dans le Monde, à propos du rallongement officiel d'une seconde de la journée....
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[center]L'inexorable ralentissement de la Terre[/center]
LE MONDE | 30.12.05 |
Il y a 400 millions d'années, le jour terrestre moyen durait environ 22 heures, si l'on en croit les modélisations informatiques. Dans moins de 200 millions d'années, nos lointains successeurs devront-ils inventer la journée de 25 heures ? Sans doute, si le ralentissement de la rotation de la Terre continue de s'amplifier.
A quoi est-il dû ? "Principalement au phénomène de marées créé par l'attraction de la Lune et du Soleil sur la Terre, explique Daniel Gambis, l'astronome de l'Observatoire de Paris qui décide les secondes intercalaires au nom du Service international de la rotation terrestre (IERS). Le frottement de l'eau sur le fond des mers peu profondes déclenche un effet de friction qui dissipe de l'énergie et provoque donc un ralentissement de la rotation, faible mais régulier." Sur le très long terme, c'est ce mouvement, en faisant perdre environ 1,5 milliseconde par siècle sur la durée du jour, qui finit par s'imposer.
D'autres variations, sensibles à des échelles de temps plus restreintes, peuvent momentanément contrarier ou amplifier cette tendance générale. Sur dix ans, les effets les plus sensibles sont ceux de l'interaction entre le noyau et le manteau de la Terre. Ils ont ainsi pu déclencher récemment une légère accélération, qui explique qu'aucune seconde intercalaire n'ait été rendue nécessaire entre les 31 décembre 1998 et 2005.
A une échelle inférieure à deux années, ce sont les phénomènes atmosphériques qui peuvent jouer un rôle. Tout changement dans le régime général des vents perturbe ainsi la rotation.
Si les scientifiques peinent encore à démêler exactement les causes du ralentissement, ils en connaissent très bien les proportions. Lorsqu'il doit déterminer les variations de la rotation, M. Gambis peut compter sur une batterie de techniques. A l'astrométrie classique, qui permettait des mesures de position entre la Terre et certaines étoiles, a succédé le tir de laser sur des satellites-réflecteurs. Mais la précision s'est encore améliorée depuis l'avènement de l'interférométrie de très longue base qui permet de se servir des quasars, des trous noirs qui absorbent de la matière en émettant des radiations avec une régularité digne des horloges atomiques. Ils sont situés si loin qu'ils peuvent nous apparaître comme parfaitement immobiles, points de repère rêvés des arpenteurs de l'espace et du temps.
Jérôme Fenoglio