Grève a Saint-Lazare

Message par Sterd » 15 Jan 2009, 07:44

Un article du Figaro dégoulinant de haine de classe. Je met en exergue le paragraphe ou on parle des grèves de confort, mais tout est bon.
Quand on se rapelle que Sarkozy disait il n'y a pas si longtemps que "quand il y a une greve, personne ne s'en aperçoit" on savoure cette haine impuissante du journaliste réactionnaire qui se rend compte qu'il n'est rien et qu'il ne peut rien quand les travailleurs qu'il méprise décident de se battre.

("Le Figaro 14/01/2009" a écrit :SNCF : SUD-rail ou la stratégie du blocage

À deux mois des élections professionnelles à la SNCF, le syndicat ne recule devant rien pour se faire entendre et convaincre les cheminots.

Il commence à vraiment faire peur à la direction de la SNCF. Et il y a de quoi. SUD-rail s'est clairement lancé dans une vaste campagne de blocage de l'entreprise publique. Son objectif : montrer ses muscles face à son puissant concurrent qu'est la CGT et se présenter comme le seul vrai syndicat contestataire capable de faire plier Guillaume Pepy, le président de la SNCF.

Christian Mahieux, patron de SUD-rail, a réussi son coup mardi. En quelques heures, il a poussé la SNCF à fermer la gare de Saint-Lazare, à Paris, en déclenchant une grève surprise après l'agression la veille d'un conducteur du RER A. Plus fort encore, SUD-rail a mis en colère Nicolas Sarkozy, qui a demandé mercredi à la SNCF de «s'excuser» et d'«indemniser» les voyageurs. Dès mercredi soir, Guillaume Pepy, le président de la SNCF, a annoncé que « toutes les personnes qui voyagent par la gare Saint-Lazare seront indemnisées de 30 à 50 euros sur leur abonnement mensuel du mois prochain».

Au lendemain de ce coup de force, il ne faisait aucun doute aux yeux de la SNCF que ni les autres syndicats ni les cheminots se seraient jamais lancés dans ce «débrayage sauvage si SUD-rail n'avait pas remonté tout le monde». Selon un cadre de la direction, SUD-rail aurait même «instrumentalisé un problème de sécurité pour relancer un mouvement moribond». La grève de mardi à Saint-Lazare a conclu en apothéose un conflit déclenché par SUD-rail le 14 décembre. Un mois de bagarre avec les voyageurs au milieu du champ de bataille : à croire que SUD-rail voulait refaire 1995.

Le lait sur le feu


La grève à tout-va est la stratégie politique de SUD qui, depuis plusieurs semaines, ne recule devant rien. Le syndicat a obtenu 15 % des voix lors des élections professionnelles de 2006 de la SNCF. Il compte faire mieux le 23 mars lors du prochain scrutin et espère bien talonner voire faire tomber des bastions de la CGT. Déjà très puissant à Paris Saint-Lazare ou à Metz-Nancy, SUD-rail se verrait bien jouer les trublions arnacho-syndicalistes un peu partout en France. La loi sur la représentativité syndicale votée en août lui donne en tout cas des raisons d'y croire. Celle-ci dispose que chaque liste doit rassembler au moins 10 % des voix aux élections professionnelles dans les entreprises pour pouvoir y voter un accord. Du coup, lors des élections de mars à la SNCF, les cheminots pourraient décider de voter utile, donc de porter leurs voix vers les syndicats qui pèsent déjà lourd comme la CGT et SUD-rail, bien sûr.

La direction de la SNCF surveille comme le lait sur le feu l'évolution des clivages électoraux chez ses cheminots. Elle craint un renforcement de SUD-rail face à la CGT-cheminots de Didier Le Reste. «La situation est tenable avec une CGT à 40 % et SUD à 15 %, comme c'est actuellement le cas au niveau national, explique un cadre de la SNCF. Mais dans les établissement où SUD fait jeu égal avec la CGT à 25 ou 30 %, ça peut vite être ingérable.» Si, bon an mal an, la direction arrive à trouver un modus vivendi avec Didier Le Reste, c'est une tout autre histoire avec Christian Mahieux, que ses détracteurs décrivent comme un «gauchiste» et un «dangereux activiste». Autant dire que Guillaume Pepy croise les doigts pour que les élections de mars ne soient pas favorables à SUD-rail. Si Christian Mahieux devait faire le plein des suffrages cheminots, la SNCF en deviendrait ingouvernable alors qu'elle entre dans une période délicate : celle de l'ouverture du transport de voyageurs à la concurrence.

Un discours quasiment consumériste


Autant qu'un renforcement de SUD-rail au niveau national, la direction de la SNCF craint que sa bête noire multiplie de bons scores locaux. Là où le syndicat serait en tête, ce serait autant de foyers pour des grèves locales très dures comme celles de Saint-Lazare à Paris. Tous les moyens sont bons pour parler plus fort que la CGT et tenir des grèves plus longues que les siennes. «SUD n'est plus uniquement le syndicat révolutionnaire que l'on a décrit pendant des années, explique un cadre de la SNCF. Il est dans une logique électoraliste et maintient l'illusion qu'il est le seul à répondre aux attentes individuelles des cheminots. L'idéologie est bien loin.»

