
Comme koa......
a écrit : Que la bourgeoisie ne joue plus de role progressiste, cela ne veut pas dire que ça y est tout ce que peut faire la bourgeoisie est forcément néfaste et à combattre en profondeur. Cela veut simplement dire que le capitalisme freine énormément le développement économique et social du fait de son anarchie économique.
(Léandre @ mercredi 5 mars 2003 à 00:44 a écrit :
Bien sur, il faut émettre de nombreuses réserves. Notamment, un abolition des frontières parait inconcevable, mais commencer par une fédération ? Certains y pense d'ailleurs de plus en plus fort.
Il n'y a pas de principe marxiste contre ça, et cela ne remet pas en cause la nécessité d'une révolution internationale des travailleurs.
(extrait congrès LO décembre 2000 a écrit :L'Europe
Malgré l'interdépendance économique des différents pays d'Europe, il n'y a toujours pas d'économie européenne, au sens où il y a une économie des Etats-Unis ou du Japon. L'Union européenne reste une coalition hétéroclite d'Etats d'accord entre eux pour créer un espace économique unique mais chaque Etat ayant comme préoccupation prioritaire de favoriser la position de ses propres groupes capitalistes dans cet espace unique.
Sur le plan politique, l'Union européenne et ses institutions n'ont pas mis fin aux rivalités nationales, c'est-à-dire aux rivalités entre leurs bourgeoisies respectives. Les institutions européennes sont surtout destinées à leur fournir un cadre où elles peuvent surmonter leurs divergences de manière pacifique. Les organes exécutifs des institutions européennes sont, rappelons-le, l'émanation des Etats nationaux. Les décisions essentielles continuent à être prises par le Conseil européen, réunion des chefs d'Etat ou de gouvernement des pays membres, ou encore par les Conseils de ministres, réunissant les ministres concernés des différents pays. Quant à la Commission européenne, dite "Commission de Bruxelles", si elle assure la permanence d'une sorte d'exécutif, elle est composée de représentants des Etats membres, et sa politique est en conséquence l'expression du compromis dégagé par la confrontation des volontés respectives de ceux-ci.
Le Parlement européen, seule institution qui ne soit pas l'émanation directe des Etats, n'a pour fonction que de fournir une caution pseudo-démocratique à des décisions prises par ailleurs. Les prérogatives qui lui sont conférées depuis le Traité d'Amsterdam, notamment celle de "co-décision" avec la Commission européenne dans un certain nombre de domaines, peuvent facilement être contournées.
C'est dire qu'il n'y a pas d'Etat européen, pas même sous une forme embryonnaire. Il y a une délégation de pouvoir pour déblayer d'un commun accord ce qui, dans les législations nationales, dans les régulations diverses, fragmente le marché européen en un assemblage de marchés nationaux.
Malgré l'interdépendance de longue date des économies des différents pays d'Europe, chacun de ces pays a sa propre histoire économique, marquée avant tout par les liens tissés au long de cette histoire entre chaque bourgeoisie et son Etat national. Ces liens n'ont pas disparu et ils ne se sont même pas affaiblis avec la construction européenne. Au contraire, pourrait-on dire. Les bourgeoisies nationales ont besoin de leurs Etats respectifs pour représenter leurs intérêts spécifiques dans l'arène du marché devenu plus ou moins commun. En revanche, le développement historique dans le cadre national a laissé une multitude de scories dans les pratiques économiques, dans les normes, dans les régulations qui ont pu avoir un sens et un intérêt pour telle ou telle bourgeoisie, à tel ou tel moment de son histoire, mais qui, aujourd'hui, fragmentent inutilement le marché. Pour ne prendre que cet exemple-là, l'adoption par la France de la définition dite SECAM pour les écrans de télévision était, en son temps, une mesure protectionniste des fabricants français de téléviseurs à l'égard, en particulier, de leurs concurrents allemands ayant adopté la définition dite Pal ou américains, adeptes du NTSC. Cette singularité est aujourd'hui plutôt un désavantage sur le marché mondial. Même dans les domaines cependant où l'homogénéisation des normes est de l'intérêt des trusts de toutes nationalités, reste ouverte la question : qui parviendra à imposer ses propres normes comme la norme commune ?
