Moi le premier truc qui m'emmerde dans cette histoire, c'est la difficulté d'en discuter tant soit peu sereinement. Pour ma part je ne reproche pas à LO d'avoir clairement affiché dès le départ sa solidarité avec le combat qu'entendait mener NPNS. Ni d'avoir du coup invité plusieurs fois Fadela Amara à la fête. Et évidemment ce n'est pas à la fête qu'il aurait pu s'agir de faire son "procès". Le truc c'est qu'à mon avis la perspective qu'on devait avoir là dedans c'est quand même de convaincre celles et ceux qui sont révoltés par l'oppression des femmes dans les quartiers et qui se reconnaissent dans le combat de NPNS de nos perspectives politiques. Tout simplement parce que nous sommes convaincus que la lutte pour le droit des femmes est indissociable des perspectives révolutionnaires, et que mener cette lutte au nom des "valeurs de la république laïque", ce qui était le drapeau de NPNS depuis le début mène forcément tôt ou tard à une impasse. Le faire ne signifie pas se positionné comme donneurs de leçons, mais tout en étant clairement solidaire, et autant que possible partie prenante de leur combat, dire que nous le menons au nom du communisme et qu'au fond seules les luttes du prolétariat pourrons réellement régler le problème.
Et cela est en fait un peu indépendant du fait que Amara était dès le départ une petite politicarde socialiste et que pour sa direction NPNS avait dès le départ vocation à être une opération médiatique appendice de SOS-Racisme. Le savoir permettait juste de mesurer a priori toutes les limites politiques qu'ils entendait assigner à leur mouvement. Mais le problème n'était pas de dénoncer Amara comme "social-traître", ce qui aurait été bien peu compréhensible et convainquant pour celle et ceux qui souhaitaient avec NPNS lutter pour les droits des femmes. Et reprocher à LO l'évolution ultérieure de Fadela Amara est tout bonnement ridicule.
Du coup il m'aurait semblé juste, en particulier dans la mesure où on affichait un soutien publique que dans notre presse on discute un peu des perspectives politiques de fond (encore une fois pas pour jouer les mouches du coche mais pour essayer d'en offrir à celle et ceux qui luttaient au côté de NPNS). Un peu comme on avait pu le faire à l'époque du MLF, même si la situation et les problèmes politiques étaient différents. Pour rappel, la conclusion d'un article de la LdC de février 73 sur le sujet (ce n'est évidemment qu'un exemple, NPNS n'ayant pas grand chose à voir avec le MLF, ni la situation avec celle des luttes féministes des années 70, n'empêche que notre position était politiquement celle d'un soutien critique):
(les socialisteset le mouvement de libération de la femme @ LDC février 73 a écrit :
Voilà les principes sur lesquels nous appuyons notre appréciation du M.L.F.. Parce
qu’il se veut une organisation, autonome et séparée, des femmes malgré son option
«révolutionnaire», le M.L.F. est une organisation féministe petite-bourgeoise. Nous sou-
tenons les revendications du M.L.F. qui d’ailleurs figurent presque toutes dans le pro-
gramme des socialistes. Nous soutenons ses initiatives lorsqu’elles vont dans le sens
de la libération de la femme, en particulier sa lutte pour l’avortement libre et gratuit
(c’est-à-dire pris en charge par la Sécurité Sociale). Nous soutenons son combat contre
l’hypocrisie sociale et la répression sexuelle – qui soit dit en passant s’exerce aussi sur
les hommes et les jeunes des deux sexes – Mais nous combattons toute politique pro-
pagandiste ou organisationnelle qui vise à enfermer les femmes dans leur prétendue
spécificité. Les révolutionnaires socialistes, qui sont conséquents avec leurs principes et
leur programme, considèrent les femmes comme des individus à part entière et les trai-
tent comme tels, y compris bien entendu dans leurs propres rangs et à tous les niveaux
de l’organisation. La place des femmes qui sont parvenues à la conscience révolution-
naire est dans les rangs des révolutionnaires, et à leur tête.
Finalement j'espère qu'il est possible de (re)discuter de tout cela sans d'un côté brandir les anathèmes, ou de l'autre penser que la moindre critique cache une accusation de trahison des intérêts du prolétariat.