Espagne : du riffifi entre factions bourgeoises

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Message par Puig Antich » 08 Jan 2006, 01:00

a écrit :Espagne: général arrêté pour menace contre la Catalogne
Par Christian Galloy

Madrid (LatinReporters.com) - Chef des Forces terrestres, le lieutenant-général José Mena Aguado a été mis samedi aux arrêts domiciliaires. Il sera limogé pour s'être prononcé contre le projet d'autonomie élargie de la Catalogne, avertissant que l'armée pourrait devoir jouer son rôle constitutionnel de garante de l'unité de l'Espagne.

"Le ministre de la Défense, José Bono, a ordonné comme première mesure l'arrêt domiciliaire de huit jours... José Bono transmettra au Conseil des ministres du 13 janvier la proposition de Chef de l'Etat-major de la Défense de démettre le lieutenant-général Mena de son poste de Chef de la Force terrestre" indique un communiqué officiel.

José Mena Aguado, 64 ans, commandait les principales unités de combat de l'armée de terre espagnole, y compris celles basées en Catalogne et au Pays basque, régions agitées par de forts courants indépendantistes. Nommé à ce poste en décembre 2004 par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, il devait passer à la retraite en mars prochain. Cette échéance semble l'avoir encouragé à braver l'interdit qui sépare les militaires de la politique.

Affirmant exprimer "les inquiétudes de mes subordonnés", le lieutenant-général Mena déclarait vendredi que "la préoccupation pour l'unité de l'Espagne a été relancée par la présentation du projet de Statut de la Catalogne". (Actuellement débattu au Congrès espagnol des députés à la demande du Parlement catalan, ce projet polémique vise à élargir l'autonomie de la Catalogne, qui prétend notamment s'ériger en "nation", statut réservé constitutionnellement à l'Espagne).

"Nous avons le devoir d'avertir des graves conséquences que pourrait entraîner l'approbation du Statut de la Catalogne dans sa forme actuelle" poursuivait José Mena Aguado. Il s'exprimait à Séville, siège de l'état-major des Forces terrestres, devant une assemblée de notables politiques et de hauts gradés à l'occasion de la Pascua militar (Epiphanie militaire), célébrée chaque 6 janvier en Espagne.

Au même moment, au palais royal de Madrid, le ministre de la Défense, José Bono, soulignait devant le roi Juan Carlos que putschs militaires et guerres civiles relevaient d'un passé suranné. Le souverain, lui, en appelait à nouveau -ce fut son leitmotiv en 2005- à l'unité de l'Espagne et au respect de la Constitution.

A Séville, le lieutenant-général Mena avertissait et menaçait à la fois: "La Constitution, disait-il, marque une série de limites qu'aucun statut d'autonomie ne peut franchir... Mais, si ces limites étaient dépassées, ce qui en ce moment me paraît heureusement impensable, alors l'article 8 de la Constitution serait applicable".

Et le militaire de rappeler lui-même les termes de cet article 8: "Les Forces armées, constituées par l'Armée de terre, la Marine et l'Armée de l'air, ont pour mission de garantir la souveraineté et l'indépendance de l'Espagne et de défendre son intégrité territoriale et son ordre constitutionnel".

"N'oublions pas, ponctuait le chef des Forces terrestres, que nous avons juré ou promis de garder et de faire garder la Constitution. Et pour nous, les militaires, tout serment ou promesse est une question d'honneur"...

La droite attribue "l'inquiétude" au gouvernement socialiste de M. Zapatero

Un tel "bruit de sabre", comme disent les Espagnols, n'avait plus été entendu depuis les années 80, marquées par le putsch militaire manqué du 23 février 1981, conduit par des officiers contre une démocratie retrouvée qui offrait l'autonomie régionale au Pays basque et à la Catalogne.

Pour le Parti populaire (PP, opposition de droite), un tel saut vers le passé s'expliquerait par les erreurs du gouvernement socialiste de M. Zapatero, partisan d'un élargissement des autonomies régionales et allié aux indépendantistes catalans pour assurer sa stabilité parlementaire.

Croyant percevoir "un climat d'inquiétude et d'instabilité inconnues jusqu'à présent entre les Espagnols", le secrétaire à la Communication du PP, Gabriel Elorriaga, qualifie "d'erreur gravissime, très nuisible aux intérêts de l'Espagne, l'insistance [de M. Zapatero] à conclure avec des partis nationalistes radicaux un accord sur le futur de notre modèle constitutionnel et de notre modèle territorial".

