Et avec en passant des éléments de réponse sur l'Algérie, un article de Lutte de Classe de 1967 :
a écrit :LE PROBLÈME PALESTINIEN juillet1967
...nous ne considérons pas que la disparition de l’Etat d’Israël soit
nécessaire ou souhaitable. Nous pensons même que son existence pourrait être bénéfique à toute la population arabe et juive du Moyen-Orient. De même que nous pensions, et que nous pensons toujours, qu’il est regrettable que Pieds Noirs et Arabes n’aient pas su se fondre dans une Algérie indépendante. Quel pays cela aurait pu être !
Nous sommes contre le fait que l’Etat d’Israël joue à l’heure actuelle au Moyen-Orient
le rôle qu’y jouait dans le passé la Légion arabe : légion étrangère de l’impérialisme.
Nous sommes contre la politique des dirigeants arabes qui dit qu’il faut effacer de la
carte l’Etat d’Israël. En soi, cette disparition ne réglerait rien pour les peuples arabes.
Pour que l’Etat d’Israël puisse être bénéfique aux Juifs et aux arabes du Moyen-Orient, il lui faudrait une politique et une structure socialistes. Il faudrait que la minorité nationale, arabe ou juive, n’y soit pas opprimée, car un peuple qui en opprime un autre, n’est pas un peuple libre. Au point de vue politique, il lui faudrait lutter pour le socialisme mondial – car c’est la seule lutte anti-impérialiste possible et lutter contre l’impérialisme, parce qu’il n’est pas question, sans la destruction du capitalisme mondial, de socialisme même dans un seul kibbutz.
Pour les Juifs de Palestine, c’est la seule voie. Pour les Arabes du Moyen-Orient,
c’est aussi la seule voie. C’est pourquoi nous avons une telle position politique, à la fois contre la politique des dirigeants israéliens et celle des dirigeants arabes.
En cas de conflit entre Israël et les Etats arabes, par contre, nous sommes aux côtés
des derniers, car la politique des dirigeants arabes est peut-être contraire aux intérêts de leur peuple, mais les dirigeants israéliens combattent pour l’impérialisme. Dans une guerre entre la démocratie américaine et le sultan du Koweit, nous ne regarderions pas où est la République et où est la Monarchie, mais où est l’impérialisme.
Le peuple juif a d’autres possibilités que la guerre pour se prémunir contre les intentions bellicistes des dirigeants arabes. Qu’il consacre, ne serait-ce que la dixième partie de l’énergie qu’il met à faire la guerre, à lutter contre la politique de ses propres dirigeants, et il pourra se réserver un avenir meilleur.
Bien sûr, un conflit peut aboutir, par la victoire des Etats arabes, à ce qu’Israël disparaisse.
Or, ce ne sont pas les révolutionnaires qui choisissent ce risque, mais les dirigeants
israéliens et, en dernière analyse, le peuple juif. En Algérie aussi le problème du
million d’européens était posé par tout le monde dans les mêmes termes, l’indépendance algérienne signifiant «le départ ou le massacre» du million d’européens. Il y avait une autre solution pour les Européens, et c’est parce que nous savions qu’il existait cette autre solution, solution pour laquelle nous militons, que nous étions dans le conflit aux côtés des Algériens.
Ouil y a la solution socialiste, ou lorsqu’on la rejette, il n’y a pas de solution, et alors
là, sauf quand il s’agit de conflits entre deux impérialistes, il faut choisir son camp. Ceux qui choisissent celui de l’impérialisme nous les plaignons peut-être, comme nous plaignons les soldats américains au Vietnam, nais nous ne pouvons choisir leur camp.
C’est pourquoi, tout en considérant que c’est une politique criminelle de la part des
dirigeants arabes de s’en prendre à Israël en tant qu’État, et au peuple Juif en tant que tel, c’est-à-dire implicitement en étant pour l’existence d’Israël, nous sommes, en cas de conflit ouvert, du côté des Arabes, même si cela devait se traduire par la fin d’Israël, tout comme la guerre d’Algérie s’est traduite par le départ des Pieds-noirs, ou comme un mouvement d’indépendance en Afrique du Sud pourrait se traduire par le départ des blancs, (cela ne veut pas dire que nous sommes contre les Européens en tant que nations, ou contre les blancs en tant que race). La politique d’un Etat regroupant deux millions de Juifs n’a rien à voir avec le sort et la libération des dix millions de Juifs qui vivent par le monde.
(tout cela a déjà été cité plusieurs fois sur ce forum, on va finir par se lasser...

)