100% à 100% de la gauche de la gauche

Message par piemme » 31 Jan 2006, 10:35

Dans Libération ce matin, un appel de la Ligue (Bensaïd et Joshua) aux dirigeants communistes et de la "gauche" des Verts qui seraient tentés par quelques infidélités "aux exigences" dont auraient été porteur le vote du 29 mai.
Argumentation : "Une ambition limitée à une force de pression pour infléchir à la marge une politique sociale-libérale préparerait de nouvelles désillusions plus amères encore que par le passé" !
Solution : "une candidature unitaire issue du non de gauche et fidèle à son mandat anticapitaliste" avec notamment Olivier Besancenot qui est "un excellent porte-parole, resté 100 % fidèle aux engagements du non de gauche".
Pour quoi faire ? "une alternative de combat, sociale et démocratique, à l'échelle nationale et européenne".
Etc.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=355425
piemme
 
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Message par faupatronim » 31 Jan 2006, 11:01

(Libération @ mardi 31 janvier 2006 a écrit :Contre le libéralisme, il faut une candidature unique du non de gauche à la présidentielle.


Gauche : l'heure des choix



par Daniel BENSAID et Samuel JOSHUA

Daniel Bensaïd est enseignant en philosophie à l'université Paris-VIII.
Samuel Johsua est professeur en sciences de l'éducation à l'université Aix-Marseille.





Nul ne pouvait pronostiquer la date et l'ampleur de l'explosion automnale des banlieues, mais prévisible et légitime était cette colère face au cumul des ségrégations : sociale, scolaire, territoriale. Elle révèle le malaise d'un pays où les Restos du coeur servent davantage de repas chaque année, où un million d'enfants vivent en dessous du seuil de pauvreté, où un tiers des sans-logis sont des salariés. Au lieu d'entendre les cris de détresse, un président mal élu et un gouvernement revanchard redoublent de coups et d'arrogance : démantèlement du code du travail et de l'Etat social d'un côté, état d'urgence et course à l'Etat pénal contre les nouvelles classes dangereuses de l'autre. La nouvelle présidente du Medef résume sa philosophie libérale : «La vie, la santé, l'amour, sont précaires, pourquoi le travail ne le serait-il pas ?» Soyez flexibles, et vous finirez par ramper !

Dans cette crise, des secteurs importants de la population peuvent basculer dans le racisme et la xénophobie, dans la guerre des pauvres contre les plus pauvres. Ils peuvent au contraire entrer en résistance contre un système qui creuse les inégalités, multiplie les exclusions, déchaîne la concurrence de tous contre tous avec, à l'horizon, la guerre de tous contre tous. Pour que la seconde hypothèse l'emporte, une gauche de combat doit opposer l'état d'urgence sociale à l'état d'urgence pénale.

La poussée du non de gauche et le rejet du traité constitutionnel libéral ouvraient cette possibilité. Elle risque aujourd'hui de se refermer. Le Parti socialiste prétend réduire l'opposition entre le oui et le non à un simple mouvement d'humeur ou à un malentendu passager. Il a hâte de clore la parenthèse. Après s'être synthétisé lui-même lors d'un congrès oecuménique, il entend à présent synthétiser sous son hégémonie la famille recomposée de la gauche gouvernante. Les Verts lui emboîtent le pas. Le Parti communiste est tenté de suivre. Comme si ce qui s'est exprimé le 29 mai sur l'Europe n'avait aucun rapport, ou peu, avec une alternative réelle à l'actuelle majorité !

Bien sûr, un bulletin de vote ne trace pas une frontière définitive entre les électeurs et entre les militants. Il n'en reste pas moins que celui du 29 mai opposait clairement à l'Europe libérale et impériale de la «concurrence non faussée» la volonté d'une Europe sociale et démocratique. Il donnait mandat de poursuivre dans cette voie.

Les infléchissements rhétoriques des dirigeants socialistes ne visent qu'à apaiser un électorat de plus en plus échaudé. Ils dureront ce que durent les roses, l'espace d'un matin électoral. Qui pourrait croire à leur conversion soudaine à une politique diamétralement opposée à ce qu'ils ont eux-mêmes fait pendant un quart de siècle, dont dix-sept ans de gouvernement ?