Les socialistes accusent le PP de justifier ainsi les déclarations du lieutenant-général Mena. Diego Lopez Garrido, secrétaire du groupe parlementaire socialiste, voit par ailleurs "en la première arrestation d'un lieutenant-général en démocratie" (quoiqu'un autre, Jaime Milans del Bosch, fut incarcéré au lendemain du putsch de 1981) la preuve de l'engagement du gouvernement à défendre les libertés. Diego Lopez Garrido relève aussi que c'est le chef de l'état-major de la Défense qui a demandé le limogeage du lieutenant-général et il en déduit que le contestataire serait isolé au sein de l'armée.

Ce n'est pas l'avis du journal madrilène El Mundo (centre droit). Sous le titre "Une destitution pertinente, un nouveau motif de réflexion", son éditorialiste, approuvant comme tous ses confrères le limogeage, écrit néanmoins que "les paroles du lieutenant-général [José Mena Aguado], probablement représentatives du sentiment d'une importante institution de l'Etat [l'armée], devraient être un élément de réflexion pour le président Zapatero".

Dans ce contexte, les instituts d'opinion expliquent l'essentiel de la hausse de popularité du PP, revenu dans les sondages à la hauteur des socialistes, par l'opposition d'une forte proportion d'Espagnols au néonationalisme catalan encouragé initialement par M. Zapatero.

Les réactions les plus vives au discours du lieutenant-général Mena sont venues du Pays basque et de la Catalogne. Elles se reflètent dans le titre "Inacceptable harangue putschiste" du quotidien catalan El Periodico. Nationalistes basques et catalans, socialistes, communistes et opposition conservatrice s'accordent au moins sur l'essentiel: ce n'est pas l'armée, soumise au pouvoir civil, qui doit interpréter la Constitution. "Il est absurde de supposer que les militaires puissent décider eux-mêmes quand et de quelle manière ils doivent accomplir leur mission constitutionnelle" résume le quotidien pro-socialiste El Pais.

Joan Puig, député de la Gauche républicaine catalane (ERC, indépendantiste), rappelle que son parti réclame depuis longtemps la modification de l'article 8 de la Constitution "afin que nul ne se lance à l'aventure"... Le 6 octobre 1934, dans une Catalogne jouissant déjà d'une autonomie régionale, l'aventurier fut pourtant Lluis Companys, figure historique d'ERC. Il proclamait unilatéralement "l'Etat catalan", forçant l'intervention de l'armée espagnole. L'armée de la République. Pas encore celle de Franco.

LatinReporters.com est un collectif de journalistes qui analysent l'actualité latino-américaine et espagnole. Le texte de cet article peut être reproduit aux conditions explicitées sur le site http://www.latinreporters.com
Puig Antich
 
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Message par faupatronim » 09 Jan 2006, 10:51

(Le Monde @ 8 janvier 2006 a écrit :Un général espagnol s'insurge contre l'autonomie de la Catalogne

Le jour de la commémoration de la " Pascua Militar " - le jour où le roi reçoit au Palais royal les hautes autorités militaires - du 6 janvier 2006 ne s'oubliera pas de sitôt en Espagne. Les déclarations, à Séville, du général José Mena Aguado ont provoqué un véritable scandale. Ce général de corps d'armée, un des trois adjoints du chef d'état-major de l'armée de terre, a averti, vendredi, que les militaires seraient en droit d'intervenir si le futur statut de la Catalogne outrepassait " les limites " de la Constitution. Selon l'article VIII de la Loi fondamentale, " les forces armées, constituées par l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air, ont pour mission de garantir la souveraineté et l'indépendance de l'Espagne, de défendre son intégrité et l'ordre constitutionnel. "

" Les militaires ne doivent pas entrer dans des commentaires politiques (...) mais c'est notre obligation d'alerter ", s'est expliqué le général Mena, précisant que " le fait que dans une région autonome, la connaissance de sa langue propre devienne une obligation est une aspiration démesurée qui obligerait les forces armées à prendre en charge la destinée de cette région. "

Le général José Mena Aguado, à trois mois de sa retraite après quarante ans de carrière, faisait une allusion directe au projet d'élargissement du statut de la région de la Catalogne qui doit être débattu en 2006 au Parlement. Depuis plusieurs mois, ce dossier provoque de très vives querelles politiques entre les socialistes, au gouvernement, les partis nationalistes catalans et l'opposition de droite du Parti populaire (PP), qui met en garde contre une balkanisation du pays. Le projet déposé par le gouvernement catalan (composé par les socialistes et les indépendantistes catalans) prévoit notamment de qualifier la Catalogne de " nation " et de lui octroyer de larges prérogatives fiscales et judiciaires.

