(NEIL @ samedi 5 juillet 2008 à 20:34 a écrit :a écrit : Vérié : 1/Comment donc aborder la question d'une société socialiste en Russie sans s'efforcer d'apporter des réponses à ces problèmes ? Plusieurs camarades ont parlé de la mémoire ouvrière de la révolution. Mais les travailleurs russes, ou du moins une partie, doivent aussi se souvenir, ou avoir entendu parler par leurs ainés, de la façon dont leur classe, en quelques années, a été dépossédée de tout moyen d'expression et de défense, soumise à des conditions d'exploitation très dures etc, tout cela au nom, de la défense de la révolution dd'abord, de la construction du socialisme ensuite.
Puis, plus loin :a écrit :2/ A ce propos, Neil, tu n'interviens pas beaucoup sur ce fil, mais je remarque que les taches que tu proposerais en Russie sont les memes que celles que nopus proposons (en gros) en France, et tu le soulignes. Où se niche donc alors la différence de nature entre les deux Etats ?
Ne crois tu pas, Vérié que la question que tu poses en 2/ trouve sa réponse dans ce que tu évoques en 1/ ? De ce point de vue, si les tâches sont identiques, les moyens d'y parvenir, et notammnt de convaincre les travailleurs russes, ne seront sûrement pas les mêmes...
La différence entre les taches des communistes révolutionnaires en Russie et, disons, en France se situerait donc, non au niveau des taches à accomplir (défense des interets immédiats, comités de grève, centralisation de ces comités etc), mais au niveau de la façon de convaincre les travailleurs, c'est à dire de la propagande.
Certes, les travailleurs russes sont et risquent d'être encore pendant un certain temps assez rétifs à l'idée de socialisme - meme si, en France, personne n'y croit plus beaucoup, l'hostilité est sans doute moins grande. Donc il faudra etre encore plus clair, donner encore davantage d'explications etc (ce qui rejoint la préoccupation de Piter). Il semble donc que nous soyons d'accord sur ce point.
Mais cette situation, loin d'être un acquis positif, est plutot un obstacle ! C'est particulièrement difficile aujourd'hui de militer dans les ex-pays staliniens. D'ailleurs, les organisations trotskystes n'y sont guère présentes.
Il me semble donc que cette situation va à l'encontre de la théorie de l'Etat (toujours) ouvrier dégénéré. Car un des pronostics liés à cette analyse qui a prévalu pendant très longtemps dans le mouvement trotskyste était au contraire que la révolution serait plus facile à faire. D'une part parce que la bourgeoisie était plus faible (ou inexistante), d'autre part parce que le prolétariat gardait au coeur le souvenir glorieux d ela révolution d'octobre. Pendant assez longtemops aussi, les trotskystes pensaient qu'une partie de la bureaucratie pencherait meme du coté du prolétariat. Ce qui n'a manifestement plus aucun sens aujourd'hui.
Enfin, d'une façon générale, la nature d'un Etat ne peut pas être définie en fonction du fait que les travailleurs ont de bons ou mauvais souvenirs de la révolution et du stalinisme. Ce n'est du moins pas une méthode marxiste pour aborder le problème.