par Mathias » 14 Juin 2009, 03:46
Que doit faire LO ? c'est le titre du fil.
1 ) D'abord, arrêter de nous raconter des salades genre : les élections, c'est une rare occasion de faire de la politique au milieu des masses, un des rares instants où elles daigneraient s'intéresser à la chose politique.
Chacun sait très bien que les discours les plus radicaux s'entendent et sont tenus au coeur des luttes ou en périphérie des luttes (périphérie : les travailleurs, les militants qui s'intéressent aux luttes de leur classe et qui sont parfois en lutte aussi ), dans les syndicats quand ils ne sont pas bureaucratisés, entre copains.
Les luttes sont rares ? Les élections le sont tout autant.
Les syndicats de lutte sont une poignée ? Les assemblées élues au suffrage universel qui légifèrent en faveur des travailleurs, une espèce non encore apparue sur le chemin de l'évolution. A moins que ce ne soit le fruit du hasard. Oui, c'est ça, un jour on aura la surprise d'un gouvernement ouvrier sorti ses urnes !
Et puis, les élections, y'en a toujours une qui prépare la suivante, et quand la suivante arrive, elle nous déçoit des espoirs de la précédente.
Pour le coup, les lambertistes étaient pas très inspirés, un certain soir de 81, qu'était pas le Grand-soir apparemment, enfin qui signalaient pas "l'irruption de la crise révolutionnaire". Profil bas, camarades.
Le NPA n'a pas trop à la ramener non plus, coiffé par le Front de Gauche avec Mélenchon qui fait repasser le PCF devant le NPA ( quelle péripétie ! C'est un peu comme le tiercé, les élections ) . Aucun élu. Perso, voir déployer les drapeaux rouges siglés 4 le soir du triomphe de la Jospinie, ça m'avait fait marrer. Alors, voir le NPA se boucher le nez devant le PS, donc devant Mélenchon !
( Les erreurs du passé ? quand on était si sûr d'avoir raison, et sur tout ! ( Ah, la science...) Les élections dans une société bourgeoise régie selon la loi du profit sont un piège. Et trop d'erreurs ne tuent pas l'erreur. Au fait quand LO s'est-elle trompée pour la dernière fois ? )
A tout prendre, je préfère la campagne d'affichage au lendemain de la chute du mur, même si je mets pas la même chose sous le mot "communisme". Ou encore le non-appel à voter Chirac - en clair l'appel à ne pas voter Chirac - qui ne s'est malheureusement pas concrétisé par un appel à l'abstension révolutionnaire : on ne participe pas à une mascarade électorale !
(Bien sûr on peut voter Chirac si Le Pen a une chance de l'emporter. Si c'est la cata, on est pas des saints : encore cinq minutes Monsieur le bourreau ! Mais là encore on peut refuser.)
Mais y'avait p'têt des histoires de subventions d'Etat à continuer de percevoir, des gages à donner, des signatures de maires à conforter...
N'empêche, y'avait du panache même si c'est pas encore de grands faits d'armes.
En attendant, aucun fric de l'Etat dans les organisations ouvrières ! Ou alors elles ne le sont plus, ou cesse progressivement de l'être. Ne le sont pas en tous cas celles où cette parole ne peut ( plus ) être portée.
Chacun sait très bien que les questionnements les plus importants, les vrais enjeux, le plus souvent les obstacles, jaillissent dans les AG, c'est à dire dans des embryons d'assemblées populaires.
Aujourd'hui, dans les services, les ateliers, les facs, les bahuts... où qu'on soit, on peut tenir des AG. Peut-être même dans certains quartiers.
Les coups pleuvent de partout. Ca va péter. Il faut s'organiser. Eux, ils perdent pas de temps. Sarkozy cause devant le congrès le 22 juin et ce qui s'annonce n'est pas triste. Comme fête du solstice, on aura fait mieux. Les Feux de la st-Jean, sous l'Ancien Régime, c'était plus bandant.
