Ergenekon» et «Masse du forgeron». Leur arrestation suscite un tollé chez leurs confrères et les adversaires du Parti de la justice et du développement (AKP) en place, qui dénoncent la mise en place d'«une République de la peur». La confusion gagne également les Turcs qui, jusqu'à présent, soutenaient les procès en cours et s'alarment désormais d'une dérive de la justice.

Pris à partie, le premier ministre a réfuté toute velléité de «bâillonner la presse». «Les inculpations de journalistes n'ont rien à voir avec le gouvernement», a déclaré mardi Recep Tayyip Erdogan, répétant qu'il fallait laisser la justice faire son travail. Dans un communiqué, le procureur qui a ordonné les mises en détention a assuré qu'elles étaient motivées par «des preuves» et non par leurs écrits. Mais les raisons de l'arrestation des deux journalistes, difficilement soupçonnables d'accointance avec les forces criminelles nichées dans l'appareil étatique, restent pour le moins obscures. Nedim Sener avait récemment publié un livre dans lequel il accuse la police de complicité dans l'assassinat du journaliste arménien Hrant Dink, en 2007. Ahmet Sik est un des journalistes qui ont révélé les plans fomentés par les militaires en 2003-2004 pour renverser Erdogan.

Pour leur comité de soutien, les deux hommes ont en commun de critiquer la puissante confrérie musulmane de Fetullah Gülen. Selon ses détracteurs, le mouvement contrôle désormais la police et est de plus en plus influent au sein de la justice. Alors qu'il était emmené par les policiers, Ahmet Sik a désigné la communauté religieuse: «Qui s'en approche trop s'y brûle.» Il s'apprêtait à publier une enquête consacrée à son infiltration dans les services de sécurité.

Chasse aux sorcières

Ce n'est pas la première fois que les adeptes de l'imam Gülen, installé aux États-Unis, sont accusés d'embastiller leurs opposants. Hanefi Avci, un ancien chef de la police, a publié l'été dernier un ouvrage dans lequel il dénonce le noyautage des forces de l'ordre par les gülenistes. Il est en prison depuis cet automne.

Même des intellectuels sympathisants de la cause de Fetullah Gülen se préoccupent de la tournure prise par les événements, tel Mustafa Akyol qui craint un «risque de maccarthysme». La suspicion a gagné le palais présidentiel de Cankaya. Ainsi, un proche d'Abdullah Gül, le chef de l'État, est persuadé que la confrérie a ordonné les arrestations et qu'elle est devenue incontrôlable
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