Contre la délinquance, Royal prône la fermeté

Message par globetrottoir » 01 Juin 2006, 15:37

(Vérié @ jeudi 1 juin 2006 à 14:33 a écrit :J'attends avec interet la réaction de journaux comme LIbération et Le Monde qui critiquaient ces propositions quand elles venaient de la droite, et celles du PS. Le "gauchiste" Jack Lang a, lui, déjà apporté son soutien à Royal... Ou du moins à son dernier discours.

"Ce n'est plus l'ordre juste, c'est juste l'ordre" Cambadélis. Qui pour le coup a eu le mot… juste.


a écrit :A part ça, on vient de le répéter à la radio, Royal s'est prononcée pour l'encadrement militaire des jeunes dléinquants mineurs et la suppressions des allocs aux familles. C'est vraiment ignoble.
Et les "stages de parentalité" pour les "parents défaillants". Pas mal non plus dans la course à l'ignominie.Tu as du rater aussi la création ségolesque du "métier de tuteurs de collège pour faire faire du sport aux pertubateurs". En voilà des moyens débloqués pour l'EN ! Ça devrait soulager les profs qui pourront envoyer les "pertubateurs" faire un foot dans la cour, en attendant le transport de troupes qui les ramènera à l'internat militaire le soir.

a écrit :Le problème est beaucoup plus global : chomage, misère, injustice sociale, déliquescence d'une société absurde etc.
C'est exactement le credo de Ségolène : un problème global auquel elle entend apporter une solution "globale"
(Nouvel Obs a écrit :La présidentiable socialiste a donc préconisé des "solutions massives adaptées à chaque âge" et une "approche globale" d'une grande fermeté basée sur la tolérance zéro. […] "C'est une approche globale", a-t-elle insisté. "Tout se tient si chacun est à sa place, dans son rôle, avec ses responsabilités éducatives, avec des métiers qui correspondent aux besoins des jeunes. A ce moment-là, la police pourra se concentrer sur la lutte contre la grande délinquance", a affirmé la candidate anti-Sarkozy
"La candidate anti-Sarkozy". Info ou intox ?
a écrit :"J'observe qu'elle trouve que je ne suis pas assez ferme mais elle n'a voté aucun de mes projets, de mes mesures, de mes budgets. Si elle me demande d'être plus ferme, qu'elle dise à ses amis de me soutenir. Ils ne seront pas déçus", a raillé le ministre de l'Intérieur.



(vérié a écrit :On ne peut donc pas espèrer le régler sans changement radical. Et, pour obtenir seulement des améliorations, il faut renverser le rapport de forces, donner de l'espoir aux jeunes et à leurs parents dans les luttes collectives etc.
Deux questions. La première est en soi un vaste (unique?) débat : à quand le pole unitaire "à gauche de la gauche" pour créer les conditions favaorables à l'alternative anticapitaliste ? Seconde question : comment organiser la résistance à ce déploiement des thèses militaro-policières sans attendre la réalisation de la société communiste ?
globetrottoir
 
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Message par Puig Antich » 01 Juin 2006, 16:01

a écrit :Sarkozy à Ségolène Royal: "Continuez, vous êtes sur le bon chemin"



PERPIGNAN (AFP) - Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a déclaré jeudi à Perpignan, à l'adresse de Ségolène Royal qui a prôné mercredi "plus de fermeté" contre la délinquance: "continuez dans cette direction, vous êtes sur le bon chemin, ça progresse".
A l'occasion de son déplacement à Perpignan, un an après les émeutes survenues dans la ville, M. Sarkozy s'est dit "très heureux d'apprendre que Mme Ségolène Royal soutenait (son) action et que sa seule critique était de considérer qu'(il n'était) pas encore assez ferme".

"Je suis sûr que les amis de Mme Royal vont beaucoup apprécier cette prise de position", a poursuivi le ministre. "Je dirai simplement à Mme Royal que si elle ne me trouve pas assez ferme, elle ne va pas être déçue, et que par ailleurs je regrette qu'elle n'ait voté aucun de mes textes, voté aucun de mes budgets, soutenu aucune des décisions que j'ai prises".

"Qu'elle se soit rendue compte que la France a besoin d'autorité et de fermeté, c'est déjà un premier pas et je l'en félicite. Je l'encourage d'ailleurs à poursuivre dans cette voie je ne doute pas que ce soutien, qui est un soutien de poids que j'apprécie, permettra de dégager un consensus autour de la politique de sécurité que je conduis", a poursuivi Nicolas Sarkozy.