L'essentiel des activités des institutions européennes est en tout cas de tenter d'homogénéiser les pratiques dans une multitude de domaines allant de la couleur des phares d'automobile à la taille et à l'âge à partir desquels les poissons peuvent être pêchés industriellement, en passant par la quantité de monoxyde de carbone autorisée dans les gaz d'échappement ou encore la quantité de graisses végétales autorisée dans le chocolat. Même cette homogénéisation des normes où le Parlement est d'autant plus volontiers convié qu'il donne aux décisions prises la caution de "l'opinion publique" est cependant un processus lent. Non seulement parce que le nombre de produits est grand et les normes plus ou moins diverses entre les quinze pays de l'Union, mais parce que chaque décision, pouvant favoriser un groupe industriel contre un autre, fait l'objet d'âpres marchandages autour de la Commission de Bruxelles et d'un "lobbying" intense autour du Parlement européen.
Tous ces marchandages ne contribuent cependant à unifier que le marché mais pas les capitaux. Malgré tous les traités depuis la signature de l'acte fondateur du Marché commun, en 1956, malgré la mise en place d'un nombre croissant d'institutions avec toute une bureaucratie européenne, il n'y a pas eu d'émergence d'un capital européen. Il est significatif, par exemple, que, si l'Europe a connu durant les dernières années, comme l'ensemble du monde impérialiste, un grand nombre de fusions-acquisitions, le pourcentage de fusions concernant deux entreprises européennes de pays différents (23 %) non seulement a été inférieur à celui des fusions entre trusts d'un même pays (44,5 %), mais il a même été inférieur à celui des fusions entre groupes capitalistes d'un pays européen et groupes extérieurs à l'Europe (américains, japonais, etc.) (32,5 %).
En outre, sur les cinq dernières années, si les fusions entre trusts nationaux ont eu tendance à baisser, cela a été au profit des fusions avec un partenaire non européen alors que les fusions proprement européennes stagnent. L'automobile en est bien l'illustration, avec Mercedès-Benz qui s'est alliée à l'américain Chrysler et Renault qui a mis la main sur le japonais Nissan.
Le grand titre de gloire de l'Union européenne est la mise en place d'une monnaie unique, l'euro. Rappelons cependant que l'euro n'est la monnaie unique que de onze pays sur les quinze qui forment l'Union européenne. Il a fallu inventer des néologismes du genre "euroland" pour décrire un état de choses où l'Union européenne n'est pas si unie que cela sur une question essentielle. Et, parmi les quatre pays qui gardent leur monnaie, il y a une des principales puissances économiques d'Europe, la Grande-Bretagne. L'existence de l'euro met certes les échanges entre pays européens à l'abri des fluctuations monétaires. C'est un avantage non négligeable car l'essentiel du commerce extérieur des pays européens se déroule à l'intérieur de l'Union européenne.
La mise en place de l'euro n'a, en revanche, pas atteint l'un de ses objectifs essentiels, c'est-à-dire concurrencer le dollar sur les marchés internationaux. Il n'a même pas freiné la spéculation avec le dollar ni avec le yen, voire même avec la livre sterling britannique. A certains égards, les taux de change sont même devenus plus volatils en raison de l'hétérogénéité des onze pays ayant adopté l'euro. Depuis sa naissance, le 1er janvier 1999, l'euro a, en tout cas, perdu plus de 25 % de sa valeur par rapport au dollar et même à la livre sterling, et plus encore par rapport au yen. Et, malgré les déclarations tonitruantes des dirigeants européens sur la sous-évaluation de l'euro, les spéculateurs n'ont pas l'air d'arrêter de jouer contre la monnaie européenne. Cette baisse de la valeur de l'euro favorise momentanément les capitalistes exportateurs mais renchérit en même temps les importations. Et, surtout, elle compromet et c'est un euphémisme l'ambition de l'euro de devenir une monnaie de transaction sur le marché mondial et une monnaie de réserve en concurrence avec le dollar.