Les aspirations du 29 mai ne sont pas synthétisables dans un nouveau compromis social-libéral et dans une nouvelle mouture de gauche plurielle qui poursuivrait peu ou prou la même politique. Les victimes des politiques libérales réclament justice. Elles exigent l'égalité des droits sociaux et civils : le droit à un emploi, à un revenu, à un logement décents ; le droit à une éducation et une santé de qualité. L'explosion des banlieues met à l'ordre du jour une autre politique de l'emploi, une autre politique scolaire, une autre politique de la ville, faute de quoi les odes compassionnelles à la «mixité sociale» resteront lettre morte. Il faudrait briser pour cela le carcan des critères de convergence de Maastricht et du pacte de stabilité, prendre le contrôle politique de l'outil monétaire abandonné aux régents de la Banque centrale européenne, inverser la logique des privatisations et de la démolition des services publics. Il faudrait abolir les privilèges fiscaux renforcés par la contre-réforme fiscale. Il faudrait arrêter les exonérations de charges sociales et les subventions aux entreprises qui licencient. Il faudrait renverser le despotisme des actionnaires et des marchés financiers. Il faudrait, en ces temps d'anniversaire de la séparation des Eglises et de l'Etat, proclamer enfin la séparation du patronat et de l'Etat.

La gauche au gouvernement a fait exactement le contraire : privatiser à tour de bras, cajoler le patronat, se soumettre à l'Europe libérale, renoncer au contrôle de l'outil monétaire. Avec, à l'arrivée, le coup de théâtre du 21 avril 2002, dont elle refuse obstinément de tirer le bilan et de reconnaître la responsabilité. «Céder un peu, c'est capituler beaucoup !»

Face à Le Pen, Chirac fut présenté comme un moindre mal. Et voilà qu'un président élu à 82 % au deuxième tour avec moins de 20 % au premier et sa majorité arrogante poussent les feux de la contre-réforme libérale, bradent ce qui subsiste de services publics, démantèlent les retraites, renchérissent le coût de la santé, sinistrent la recherche et l'éducation, réhabilitent la colonisation. La main criminelle invisible du marché allant de pair avec son poing visible, ils instaurent un état d'exception rampant et subordonnent la justice aux décisions de l'exécutif et de sa police.

Etat d'urgence ? Oui, mais urgence sociale et démocratique. La question n'est pas de savoir si le baril de misères et d'humiliations explosera, mais quand, et dans quelle direction. La campagne unitaire du non de gauche a soulevé l'espoir d'un ressaisissement et d'une contre-attaque. Cet espoir nous oblige. Quatorze ans de Mitterrand plus cinq de Jospin ont démoralisé la gauche. Si 2002 fut un coup de semonce, d'une nouvelle déception pourrait sortir la catastrophe.

Dans les luttes de tous les jours, pour les salaires, les services publics, la protection sociale, l'emploi, contre les logiques d'exception, contre les lois anti-immigrés, la criminalisation des résistances, il faut faire front commun, sans exclusive, socialistes, communistes, Verts, gauche révolutionnaire. Il faut serrer les rangs contre la directive Bolkenstein, contre les contrats nouvelle ou première embauche qui généralisent la précarité. Cette unité dans l'action ne suffit pas pour aller ensemble à des élections qui décident d'une majorité parlementaire, d'un gouvernement ou d'un président de la République. Il y faut une voix capable de porter un projet clairement alternatif et une politique d'espérance.

Nombreux sont ceux et celles qui reconnaissent en Olivier Besancenot un excellent porte-parole, resté 100 % fidèle aux engagements du non de gauche. Mais, avant comme après le congrès de la LCR, la question des contenus est plus importante que celle des noms et des personnes.

Pour porter un projet de société où les solidarités et le bien commun prennent le pas sur la logique du profit et de l'intérêt égoïste, un accord sur des revendications de première urgence est nécessaire mais insuffisant. Il faut aussi s'accorder sur les moyens d'amorcer un changement radical et sur les alliances pour y parvenir. Une ambition limitée à une force de pression pour infléchir à la marge une politique sociale-libérale préparerait de nouvelles désillusions plus amères encore que par le passé.