"Je souhaite bon courage au Parti socialiste et à François Hollande pour assurer l'unité de ce parti devant un tel éclatement", a-t-il dit, en mettant Mme Royal en garde contre "cette tendance à l'autoritarisme qui est la sienne". Il a rappelé qu'"en 15 jours elle (avait proposé) d'adhérer obligatoirement à un syndicat --ça n'avait existé jusqu'à maintenant qu'en Union soviétique et dans le syndicat du Livre avec les succès que l'on connaît--", puis "proposé à la jeunesse, si elle ne se tenait pas tranquille, d'aller dans les casernes". "C'est aussi une innovation sans doute, idéologiquement parlant, pour le Parti socialiste français", a ironisé le ministre.

"Je suis persuadé que Mme Royal nous réserve encore de très bonnes surprises de cette nature. Alors surtout, un message pour Mme Royal: continuez dans cette direction, vous êtes sur le bon chemin, ça progresse", a-t-il conclu.
Puig Antich
 
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Message par artza » 01 Juin 2006, 16:08

Il ne reste plus à Mme Royal qu'à (re)découvrir les Chantiers de jeunesse, les Compagnons de France, la légion des combattants et son Service d'ordre légionnaire :huh1:

Faudrat-t-il chanter les cours d'école "Présidente nous voilà"!
artza
 
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Message par Wapi » 01 Juin 2006, 17:12

Vérié

a écrit :Je sais que mon interlocuteur n'est pas réformiste, que Arlette n'est pas réformiste, que LO n'est pas réformiste etc. On peut certes opposer l'augmentation du nombre de gardiens de prison à la diminution du nombre d'éducateurs spécialisés. C'est un argument valable. Mais c'est tout à fait insuffisant. Il y a tout de même beaucoup d'éducateurs de toutes sortes en France.
Et il ne faut pas se raconter d'histoire : l'augmentation du nombre de profs ne changerait pas grand chose, sinon peut-etre pour les profs eux-memes. Et encore. La délinquance juvénile a bien d'autres causes que nous connaissons tous.

On ne doit donc pas craindre de dire franchement la vérité sur ces questions comme sur les autres et non tenter d'apporter des propositions de solutions "réalistes" et "rapides" qui n'en sont pas. En rester aux moyens d'éducation, c'est se situer sur le meme terrain que nos contradicteurs, celui de "bonnes réformes". Nous savons tous que revendiquer des réformes n'entre pas en contradiction avec la lutte pour un changement radical. Mais, à condition de rester toujours très clair sur les limites de ces réformes.

Et il faut bien le dire que les gens ne croient plus, et à juste titre, aux vertus de l'augmentation des crédits pour l'éducation et à l'augmentation du nombre de profs et d'éducateurs. Alors ils se tournent vers d'autres solutions qui leur semblent plus efficaces : la répression, toujours plus de répression.

Alors, certes LO n'est pas réformiste, mais ces réponses limitées ont un contenu fondamentalement réformiste et finalement pas crédible pour les gens que nous cherchons à toucher.


Comment peut-on écrire une chose pareille ?

Quel mépris pour le travail des enseignants et pour la demande d'éducation et d'instruction que formulent les familles ouvrières pour leurs enfants.

Bien sûr qu'avec plus de moyens on a de bien meilleurs résultats ! Si on a la chance de pouvoir prendre les élèves par petit groupe dès le plus jeune âge, si on a le temps de bien les connaître, de proposer une réponse éducative adaptée à leur cas, eh bien on peut déplacer des montagnes !

Qu'on mette un instituteur pour 8 élèves s'il le faut et on verra bien ! Qu'on fasse des groupes de 12 au collège et au lycée, et tu verras comme le niveau général grimpera. Et dans toutes les disciplines, des sciences, maths, lettres, histoire, philo ... on pourra faire redécouvrir le plaisir d'apprendre. On pourra transmettre la méthode pour apprendre à apprendre ...

Tu colles donc à ce que pensent "les gens, à juste titre" quand ils expriment leur découragement de façon désabusée ? (Et encore, est-ce vraiment ce que pensent "les gens" ?)

Et puis, à une autre période, qu'est-ce que la bourgeoisie a fait quand elle a décidé d'apprendre à lire et à écrire en français à des millions d'enfants de paysans qui ne savaient ni a ni b ? Elle a mis en oeuvre les moyens correspondants à sa politique. Avec brutalité, certes, pas pour émanciper les masses, re-certes, mais avec un certain succès. Et qui s'est traduit par un progrès : c'est quand même mieux de savoir lire que d'être analphabète même si c'est la bourgeoisie qui l'impose à la classe ouvrière.

Tu ne connais pas le secteur de l'enseignement dans les milieux sociaux défavorisés je pense, sinon tu n'écrirais pas tout celà.