Et, enfin, bien que ce soit précisément à la fin de l'année prochaine que l'euro doive remplacer dans les onze pays concernés la monnaie nationale, personne, pas même ses promoteurs, n'est certain de sa pérennité.
L'avenir dira si les Etats parviendront à avancer sur la voie d'une Europe fédérale ou si le piétinement actuel indique le maximum de ce que les différentes bourgeoisies d'Europe acceptent de faire ensemble. Ce n'est pas, en tout cas pas seulement, une question de Constitution, mais c'est surtout une question de rapports de forces, avant tout, entre les trois impérialismes dominant l'Europe, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne.
La Grande-Bretagne n'a même pas accepté jusqu'à présent la monnaie unique.
Quant à la bourgeoisie allemande, la dégringolade de l'euro, si elle se poursuit, la mettra devant le choix difficile entre une monnaie solide, le deutsche mark, mais qui n'est la monnaie que d'une économie étroite, et l'euro qui, malgré sa prétention à être la monnaie d'une entité plus vaste, est une monnaie faible.
Pour ce qui est de la France, son enthousiasme pour l'Europe est largement conditionné par les avantages qu'elle tire de la politique agricole commune, ainsi que par les soutiens qu'elle trouve auprès des institutions européennes pour la préservation de ses intérêts dans son ancien empire colonial ou dans ses dépendances d'outre-mer.
En outre, si l'avenir de l'Europe est lié avant tout à l'accord entre ces trois principales puissances impérialistes de l'Europe, il est d'autant moins dit qu'elles parviendront à imposer leurs quatre volontés aux impérialismes mineurs (notamment espagnol, italien, belge ou hollandais) que de subtiles alliances d'intérêts prolongent, parmi ces derniers, la rivalité entre les trois impérialismes dominants.
De façon plus générale, si les impérialismes européens ont intérêt à s'unir sous peine d'être condamnés à l'insignifiance face à la concurrence américaine ou japonaise sur le marché mondial, les relations que chacun entretient avec les Etats-Unis et leur économie sont fort différentes d'un impérialisme européen à l'autre. Dans bien des marchandages entre les Etats-Unis et l'Union européenne, cette dernière est incapable de présenter un front uni car les intérêts de telle ou telle de ses composantes sont plus en convergence avec les intérêts du capitalisme américain qu'avec ceux des "partenaires" européens.
Le problème de l'élargissement de l'Union européenne aux douze pays candidats fait resurgir les divergences. Sur le plan simplement juridique, cette intégration pose le problème d'une réforme des institutions et de leur fonctionnement. La discussion autour de cette réforme pourra être le support pour exprimer bien d'autres divergences d'intérêts. Si les principales puissances impérialistes de l'Europe semblent plutôt partisanes de l'élargissement qui facilitera la mainmise de leurs trusts sur l'économie des pays candidats, elles en sont partisanes à des degrés différents et en étant prêtes à payer un prix plus ou moins élevé.
Il n'est, par exemple, pas évident que les bénéficiaires des subventions européennes à l'agriculture, parmi lesquels la France vient en tête, acceptent que cet avantage soit étendu à la Pologne ou à la Hongrie. Comme il n'est pas dit que les pays qui bénéficient le plus des aides et des subventions des fonds européens dits "structurels" acceptent que leur part soit réduite au profit de nouveaux adhérents.
L'élargissement de l'Union européenne, au lieu de la renforcer dans la compétition internationale contre les Etats-Unis ou le Japon, peut, au contraire, souligner l'hétérogénéité de cette Union et sa fragilité. Ce n'est pas par hasard que, dans les cercles dirigeants de l'impérialisme français ou allemand, on discute de manière plus ou moins feutrée d'une Europe à deux vitesses, institutionnalisant davantage la domination des grandes puissances sur les autres pays de l'Union européenne. Mais, de toute façon, cette Europe à deux vitesses existe déjà, en dedans comme en dehors des frontières actuelles de l'Union européenne où le rôle dévolu aux pays non impérialistes est simplement d'élargir l'espace économique dans lequel se déroulera la compétition entre les grands trusts.
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