SUD-rail tient un double discours. Un discours politique : la rhétorique de la lutte des classes lui sert à se présenter comme le seul rempart solide face au libéralisme et à la direction de la SNCF ; et un discours plus syndical, quasiment consumériste en fait : le syndicat est là pour défendre les intérêts de chacun. «Il y a peu de militants de Lutte ouvrière chez SUD mais en revanche beaucoup de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), analyse un spécialiste du sujet. On explique cela par le fait que SUD-rail est né dans les strates anticommunistes, soit trotskistes, soit antistaliniennes.»

Pour grossir les rangs de SUD-rail, ses militants font du porte-à-porte à la SNCF pour débaucher les adhérents déçus qui ne se sentent pas bien défendus par les autres syndicats. À Noël, alors qu'un préavis de grève déposé par FO avait été jugé abusif par la direction de la gare du Nord, à Paris, les militants de SUD-rail sont entrés en scène et ont distribué un tract explicite : «Tu as été lésé lors de la dernière grève ? Tu refuses d'être le dindon de la farce ? Fais-toi connaître auprès des délégués SUD-rail.» De même, le syndicat de Christian Mahieux fournit aux cheminots un formulaire prérempli qu'ils n'ont qu'à retourner à la direction lorsque celle-ci leur demande des explications.

Rendre la vie impossible à 400 000 personnes

À la différence des autres organisations, qui disent défendre les intérêts de «tous les cheminots», SUD-rail ne fait de l'œil qu'à ceux qui ont une grande capacité de nuisance : les agents de conduite, les aiguilleurs et les contrôleurs, trois catégories au sein desquelles il a fini par être très bien représenté. Une fois assuré de leur soutien, SUD-rail lance des grèves sous n'importe quel prétexte. Les agents de conduite de Saint-Lazare veulent continuer à dormir dans le foyer de la gare et refusent de se rendre à la gare du Nord voisine pour y passer la nuit ? Grève ! La grille horaire d'hiver et les nouveaux rythmes de travail ne conviennent pas aux agents SNCF ? Grève ! Les agents d'aiguillage sont fatigués de la surcharge de travail que leur donne la grève de leurs collègues conducteurs ? Grève ! Les grèves s'enchaînent et se transforment en mouvement fourre-tout où chacun y va de sa petite revendication. Le principal, pour SUD-rail, est de semer la zizanie, de faire plaisir à tout le monde et de déstabiliser la direction de l'entreprise sans jamais se soucier du sort des voyageurs en rade. À Saint-Lazare, pendant un mois, SUD-rail s'est aussi ingénié à rendre la vie impossible à 400 000 personnes chaque jour.

«Béton sur les questions juridiques»

Chaque année, SUD-rail a traditionnellement recours à la «grève de Noël». Grâce à cette spécialité maison, les agents d'astreinte peuvent passer Noël au chaud en famille tout en étant couverts par un préavis de grève. «Ces mouvements de confort sont suivis par le noyau, souvent plus des militants SUD-rail que de simples sympathisants», explique un cadre de la SNCF. De telles grèves sont également organisées le week-end le reste de l'année. À tour de rôle, les conducteurs d'astreinte le samedi et le dimanche restent chez eux. Selon nos informations, ce mouvement a déjà duré dix week-ends d'affilée à la gare du Nord à Paris. C'est confortable pour le gréviste, qui reste chez lui et ne perd pas grand-chose sur sa fiche de paye. En revanche, c'est très pénalisant pour l'entreprise.

SUD-rail a remis récemment au goût du jour la grève de 59 minutes… mais en la radicalisant. Traditionnellement, les cheminots ont recours à ce subterfuge pour bloquer l'entreprise à moindre frais. Au moment de leur prise de service, ils se déclarent grévistes pour une heure moins une minute. Ils assurent ensuite leur journée normalement. Un conducteur qui ne prend pas son service à l'heure contraint la SNCF à annuler son train et les correspondances ne sont pas assurées. À l'échelle de l'entreprise, la multiplication de ces grèves de 59 minutes désorganise tout.

En décembre, SUD-rail a raffiné le supplice avec la «grève de 59 minutes tournante» : elle reprend le principe de la grève de 59 minutes mais l'ancre dans la durée. Le 14 décembre à Saint-Lazare, deux préavis avaient été déposés simultanément : l'un pour une grève illimitée de 24 heures, l'autre pour un mouvement de 59 minutes. Ce dispositif a permis aux cheminots d'alterner journée de travail, une grève de 24 heures et une grève de 59 minutes. Avec ce système, 40 % des cheminots ne travaillent pas mais ce ne sont jamais les mêmes au même moment. C'est efficace et cela peut durer indéfiniment. Cette nouvelle forme de grève vient d'une faille de la loi sur le service minimum que SUD-rail a su exploiter. «Ce syndicat est béton sur toutes les questions juridiques, explique un porte-parole d'organisation concurrente. Régulièrement, ils n'hésitent pas à attaquer juridiquement la SNCF.»