Ici, aucun forumeur enseignant ou autre ne pense que c'est en éduquant l'Homme qu'on parviendra à un monde meilleur.

Tu sous-entend que LO est réformiste sur ce coup, mais tes considérations sur les enseignants te rapprochent des points de vue des réactionnaires sur cette catégorie de salariés, pas toujours traitée bien mieux que les autres.

On défend un plan d'urgence pour les travailleurs et les classes populaires. Les revendications sur l'accès de tous à la meilleure éducation possible en font intégralement partie !
Wapi
 
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Message par Wapi » 01 Juin 2006, 17:32

Je remets cet extrait du texte de R. Girardot paru dans la LDC de février 2006 qui détaille mieux "notre réponse à la délinquance" pour reprendre le titre du fil

C'est un texte qui revient sur l'origine des émeutes de novembre et l'appréciation qu'en avait faite la fraction.

a écrit : (...) Aujourd'hui Chirac nous dit « ces jeunes s'ennuient à l'école », on ne dirait pas qu'il est au pouvoir depuis si longtemps. Pourquoi, dit-il, puisqu'ils s'ennuient, les maintenir jusqu'à 16 ans au lieu de les mettre en apprentissage à partir de 14 ans ; ils pourraient avoir, je cite à peu près, la fierté de travailler de leurs mains, acquérir la solidarité avec les autres, fabriquer quelque chose, voire gagner un peu d'argent. Un peu, c'est la seule chose de vraie, vu que ce qu'on leur propose pour la première année d'apprentissage est de l'ordre de moins de 85 euros par mois. Même si ces jeunes ne savaient pas du tout compter, ils doivent bien sentir qu'on les escroque.
Mais le problème ce serait de se demander pourquoi ces jeunes, arrivés vers la fin de la scolarité obligatoire, ne veulent plus de l'école. D'ailleurs ce n'est pas tous qui ne veulent plus de l'école. Il y a des millions d'élèves. Le quart de la population est scolarisé entre l'école primaire et l'université. Les maternelles ne sont pas dans les statistiques. Ce chiffre est énorme. C'est une population hétérogène parce que ce n'est pas toutes les banlieues qui ont explosé, mais les jeunes des grands ensembles. Et en particulier des familles immigrées qui vivent dans de grands ensembles plus ou moins délabrés.
Le problème qui se pose et auquel nous devons réfléchir, c'est que la réaction de ces jeunes, c'est la désespérance, oui sans doute, il n'y a pas toujours eu deux millions et plus de chômeurs, certainement plus près de trois millions que de deux, et ça compte. Mais il faut bien voir que l'instruction qu'ils reçoivent, ni même celle qu'ils sont censés recevoir, n'est pas apte à en faire des adultes conscients, et l'État, là comme ailleurs, sacrifie les services publics indispensables.
Il y en a de plus indispensables que d'autres ! On peut être plus ou moins entassés dans les transports en commun.
Il y a quand même une majorité qui suit des études primaires voire secondaires mais qui n'atteint qu'un niveau faible. Il y a une fraction des jeunes qui arrive jusqu'au bout avec une culture suffisante, qui font des études qui débouchent sur des diplômes valables, qui prennent goût à l'étude. Avec toutes les options existant pour le bac, on s'intéresse moins à certains bacs qui ne donnent pas l'envie de se cultiver qu'à d'autres. Plus on acquiert de culture, plus on a envie de se cultiver, mais quand on acquiert des formations trop terre à terre, ce n'est pas cela qui vous ouvre des horizons sur la culture. Et puis il y a une autre minorité qui ne maîtrise rien, qui arrive en 6e ou plus loin sans savoir ni lire correctement, ni écrire sans trop d'énormes fautes et encore moins compter et c'est tout juste s'ils ont un vocabulaire suffisant.
Cela, c'est la responsabilité de l'État, pas des parents ! Le gouvernement se retourne contre les parents « vous n'avez pas à les laisser sortir le soir ». C'est peut-être vrai, mais ce n'est pas ça le problème. Une famille immigrée - c'est surtout le problème de ces familles issues de l'immigration -, est mal placée pour apprendre à parler français correctement à ses enfants en bas âge. L'apprentissage du langage se fait autour de l'âge de deux ans, un peu moins un peu plus, suivant le milieu. C'est le milieu qui apprend le langage. Nous sommes programmés biologiquement pour apprendre à parler cela fait partie de notre statut d'homo sapiens, mais il y a un apprentissage de la langue qui se fait dans la famille, en particulier par la mère, et on apprend à cet âge-là à parler n'importe quelle langue maternelle. Un jeune Français n'apprend pas à parler japonais spontanément. Il peut apprendre à parler japonais en plus, on peut apprendre à parler deux langues en même temps à cet âge-là. Après, c'est plus difficile.
