Des séries télé, du foot, et de leur impact idéologique

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Louis » 19 Mai 2007, 14:07

(Gaby @ samedi 19 mai 2007 à 13:57 a écrit :
(Byrrh @ samedi 19 mai 2007 à 13:48 a écrit : Si ces deux opiums du peuple perdaient radicalement de l'audience et de l'influence, le patronat et ses gouvernements se sentiraient peut-être un peu moins sûrs d'eux et de leur domination idéologique.

A étendre un pareil raisonnement à un média entier ou à une discipline complète, on fait les plus gros contresens qui ont plus à voir avec la théorie du complot qu'avec le marxisme.

A ce compte-là, il faut dire l'exacte même chose de la littérature, du cinéma, de la musique, d'absolument toutes les activités humaines qui existent et ont existé. Ce n'est pas une analyse, ce n'est pas une critique, c'est une généralisation abusive.

Toutes les séries télé ne sont pas Baywatch. Toutes les productions cinématographiques modernes ne sont pas Saw. La substantifique moelle du sport n'est pas la violence. Tout le rap n'est pas 50 Cent et ses grosses bagnoles.

Ca ne me semble pourtant pas si difficile à admettre, une fois qu'on a passé les premiers traits d'humour.
Ce n'est pas une "théorie du complot", mais une question d'analyse" à la fois esthétique (quelle forme ça prend) et politique (qu'est ce que ça veux faire passer dans la population comme "valeurs")

Effectivement, ca se retrouve dans toutes les formes d'expressions controlées par la bourgeoisie : la télévison bien entendu, le cinéma bien évidemment, la littérature, la musique (qui sert aussi a passer des valeurs) etc etc. Plus particuliérement dans ce qu'on appelle "les industries culturelles"

Tout n'est pas égal la dedans : evidemment le message idéologique d'un ken Loach n'est absolument pas celui d'un John mac Tiernan (le réalisateur des films de Bruce Willis), Sas c'est pas pareil que Gérard Delteil, un romancier bas du front n'a rien a voir avec Balzac, etc

Mais toute cette production ne sert pas uniquement a faire du fric, ça sert aussi a faire passer des valeurs, montrer des comportements dont certains sont valorisés, d'autres rejetés, et pas du tout de façon innocente.

De ce point de vue, la bourgeoisie a pris quelques leçons de propagande de l'echec total de celle ci sous les régimes staliniens : ça ne sert a rien d'etre grossier, mieux vaux faire passer tout ça en douceur. Si on veux promouvoir l'anticommunisme, les premiers james Bond sont quand meme plus opérationnels que "j'étais un béret vert" avec le regretté John Wayne.

Bien entendu que ces productions ont de la valeur. C'est quand meme la condition sine qua non pour avoir un minimum d'impact et d'efficacité, non ?

Prenons un films, pas spécialement aus hasard : le petit dinosaure " la vallée des merveilles" Ca évoque des souvenirs pour vous ? Et bien repensez a la "fameuse chanson" culte : "il faut des grands et des petits, les grands sont souvent méchants, grognons et polissons, mais sous leur dehors de casse cou ils ont une maman qu'ils aiment ?" Voila donc un bon exemple de "tolérance post moderne" tout a fait explicite. Evidemment, ça passe mieux quand c'est des mignons dino qui disent ça que si c'est méchant Sarko au jt de 20 heures...
Louis
 
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Message par canardos » 19 Mai 2007, 16:24

ça y est l'art abstrait soutenu par le capitalisme contre le "réalisme soviétique"...

mais meme si l'art abstrait a vraiment été financé par la CIA d'une part il s'est developpé au début de la révolution soviétique avant l'étouffoir stalinien, et d'autre part cela n'enleverait rien à sa valeur artistique...

chassez le stalinisme et il revient au galop....

et puis qu'est ce que c'est que cette histoire selon laquelle il faudrait des héros positifs pour faire de la bonne littérature et du bon cinéma, Tartuffe est un héros positif, vraiment? et l'Avare, et Don Juan? et richard III et Rastignac, et les personnages de Maupassant?

