par jeug » 27 Avr 2007, 09:43
J’ai relu cet article plus tranquillement comme je m’étais promis de le faire, afin de voir si mes impressions premières étaient confirmées et de mieux les expliciter.
Je reprécise que je n’ai pas d’a priori partisan, que je trouve louable la démarche.
Mais je confirme que si les idées abordées sont intéressantes, elles sont mal traitées.
Les démonstrations n’en sont pas, les arguments ne sont pas explicités et du coup, les affirmations restent des affirmations. Je ne juge donc pas les idées mais constate juste qu'elles ne sont pour le moins pas servies par ce texte.
Si on ne s'intéresse dans ce texte, qu'à la critique qui est faite de LO, les 4 idées qui se succèdent sont :
- LO a payé le 22 avril l’incohérence dans le temps de son orientation politique.
- Exemples de contradictions, opportunisme et isolement volontaire de LO.
- Immobilisme de LO.
- Incompréhension des enjeux et des préoccupations d’aujourd’hui.
La lecture un peu détaillée de ce texte montre qu’il n’apporte pas d’arguments à ces 4 affirmations. Il cite des faits, réels pour certains, discutables pour d’autres, mais dont le lien n’est pas correctement fait avec les idées. Et pour ce qui est des idées elles-mêmes, à chaque fois pour celles qui le méritent, elles ne sont développées dans leur vraie dimension, on en reste aux phrases trop creuses.
Pour ceux qui le souhaitent, je détaille ci-dessous.
1°) Première partie : Le mauvais score d’AL comparativement à celui d’OB ne viendrait pas seulement de la différence entre les 2 candidats mais plus fondamentalement de l’orientation politique de LO. Orientation jugée incohérente dans la durée.
Mais le seul exemple cité de cette incohérence est un faux argument. C’est celui du vote blanc au 2nd tour en 2002 suivi du vote PS en 2007. Si c’est ce genre d’incohérence qui fait déserter l’électorat, ça ne colle pas. Car je ne vois pas comment les électeurs du 22/04/07 auraient pu se déterminer en fonction d’une consigne qui est ultérieure (le soir du même jour) !
L’exemple est donc mal choisi (mais alors, quel autre ?).
Dans cette même partie du texte, je cherche d’autres arguments que celui-ci (pour démontrer que la différence de score entre AL et OB vient bien de l’orientation incohérente de LO) mais ne trouve que des affirmations non étayées : Il est manifeste, manifestement, etc.
J’aurais préféré que cette partie s’en tienne à sa première constatation : que la campagne de la LCR avait tout simplement été plus efficace que celle de LO. C’était discutable, car tout dépend comment on mesure cette efficacité, mais c’aurait été honnête.
2°) Dans une 2ème partie, le texte multiplie les exemples de positions contradictoires de LO, sans trop préciser en quoi ces contradictions sont le fait spécifique de LO car le texte reconnaît qu’elles sont inhérentes à l’extr gauche, mais parle ensuite d’opportunisme puis d’isolement. Les errements de LO lui viendraient de son isolement.
Mais de quel isolement s’agit-il ? La critique aurait pris tout son sens si elle l’avait précisé. Isolement des autres organisations ? Des mouvements anti-libéraux ? (Visiblement non, puisque le même article dénonce des errements de la LCR) Isolement des travailleurs ? Tout ça, ce n’est pas la même chose.
Puis, glissement non étayé dans la démonstration, il est affirmé que « cet isolement est revendiqué comme un acquis ». Ca veut dire quoi ? Que LO ne nie pas cet isolement ? Que LO juge cet « isolement » préférable à certaines alliance ? Non, tel que c’est formulé, ça veut dire : LO en fait un objectif. Pour ma part, je ne juge pas cette affirmation, mais elle n’est absolument pas démontrée ici.
3°) 3ème partie, on revient sur l’appel d’Arlette en 95 à créer un parti, en insinuant qu’on ne sait si l’intention était sincère, et en insistant sur l’abandon rapide de cette idée et l’incapacité de LO à revenir à cet objectif, ou tout simplement à évoluer dans ses discours de campagne. L’appel au parti est effectivement un point important. Je suppose qu’il a été débattu plein de fois. J’ai posé la question moi-même sur le Falo il y a qqtemps et on m’a répondu que cet appel était alors une tentative dont l’écho s’est avéré nul parmi les travailleurs. Ce point peut se discuter, il me semble, mais ne peut être utilisé, sans plus d’explication, comme un argument d’une quelconque volonté de LO de s’isoler, comme il est insinué.
Et pour ce qui est de l’évolution du discours de campagne, certes, mais l’article n’aborde pas la seule question juste : quel doit être le discours ? Quel discours peut permettre de constituer durablement un électorat éclairé ? Il semblerait que ce soit comme l’a appris récemment la LCR, « en s’adaptant à la situation ». Ce point, très intéressant, aurait mérité plus qu’une demi-phrase.
4°) La conclusion précise les raisons de l’échec (électoral ? extra-électoral ?) de LO : c’est son incapacité à comprendre les enjeux de la période (…) à s’ouvrir aux préoccupations des jeunes, des travailleurs. Mais si c’est ça la conclusion, il aurait fallu que ce soit développé, expliqué, dans le corps du texte. Ce n’est pas le cas, à mon sens. Pour ce qui est des enjeux, ils sont effectivement abordés en fin de conclusion : initiative pour l’EG et création d’un parti. Mais c’est facile à dire, la recette n’est pas donnée.
Quant à s’ouvrir aux préoccupations des jeunes et des travailleurs, en s’adaptant au monde d’aujourd’hui (parce que, on le sait, d’une part les préoccupations ont bien changé pour ces 2 populations en qq décennies et d’autre part LO est fermée aux jeunes et aux travailleurs !), admettons, mais encore une fois le problème est mal abordé : comment ?