Donc pour ces enfants qui n'apprennent pas à parler correctement à cet âge-là, la maternelle peut leur en donner la possibilité et il n'y a que la maternelle. C'est la IIIe République qui, avec des méthodes d'éducation qu'on récuserait aujourd'hui - les coups de règle sur les doigts, le par-cœur, le bonnet d'âne au coin - qui a appris à parler français, à le lire et à l'écrire, à des petits Bretons, des Auvergnats, des Basques, etc. qui étaient issus de familles d'immigrés de l'intérieur. Ils n'ont pas tous fait des études secondaires et supérieures, loin de là, mais ils ont su lire, écrire et compter. Aujourd'hui c'est moins vrai.
Pour ces familles, ces quartiers, on nous dit qu'il y a des écoles maternelles en nombre suffisant. Oui, il y a des places dans les maternelles comme il y a des places dans le métro aux heures de pointe.
Dans les quartiers populaires non entièrement défavorisés et qui ne sont pas des ghettos, où il y a des travailleurs qui travaillent, et pas trop de chômage, les enseignants des classes de maternelles même si elles comportent autant d'enfants qu'ailleurs, se débrouillent parce que ces enfants parlent français, ils apprennent à le parler correctement dans leur famille et ils arrivent à l'école primaire souvent en sachant lire.
Mais ce qu'on ne dit pas, c'est que dans ces cités surpeuplées, où le nombre d'enfants est considérable parce que ce sont des familles nombreuses, il y a peut-être de la place dans les maternelles mais pas toujours, et les classes y sont couramment surchargées. Or un enseignant qui a affaire à une classe de maternelle où les enfants parlent au moins le français comme des enfants, peut, peut être, se débrouiller avec 28 gamins. Mais quand ces 28 gamins et souvent plus, parlent jusqu'à cinq langues différentes voire dix, et c'est souvent le cas, tout est impossible ! Juridiquement ils sont en majorité français, mais ils ne le parlent pas.
Bien des enfants vont sortir de ces classes de maternelle pour entrer à l'école primaire avec un véritable handicap pour affronter l'école primaire, même en CP. Que pourront-ils apprendre à l'école primaire s'ils ne maîtrisent pas bien la langue et si les enseignants n'ont pas les moyens de la leur enseigner ? Le parcours d'après, dans l'école primaire, sera inutile pour une grande partie.
Bien entendu ne pouvant pas suivre ils seront rejetés, les enseignants les laisseront au fond de la classe y faire ce qu'ils veulent et les enfants pourront dire « on nous a abandonnés » et c'est vrai qu'on les abandonne. Le parcours primaire sera inutile pour une grande partie. Alors on essaie les combines : les faire redoubler n'est pas une solution et ça surcharge ce qui est en-dessous ; ne pas les faire redoubler ça a au moins l'avantage pour l'administration qu'ils terminent le cycle, pour rien mais au moins ils débarrassent l'école et laissent la place aux autres.
Tout cela ça c'est la responsabilité de l'État. Il ne faut pas voir que le chômage ! L'État devrait redistribuer les richesses qu'il prélève par l'impôt, y compris sur les classes populaires.(...)
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Message par Ottokar » 01 Juin 2006, 17:37

Bon, on peut peut-être calmer le jeu ! Si Vérié sait que LO n'est pas réformiste, les forumeurs habituels savent que Vérié n'a pas de mépris pour les profs.

Le débat est un vieux débat sur ce qu'il faut dire, pas forcément sur ce qu'il faut faire. Car personne ici ne s'oppose à mettre plus de profs, d'éducateurs etc. que de flics ! Et personne ne pense que cela suffit en soi. Ni d'ailleurs qu'il faille attendre les lendemains qui chantent pour essayer d'améliorer les choses.

Il faut se faire comprendre des gens. Vivre au milieu de la délinquance, c'est dur. Parfois, le fait de comprendre ce qui la nourrit ne suffit pas. Il ne s'agit pas "d'apporter des solutions". Mais on peut parfois essayer de dire, voire de faire des choses.

On peut comprendre qu'une société égoïste comme la société capitaliste produise des individualistes qui se fichent des autres. Mais quand c'est ton voisin qui manie la perceuse à 8 h du matin le dimanche ou la chaîne de 500 W à minuit quand tu veux dormir, tu n'as pas envie d'attendre l'avènement d'une société sans classes pour aller te coucher ! La comparaison vaut ce qu'elle vaut...
Ottokar
 
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