Le non de gauche a tiré sa force dans l'engagement unitaire à la base. Tous ceux, socialistes, communistes, Verts, syndicalistes, qui ont refusé de constitutionnaliser les orientations d'une Europe antisociale et antidémocratique, doivent tenir le cap et de se rassembler sur un programme anticapitaliste pour une alternative véritable. Nous ne le ferons pas, comme le voudrait la direction du Parti socialiste, en exigeant un contrat de gouvernement en vue d'une gauche plurielle bis, en négociant des strapontins électoraux, en passant des compromis boiteux sur des formules qui n'engagent à rien de précis. Il y a bel et bien deux gauches : une gauche du centre, de gestion et d'accompagnement de la contre-réforme libérale ; une gauche radicale, de résistance et de riposte. Elles ne peuvent gouverner ensemble. Donner suite au non de gauche du 29 mai, c'est rester fidèle aux exigences dont il était porteur.

Le Parti socialiste va désormais utiliser la peur de Sarkozy et de l'extrême droite pour mettre ses alliés sous pression et exiger dès maintenant leur ralliement à un compromis du moindre mal, voire une candidature unique de la gauche synthétisée dès le premier tour. Cette logique implacable renforce la nécessité d'une candidature unitaire issue du non de gauche et fidèle à son mandat anticapitaliste. Malgré les obstacles qui s'accumulent, cette bataille doit être poursuivie tant que subsiste une chance d'aboutir. Le choix est désormais dans les mains des dirigeants communistes et de la gauche des Verts : soit un ralliement, par-delà le clivage du 29 mai, au panache rose défraîchi de François Hollande ; soit une alternative de combat, sociale et démocratique, à l'échelle nationale et européenne. Il en est encore temps. Mais ce temps est compté. C'est l'heure des choix.

faupatronim
 
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Message par faupatronim » 31 Jan 2006, 11:32

Tout cela ressemble déjà aux pleurs d'une maîtresse éconduite :
"Comment peux tu revenir dans le giron de ce monstre, alors que nous pourrions tout recommencer ensemble. Ca fait des années qu'elle est moche et qu'elle ne sait pas faire la cuisine. Je mettrais tout en oeuvre pour que nous nous marrions. Il en est encore temps. Mais ce temps est compté. C'est l'heure des choix."
C'est oublier que malgré ses défauts, c'est la légitime, le PS, qui tient les cordons de la bourse et qui distribuera les postes de notables.
Alors si le PC et les verts ont pu se lancer dans une aventure, elle est assurément sans lendemains, à mon avis.

Mais je suis sûr que ces militants de la ligue le savent pertinemment. Le tout est de ne pas passer, dans leur esprit, pour celui qui partira le premier, laissant l'appartement à l'autre. Même si l'appartement, le référendum, il faut être aveugle pour ne pas voir qu'il n'en reste que des ruines.
faupatronim
 
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Message par canardos » 31 Jan 2006, 11:37

euh, c'est franchement macho et sexiste, l'image de la maitressse éconduite.... et pourquoi pas l'amant éconduit?

surtout en mettant dans la bouche de la dite maitresse des propos comme:

a écrit :"Comment peux tu revenir dans le giron de ce monstre, alors que nous pourrions tout recommencer ensemble. Ca fait des années qu'elle est moche et qu'elle ne sait pas faire la cuisine


et ben, LO a beau se décarcasser le naturel revient vite au galop!
canardos
 
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Message par faupatronim » 31 Jan 2006, 11:41

(canardos @ mardi 31 janvier 2006 à 11:37 a écrit : euh, c'est franchement macho et sexiste, l'image de la maitressse éconduite.... et pourquoi pas l'amant éconduit?

:altharion:
Canardos, je sais que tu es spécialiste !
Va pour l'amant éconduit si tu préfères
faupatronim
 
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Message par Ottokar » 31 Jan 2006, 11:46

et tu changes l'image mon canard ? qu'est-ce qu'il ne sait pas faire l'amant ? la cuisine... ? :D
Ottokar
 
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Message par canardos » 31 Jan 2006, 11:52

et pourquoi pas, au moins on changerait de cliché!
canardos
 
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Message par Serp i Molot » 31 Jan 2006, 12:11

Peut-on "espérer" une union de la gauche ?
Serp i Molot
 
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