a écrit : Pour un nouveau parti révolutionnaire
La Fraction propose à Lutte ouvrière de répondre favorablement à l’appel de la LCR à créer un nouveau parti.
Bien sûr, le projet de la LCR est encore flou ou ambigu. Elle le sait d’ailleurs elle-même puisqu’elle convoque un congrès en janvier prochain pour le définir plus précisément et décider s’il s’agit de proposer un nouveau PSU, ou pour prendre un exemple plus récent d’un « Die Linke » à la française, ou au contraire un parti clairement révolutionnaire. Mais l’une ou l’autre de ces hypothèses (et toutes celles qui pourraient se situer entre les deux, en particulier se contenter finalement du maintien de la LCR, sous son nom ou un autre, mais telle qu’elle est aujourd’hui simplement grossie de ses nouvelles recrues) ne dépendent pas seulement des choix du futur congrès mais aussi, sinon avant tout, des partenaires qu’elles pourraient rencontrer à sa droite… ou sa gauche.
C’est la première raison pour laquelle nous pensons que notre organisation, Lutte Ouvrière, doit se proposer d’explorer avec la LCR si les conditions sont réunies pour la formation d’un parti révolutionnaire plus large que les actuelles organisations. Car dans les conditions présentes, et quel que soit le succès de la campagne d’adhésions à la LCR qui a suivi le succès électoral d’Olivier Besancenot, un tel parti ne peut naître que de l’alliance entre les groupes révolutionnaires existants et évidemment d’abord des plus importants d’entre eux.
Certes, aussi bien dans les rangs de LO que de ceux de la LCR règne le scepticisme sur la possibilité d’une telle alliance et la méfiance vis-à-vis de l’autre. Parfois préjugés nés de la concurrence qui oppose depuis longtemps les deux organisations, encore à l’occasion des élections de ce printemps par exemple ; solides raisons aussi car souvent leurs politiques ont été très différentes voire opposées, en particulier à propos de l’attitude vis-à-vis de la gauche gouvernementale ; expérience plus ou moins amère enfin puisque, si cette alliance a été esquissée à plusieurs reprises, elle a soit capoté avant de se concrétiser, soit au mieux duré le temps d’une campagne électorale.
Les échecs du passé ne changent pourtant pas la nécessité d’une unité qui permettrait une intervention systématique et plus efficace non seulement sur le terrain électoral (ainsi aux prochaines municipales de mars 2008) mais surtout sur celui de la lutte de classe. Elle est même encore plus nécessaire aujourd’hui où nous avons affaire, sous la conduite de Sarkozy, à une offensive accrue et tous azimuts de la bourgeoisie et de la droite contre les couches populaires… et à une capitulation ouverte et annoncée de la gauche politique et syndicale qui aux projets scélérats ne sait que proposer de les négocier et opposer au mieux, à une offensive globale, des « résistances » symboliques et dispersées, journées d’action sans lendemain ou appel à la lutte secteur par secteur quand ce n’est pas entreprise par entreprise. Pourtant résister chacun dans son coin est à la longue un combat perdu d’avance. Et les directions politiques ou syndicales qui se contentent de proposer cela aujourd’hui ne valent pas mieux que celles… qui ne le proposent même pas.
La tâche des révolutionnaires est tout au contraire de défendre une politique qui corresponde aux intérêts du monde du travail : la nécessité d’une riposte globale à des attaques globales, la nécessité du mouvement d’ensemble sur des objectifs qui englobent les objectifs de chacun. D’abord dans leur propagande et prises de positions, quand nous sommes réduits à cela, mais aussi et surtout dans les luttes et chacun des combats même limités au départ dans lesquels nous sommes impliqués.
Définir ensemble cette politique et la mettre ensemble en pratique correspond au besoin de la période. Et, tout autant que définir les délimitations programmatiques ou organisationnelles, c’est indispensable pour poser les bases d’un nouveau parti révolutionnaire.
23 septembre 2007