mais ce sont souvent des monstres qui sont décrits!

l'important c'est la peinture sociale et le réalisme psychologique des personnages, y compris quand l'auteur est impregné d'idéologie bourgeoise et produit ses oeuvres pour de l'argent.

si on appliquait les critères de Convidado, on n'aurait pas grand chose à lire, il faudrait éliminer Balzac, ce bourgeois réactionnaire et monarchiste, Zola, qui croyait à l'atavisme meurtrier des ouvriers, Maupassant pour son négativisme total, tous ceux qui ont produit pour de l'argent et la notoriété, tous ceux dont les oeuvres refletent peu ou prou l'idéologie de la classe dominante.

pour tout vous dire je pense que le cinéma est quasiment mort et ne produit plus à 99% que des imbécilités pour adolescents attardés ou non, et que la création cinématographique s'est largement reporté sur les séries parce que en 12 ou 24 épisodes on a bien plus le temps de peindre un milieu et des personnages par patites touches, de poser un décor de fairte entrer le spectateur dans un univers qui correspond en partie au sien propre.

evidemment les séries obeissent aux memes regles capitalistes et doivent respecter les memes conventions idéologiques que les films qui les ont precedés, mais pour les meilleurs cela n'empeche pas la qualité et l'interet, comme l'interet et la qualité des pieces de Molière existait meme si Moliere ecrivait pour la Cour et avec l'argent du Roi.
canardos
 
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Message par titi » 19 Mai 2007, 19:20

je n'ai lu qu'en travers ce fil, j'ai un point de vue assez simple
je n'ai pas le temps de voir la télé plus de 3/4 d'heure : le temps de coucher les gosses, et aller se coucher vers 22h pour pouvoir se lever le matin (je m'endors en lisant)...
les bouquins, c'est surtout le week end


alors une série télé, c'est super, ça fait 3/4 d'heure ; j'enregistre les qq séries qui me plaisent dans la semaine, et j'arrive à voir environ 3 épisodes par semaines

l'alternative c'est parfois les docus de la 5 (mercredi soir et samedi soir), c'est peu ou prou la même durée


bon, ceci dit, j'adore bree van de kamp, avant j'étais fan de scully, et tout gamin du professeur bergman 8)
titi
 
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Message par Jul » 19 Mai 2007, 19:27

:altharion: :ph34r:


c'est pas Trotsky qui disait que l'art ne devait pas avoir de lien avec les révolutionnaires ?? (enfin je suis novice alors je chercherai confirmation...)

Penser que les gens gobent tout ce qui passe dans leur téloche c'est vraiment les prendre pour des cons non ?

A parler comme le Convive on finirait par mettre Ravel, Debussy ou Stravinsky à l'abattoir !! :halalala:


La culture appartient à tout le monde, à chacun de prendre ce qu'il y aura à prendre !



EXPROPRIATION DE LA CULTURE """"""""""""""""""BOURGEOISE""""""""""""""""""""""" :w00t:


Et puis autre chose .... le gars qui bosse chez total, il est payé par total non ??? Faut bien qu'il bouffe ! Il bosse pour un grand patron, c'est pas pour ça qu'il est un suppot du capital et qu'il n'a pas de regard critique et qu'il ne condamne pas le système !

Ton discours Convivado, il frise le gauchisme !
Jul
 
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Message par canardos » 19 Mai 2007, 19:29

je ne prétend pas que la CIA n'est pas financé l'art abstrait, je m'en fous en fait, car l'art abstrait existait bien avant la CIA et indépendamment d'elle.

ce que je note c'est que finalement tu portes le meme jugement caricatural que la CIA sur l'art mais inversé!

cela dit je te signale qu'il existait pendant la révolution russe un courant artistique révolutionnaire abstrait, celui des "constructivistes"
tu jugeras toi meme de cette affiche de 1920 de Lissitzki.




Battez les blancs avec le coin rouge !
Affiche de El Lissitzky, 1920.