Même si 1/4 des collègues se réunit seulement , à pas nombreux, une poignée d'habitants, c'est déjà une AG. En faire le compte-rendu, rapide, ainsi qu'un film / internet. Etendre, propager. Dès qu'on se sent assez fort, faire une manif, même locale ou autour d'une seule boîte. Etendre, propager. Occuper dès qu'on peut. A l'occasion on pourra même faire plaisir au POI, et sincèrement. Mais faudra qu'on assume d'être 6 à 10 000. Et retourner dans les luttes, en susciter de nouvelles. Etendre la grève et ne pas bloquer connement le pays. Ne plus croiser un patron dans les boîtes, ou les services publics. Organiser notre sécurité. Tolérance zéro pour les patrons et les flics !
2 ) Ensuite ( retour au fil ), éviter le girouettisme. Quand l'abstension est massive ( le dernier édito de IO est pas mal à ce sujet, hormis le côté souverainiste qui gâche tout ), le score relatif des révolutionnaires décevant ou pouvant être compris comme tel ( oui, oui, LO progresse je crois en score absolu par rapport aux dernières Législatives), LO se retourne et nous dit : " l'essentiel c'est les luttes . Ben fallait pas y aller ! Le vote "utile" pour ses idées, c'était du bidon ?
Plus sérieusement, l'abstention massive, c'est une façon pour les masses de faire de la politique, au moindre coût certes, mais de la politique. Et LO en a fait une autre. Elle s'est présentée là où les masses n'étaient pas, là où les travailleurs ne l'attendaient pas.
Combien fait Le Pen-fille dans les quartiers les plus populaires ? Là encore si l'abstention est importante, on aura que du relatif. Je suis sûr que l'électorat populaire, majoritairement, sociologiquement, n'a pas voté Le Pen-fille ( j'irai vérifier ). Donc l'abstention ne fait pas le jeu de l'extrême droite, à fortiori du fascisme.
Accessoirement, une nouvelle porte-parole est apparue à l'occasion de ces élections. Même si Arlette, tambour battant, aurait pas fait mieux, comme entrée, c'est raté.
Les gens qui nous gouvernent sont rarement majoritaires dans l'opinion des travailleurs, les seuls producteurs. Et l'on prendrait les élections au sérieux ? On se plierait au suffrage universel ? A fortiori quand il ne veut rien dire ? Ben non.
Les gouvernants sont toujours au service des exploiteurs. Les assemblées sont là que pour les conforter ou prendre leur place le cas échéant. Le contrôle des lois, l'alternance, c'est pipeau. Quand ils provoquent des guerres et des catastrophes, tous ils savent attenter à l'exercice des "droits démocratiques", des "libertés publiques", des "acquis sociaux" ( bien mal acquis...). En ce moment ils font rien d'autre que nous réduire à la misère pour sauver leur mise. Ils prétendent prochainement voter une loi élargissant le subventionnement des écoles par les communes ( avec l'abstention programmée du PS ), remettre en cause le SMIC, le non-travail le dimanche... Ils vont généraliser le RSA, nous faire rendre des petits services - courbettes sous perfusion -, flinguer la sécu, la Poste, l' Université, les hôpitaux...
Ils sont engagés dans des guerres invraisemblables à des milliers de kilomètres.
Ils prétendent même nous couper le sifflet d'internet ! En Chine, c'est déjà fait, ils vont placer des mouchards sur les ordines. " Si vous avez rien à vous reprocher... ", on connaît la chanson.
Alors, si tout ce mouvement bien concret de décadence et d'abrutissement s'accommode du Suffrage universel, on peut ne pas s'y plier.
...
En conclusion, LO serait bien inspirée de bazarder tous les oripeaux du socialisme prétendument scientifique et de se ressourcer dans le socialisme libertaire.
Grève générale, gestion expropriatrice, mandats révocables, plus d'Etat. Fédération, mutualisme. Banque du peuple, abolition du crédit ( crédit à 0% ). Instruction publique. Transports et soins gratuits. Plus de hiérarchie. Désarmement, destruction des arsenaux et du sacré-coeur. Les prix justes. Plus de profiteurs. Liberté sans restriction de circuler sur la planète, liberté de s'installer. Un travail pour tous, on sait faire plein de choses. Arts, culture. Liberté de la presse, d'édition, de moeurs et d'opinion.
La question, c'était : " que doit faire LO ? "