PROPOS " INADMISSIBLES "

Les réactions aux déclarations du général ne se sont pas fait attendre. Le chef d'état-major de la défense, Felix Sanz Roldan, a proposé, vendredi soir 6 janvier, la destitution de général José Mena Aguado, qui a été convoqué au ministère de la défense. Son départ devait être annoncé samedi matin par le ministre, José Bono. Peu avant cette réaction du chef d'état-major de la défense, les partis espagnols nationalistes étaient montés au créneau, en qualifiant ces propos d'" inadmissibles " et " inacceptables ".

Inévitablement, le discours du général Mena Aguado a réveillé le souvenir de la tentative de putsch militaire de février 1981, avortée grâce à l'intervention du Roi Juan Carlos, après le retour à la démocratie. Pour autant, nul en Espagne n'imagine une telle situation aujourd'hui. Plus qu'une réelle menace, les affirmations d'un responsable militaire si haut placé reflètent la crispation politique actuelle autour du débat sur le projet du statut de la Catalogne. Le responsable de la communication du PP, dans l'opposition, Gabriel Elorriaga, a jugé " inévitable " que des prises de position de ce type se produisent. Elles " sont le reflet de la situation que l'on vit " a-t-il ajouté. Il en a d'ailleurs profité pour accuser le chef du gouvernement socialiste, Jose Luis Rodriguez Zapatero, de prendre le dossier catalan trop à la légère. La querelle a donc repris de plus belle, le Parti socialiste, mettant en cause " l'attitude irresponsable " du PP et sa manière " partisane " d'utiliser les déclarations du général.

Les socialistes et les indépendantistes catalans sont à un moment crucial de la négociation. Le gouvernement avait insisté pour parvenir à un accord avant le 30 décembre 2005, en vain. La pression augmente donc de jour en jour et les négociations semblent achopper sur l'inclusion ou non du terme " nation " dans le projet d'élargissement du statut de la Catalogne, ainsi que sur le système fiscal.

Le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, qui tente par tous les moyens de calmer le jeu, se retrouve à jouer un numéro d'équilibriste entre une opposition agressive et la nécessité de parvenir à un accord sur ce projet, soutenu par les indépendantistes et socialistes de Catalogne. Des indépendantistes dont dépend d'ailleurs le gouvernement espagnol pour soutenir sa majorité parlementaire.
faupatronim
 
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Message par Puig Antich » 12 Jan 2006, 01:05

(lutte ouvrière a écrit :Espagne : Tradition militaire et tradition politique

Ce 7 janvier, le général Mena, haut responsable des forces terrestres de l'armée espagnole, est intervenu brutalement dans le débat parlementaire en cours sur l'élargissement de l'autonomie de la Catalogne. Il a déclaré que, si ce statut était accordé en l'état, "l'armée pourrait avoir à jouer son rôle constitutionnel de garant de l'unité de l'Espagne".

Même si elle a été prononcée lors d'une fête, cette déclaration appelant l'armée à intervenir dans la vie politique ne pouvait passer inaperçue, dans un pays qui a vécu sous une dictature militaire jusqu'en 1975. D'autant plus que le général Mena affirme refléter l'opinion d'une grande partie des militaires. Pour l'instant il n'exprime en tout cas pas celle de l'état-major, puisque ce dernier l'a mis aux arrêts domiciliaires et a recommandé au gouvernement de le destituer.

Beaucoup de commentateurs, particulièrement ceux qui sont proches du gouvernement socialiste espagnol actuel, voient dans cette attitude de l'état-major la preuve que le général Mena est un réactionnaire isolé, que l'armée espagnole n'est plus une armée de guerre civile comme au temps de Franco et qu'elle respecte dorénavant le pouvoir politique tel qu'il est sorti des urnes, la Constitution, etc. C'est aussi ce que disaient les grands-parents politiques de ces gens-là le matin même du 18 juillet 1936, alors que l'armée de Franco était déjà mutinée contre eux...

Le Parti Populaire, celui de l'ex-premier ministre de droite Aznar, n'a pas, quant à lui, condamné le général Mena, précisant que c'est la politique du gouvernement socialiste qui attire inévitablement ce genre de réactions. C'est là aussi ce que les lointains prédécesseurs d'Aznar disaient en 1936... avant de se rallier à Franco.