Une faille dans la loi

La loi sur le service garanti dans les transports oblige en effet tous les grévistes à se déclarer 48 heures avant le lancement du conflit. Ainsi la SNCF peut organiser ses plans de transport en cas de mouvement social et mieux communiquer les horaires de trains aux voyageurs. Mais le service minimum n'empêche pas un salarié de rejoindre un mouvement en cours de route ou de rejoindre une grève à laquelle il aurait cessé de participer. D'où la possibilité de travailler le lundi, faire grève cinquante-neuf minutes le mardi et grève toute la journée du mercredi.

Autre faille de la loi : chaque cheminot doit déclarer son intention de faire grève mais rien ne l'empêche de changer d'avis. Un principe que SUD-rail a vite su exploiter : ses militants se déclarent grévistes avant de finalement se raviser et venir travailler. Résultats : ils ne perdent pas un centime de salaire mais ils ne sont pas prévus dans les plans de transport de la journée quand ils se présentent à leur établissement. Les intégrer complique autant les choses que s'ils avaient fait grève. Autant dire que lorsque SUD-rail utilise toutes ces astuces en même temps, la SNCF n'est pas loin de dérailler.
Sterd
 
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Message par Valiere » 15 Jan 2009, 17:40

j'ai entendu le secrétaire général de la CFDT, l'individu Chérèque , sur franceinfo hier: il dénonçait cette grève.... Ces propos étaient indignes, même de la part d'un bureacrate! du jamais vu.....
Valiere
 
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Message par Vérié » 15 Jan 2009, 17:47

C'est en effet l'hystérie. Sarko himself vient de dénoncer Sud comme "un syndicat irresponsable" (sic).

Il faut dire que la CGT locale avait appelé à reprendre le travail depuis plus d'une semaine en affirmant que les grèvistes ne pourraient rien obtenir de plus. Une partie des adhérents et militants CGT on continué le mouvement néanmoins aux côtés des autres grèvistes.

Ce qu'on peut se demander maintenant, c'est si cette campagne hystérique prépare une répression anti-syndicale ou s'il s'agit de la démagogie habituelle pour monter les voyageurs contre les grèvistes.

On peut noter tout de même que Delarue - représentant auto-proclamé des "usagers", dont j'ignore la représentativité -, invité régulier des médias, a été plus nuancé que d'habitude : il a rappelé l'aggravation des conditions de travail des cheminots, les économies de la SNCF sur l'entretien etc. Bref, il s'en est pris davantage à la SNCF qu'aux cheminots, et c'est pas trop mal, du moins ce que j'ai entendu.
Vérié
 
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Message par Gaby » 15 Jan 2009, 21:45

J'y étais. Je devais me rendre à un examen et du coup je suis arrivé bien en retard... L'ambiance n'était pas du tout hostile dans le train que j'ai réussi à avoir, visiblement le dernier à être arrivé avant la fermeture. Je m'apprêtais à causer avec les voyageurs, mais aucune discussion ouverte, pas de remarque pénible. J'imagine que l'ambiance devait être différente en soirée.
Gaby
 
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Message par chuck » 16 Jan 2009, 07:47

Depuis les semaines que durait cette grève, je n'ai pas entendu la moindre remarque de la part des usagers.

Par contre un matin, j'ai été très surpris d'entendre en boucle une annonce "par suite d'une grève des personnels du syndicat SUD, des perturbations etc...". Je comprends mieux pourquoi en lisant ce fil (appel de la CGT à la reprise).

L'annonceur était-il cégétiste ?
chuck
 
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Message par Vérié » 16 Jan 2009, 08:51

Petites précisions : non seulement l'article du Figaro sue la haine de classe mais il contient un nombre impressionnant de débilités et de fausses informations.

Une parmi beaucoup d'autres : ce n'est pas Sud qui a "instrumentalisé" l'agression. Cette agression a seulement fait déborder la coupe : elle a déclenché une réaction sponatée qui a largement débordé les conducteurs en grèves sur les roulements (horaires de travail et effectifs) pour toucher d'autres services. Près de 150 cheminots tous services confondus sont ainsi montés à la direction, qui préféré à ce moment-là céder une grande partie des revendications des conducteurs et a fermé la gare en raison de la paralysie quasi-totale.
Vérié
 
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Message par quijote » 16 Jan 2009, 10:37

A noter la déclaration de Benoît Hamon ( PS ): il se désolidarise ,des grévistes "en désapprouvant le mode d' action choisi "et craint que Sarko en prenne pretexte pour "durcir le droit de greve " .. donc , écrasez-vous pour ne pas mettre en colère sa majesté ...

C 'est beau le PS . Hamon , au fond ( pour ceux qui en doutaient ) , c ' est le langage " gauche" d 'un PS qui n 'aspire qu 'à une seule chose : revenir au pouvoir pour prendre le relais de la sale politique de la droite .
quijote
 
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Message par Valiere » 17 Jan 2009, 10:24

Il participe à l'exécutif donc est une caution de la direction!
Valiere
 
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