Image
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Message par Louis » 19 Mai 2007, 19:37

Ben moi aussi je connais ces faits, et tu as une façon de faire des amalgames, de raboter la vérité (un peu plus complexe que ce que tu veux en dire) modération

Il est exact que la cia a aidé UN COURANT qui était (entre autre, parce que ça ne se résume pas à ça) "abstrait" Cela dit, il ne l'ont pas fait en se présentant "bonjour, on est la cia, on vient vous aider", mais plus classiquement par le biais d'une "fondation" cache sexe. Evidemment c'était avec des sous entendus politique assez simple, mais l'affaire est plus compliquée que ce que CP a l'air de dire

Sinon, "héros positifs" contre "héros négatifs" ? Je ne crois pas que le quichotte soit "en soi" un héro positif ! Et puisque CP a l'air d'aimer le réalisme, qu'il lise (ou relise) le "Oblomov" de Gondratchov, un magnifique roman avec un personnal central lache, fainéant, dérisoire. Toujours chez les russes, que dire de Dovstowevsky (il n'aimait pas les héros positif, c'est le moins que l'on puisse dire) On a le droit de préférer Balzac a Zola (pourquoi pas ?) mais sans oublier tout un tas de héros tout a fait ambigue dans le roman français : Bouvard et Pécuchet chez Flaubert, tout un tas de personnages de Maupassant etc etc etc Cp fait comme si c'était la télé qui avait inventé le héro négatif ou ambigüe. Quel culot... Mais la télé en général ressert les plats et invente peu de formes (elle n'invente pas des formes, elle invente des dispositifs) surtout pas au niveau des intrigues ..

Evidemment, le passage de l'un a l'autre n'est jamais innocent De Balzac a Flaubert, de l'eau a coulé sous les ponts. Oblomov racconte l'histoire d'une bourgeoisie épuisée, neurasthénique etc ! Et la décadence totale du réalisme sous staline est bien une conséquence des impasses du régime. Qui annonce déja la fin (qui a mis du temps a arriver)
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Message par Bertrand » 19 Mai 2007, 19:59

Si je peux me permettre deux remarques :

- Pour reprendre ce que disait Jeug, tous les avis émis sur ce fil me semblent pertinents et je crois que nombre de lecteurs peuvent se reconnaître dans l'une ou l'autre des positions, défendues par Canard ou Convive, sans se sentir coupable de quoi que ce soit.

- Mais Nom de Dieu des athées (comme dirait Pelon) de B----l de m---e, pourquoi faut-il que ça dégénère en apostrophes, invectives personnelles ou autres noms d'oiseaux qui vont faire partir ce fil en vrille comme tant d'autres ou pour le moins lasser ?
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Message par Louis » 19 Mai 2007, 20:04

Bon, revenons a cette histoire de "la cia a subventionné l'art abstrait" parce que c'est intéressant

En fait la cia (par l'intermédiaire d'un prete nom) n'a pas subventionné "l'art abstrait" en général, mais un courant bien particulier : l" "impressionnisme abstrait"

un exemple



Ce courant était un courant "réactionnaire" prétendant "revenir vers le passé" et était "apolitique" (contrairement a d'autres courants de l'abstraction)

autre exemple



Le but de la cia était autant (voir plus) de lutter aussi contre ces tendances a l'abstraction "engagée", comme par exemple le groupe "fluxus"



Cobra




Pour conclure sur ce sujet, je dirais qu'il n'y a pas une forme "naturellement" révolutionnaire et une forme "naturellement" réac : il peut y avoir un art abstrait completement réactionnaire et un réalisme progressiste, et l'inverse tout autant. Par contre, il est toujours significatif d'utiliser une forme plutot qu'une autre : le fait que le stalinisme se traduise en art par une lutte contre le "formalisme" (pas qu'au niveau de la peinture, mais tout autant du cinéma (avec les critiques de Staline lui meme contre le fim "la commune", la mise à l'écard de Dziga Vertov ou de Medvedkine), de la musique (les ennuis de Chostakovitch) etc. De méme, les transformations de l'esthétique sont toujours significatives en dehors meme de l'art Exemple l'invention de la perspective et ses conséquences politiques...
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