Visiblement, les partis de gauche et de droite n'ont pas fondamentalement changé de politique depuis cette date. Et l'armée non plus, quoi qu'ils en disent!

Paul GALOIS
Puig Antich
 
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Message par faupatronim » 20 Jan 2006, 16:02

(Le Figaro @ 20 janvier 2006 a écrit :La grogne de l'armée contre le gouvernement espagnol


Espagne Le projet de renforcement de l'autonomie de la Catalogne a déclenché les protestations de certains hauts gradés, qui considèrent que l'unité du pays est menacée.


Diane Cambon



«LES MILITAIRES ne sont pas là pour défendre l'Espagne des rois catholiques, mais pour défendre les Espagnols en accord avec la Constitution et le pouvoir élu dans les urnes», a rappelé avec fermeté le ministre de la Défense, José Bono. Il a confirmé hier qu'il allait sanctionner un officier – le second en une semaine – qui s'en est pris à la politique du président du gouvernement socialiste, José Luis Zapatero.


Cette nouvelle affaire faisait hier la une de toute la presse espagnole. Dans une longue lettre publiée, la veille, dans le quotidien Melilla Hoy, Roberto Gonzalez Calderon, capitaine d'un bataillon de la Légion espagnole à Melilla, enclave espagnole au Maroc, s'est insurgé contre les tendances centrifuges dans le royaume. Son coup d'éclat a suivi de quelques jours le limogeage d'un général de l'armée de terre, qui avait envisagé la possibilité d'une intervention militaire si la réforme du statut d'autonomie de la Catalogne ne respectait pas la Constitution espagnole.


Le capitaine Gonzales Calderon s'en est pris, de même, au futur statut d'autonomie catalan, dont le texte, qui vise à accroître les prérogatives de cette riche région, est en cours de négociation entre Madrid et Barcelone. «Il y a un malaise au sein et à l'extérieur des forces armées sur la façon dont on est en train de démembrer notre Espagne», a affirmé le capitaine. Et de poursuivre : «Nos politiciens ont sacrifié l'idée de nation et de patrie pour augmenter leur pouvoir.» Il s'agit là d'une allusion aux alliances parlementaires nouées par les socialistes avec les indépendantistes républicains catalans.


Le légionnaire a mis en garde le gouvernement Zapatero contre des comportements antiespagnols de plus en plus fréquents dans les régions dirigées par des nationalistes, tels que les drapeaux espagnols brûlés en Catalogne ou les insultes formulées à l'encontre de l'armée. Dans sa missive, il s'est livré enfin à une attaque en règle contre la politique sociale de Zapatero, considérée comme «contraire à l'idée de l'Espagne, de l'Eglise, de la famille».

Militaires «rebelles»


Gonzales Calderon avait même envisagé dans un premier temps de se rendre en personne au ministère de la Défense à Madrid, à la tête de ses hommes, pour remettre ladite lettre en main propre à M. Bono. L'officier, qui dirige un bataillon dénommé «Commandant Franco», aurait ainsi ravivé les fantômes du passé : en juillet 1936, le général Francisco Franco avait provoqué le soulèvement de la garnison espagnole de Melilla, donnant le coup d'envoi de la guerre civile.


La grogne est d'autant plus préoccupante pour le pouvoir qu'elle semble recueillir l'assentiment d'une partie de la hiérarchie militaire. La semaine dernière, le quotidien ultraconservateur La Razon publiait une lettre d'appui aux militaires «rebelles» signée par trois gradés en activité et 50 officiers à la retraite. Ces déclarations «sont le reflet fidèle de l'opinion et de l'inquiétude de nombre d'officiers (...) Une opinion et un sentiment que, sans nul doute, le gouvernement devait connaître parfaitement à travers d'autres canaux officiels, en particulier les services de renseignements du ministère de la Défense», assurent les signataires.


Cette prise de position publique est une première depuis la tentative de putsch militaire du 23 février 1981, mené par le lieutenant-colonel Antonio Tejero. Elle tranche sur la réserve observée depuis lors par les généraux espagnols, qui suivent l'exemple du chef des armées, le roi Juan Carlos.

faupatronim
 
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Message par Puig Antich » 20 Jan 2006, 16:09

Cette triste farce a au moins le mérite de rappeler la continuité de l'état bourgeois dans toutes les formes qu'il prise en espagne depuis les années 30 jusqu'aujourd'hui.
Puig Antich
 
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