Assises de l’anticolonialisme post-colonial

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Message par pelon » 16 Avr 2005, 10:11

Voici la position d'une minorité de la LCR sur ces assises de l'anticolonialisme. Il s'agit, à mon avis, d'une opération des "tolérants du voile". Sont-ce les idiots utiles des intégristes, des militants complètement déboussolés ? A votre avis ?
Des caractères ont été mis en gras par moi car toute la manoeuvre est là. Le reste n'est qu'un habillage politicien d'extrême-gauche de pseudo soutien aux populations issues de l'immigration.

a écrit :
Un débat au sein de la LCR
La LCR doit participer aux assises


Depuis quelques semaines, circule un appel pour des « Assises de l’anticolonialisme post-colonial ». La semaine dernière, s’exprimait dans ces colonnes la majorité de la direction nationale. Cette semaine, les signataires défendent une démarche positive à l’égard de cette initiative.L’« Appel des indigènes de la République » est un cri de colère légitime. La pertinence d’organiser des assises de l’anticolonialisme postcolonial devrait éclater pour nous comme une évidence. Surtout dans une actualité marquée par une offensive de réhabilitation du passé colonial et de stigmatisation de la jeunesse issue de l’immigration. Les députés UMP ont voté, le 23 février, une loi imposant à la recherche universitaire et aux programmes scolaires une histoire officielle sur le « rôle positif » de la colonisation française, « notamment en Afrique du Nord ». Le député UMP Benisti a rendu à Villepin son rapport sur la prévention de la délinquance, qui prépare une future loi et propose de supprimer le bilinguisme avant l’âge de douze ans dans les familles immigrées car, c’est bien connu, si on ne parle pas que le français à la maison dès le plus jeune âge, on tourne vite délinquant. Comment ne pas voir un continuum entre l’idéologie coloniale et les discriminations que vivent les populations issues de l’immigration ? La raison aurait voulu que la LCR s’engage en faveur des « assises de l’anticolonialisme postcolonial ». « La raison s’affole » Malheureusement, « la raison s’affole », comme l’écrivent dans Libération du 21 mars Daniel Bensaïd, Samy Johsua et Roseline Vachetta... sans voir que l’irrationnel n’épargne pas leurs propres arguments. Au lieu de s’inscrire positivement dans le projet des assises, ils préfèrent attribuer à l’appel l’idée d’un « héritage de l’oppression subie et, par contrecoup, de la culpabilité des oppresseurs », la revendication d’un « droit du sang » des discriminés, une entreprise de « division passionnelle » qui « tend à ethniciser ou à confessionnaliser les conflits politiques ». Pourtant, nulle part, l’appel ne rend les descendants des colons ou esclavagistes français coupables du passé de leurs ancêtres. Au contraire, il se proclame héritier « de ces Français qui ont résisté à la barbarie nazie et de tous ceux qui se sont engagés avec les opprimés, démontrant, par leur engagement et leurs sacrifices, que la lutte anticoloniale est indissociable du combat pour l’égalité sociale, la justice et la citoyenneté ». Où est la prétendue « essentialisation d’une nature coloniale éternelle » ? Où est la prétendue tendance « à confessionnaliser les conflits politiques » lorsque l’appel proclame : « Dien Bien Phu n’est pas une défaite mais une victoire de la liberté, de l’égalité et de la fraternité ! » ou lorsqu’il se déclare « aux côtés de tous les peuples (de l’Afrique à la Palestine, de l’Irak à la Tchétchénie, des Caraïbes à l’Amérique latine...) qui luttent pour leur émancipation » ? En réalité, il n’est pas question d’héritage de sang, mais de transmission culturelle des représentations. Le fait que l’histoire coloniale n’est pas l’entrée exclusive pour rendre compte des discriminations racistes n’implique pas que cette entrée soit insignifiante ou inopérante. Après l’arrêt de la politique d’immigration en provenance du Maghreb associée aux années de croissance, le regroupement familial a, depuis plusieurs décennies, modifié massivement pour les nouvelles générations le rapport à la France : hier, il s’agissait pour leurs parents d’une terre d’emploi passager ; aujourd’hui, pour les « première, deuxième, troisième générations », c’est « on s’en fout, on est chez nous » qui est la motivation de la colère, face aux discriminations. Une volonté d’être égaux. Pas un communautarisme... Dire, comme l’appel qu’une offensive réactionnaire se dissimule « frauduleusement » sous les drapeaux de la « laïcité, de la citoyenneté et du féminisme », et qu’il s’agit d’une « imposture », ce n’est pas mettre en accusation les valeurs de gauche. C’est au contraire s’en réclamer et dénoncer leur détournement à d’autres fins. Pourquoi ressentir un malaise quand l’appel affirme que « l’idéologie coloniale perdure, transversale aux grands courants d’idées qui composent le champ politique français » ? Nous n’ignorons ni le rôle de la social-démocratie dans les guerres coloniales comme lieutenant zélé de l’impérialisme, ni le poids des courants chauvins dans l’histoire du PCF. Nous n’avons pas à nous sentir visés, nous qui n’avons jamais transigé dans la lutte contre l’impérialisme et la Françafrique. Le même appel n’aurait probablement pas suscité la même hostilité avant la controverse sur l’interdiction du voile à l’école. Pourtant, l’Appel n’évoque la loi de Chirac qu’en une courte phrase : « Discriminatoire, sexiste, raciste, la loi antifoulard est une loi d’exception aux relents coloniaux. » Puisque, comme le rappellent les auteurs de la tribune de Libération, la LCR a condamné ladite loi comme discriminatoire, pourquoi se sentir agressés ? Sinon parce que nous n’avons pas combattu les exclusions. La loi frappe principalement les jeunes filles musulmanes, elle a libéré le racisme antimusulmans. N’est-ce pas ce qui doit dominer dans notre jugement, au lieu de s’offusquer des formulations du texte qui dénonce la loi comme sexiste et raciste ? L’appel n’aborde pas le sujet des différentes interprétations assignées au foulard. Pourquoi lui attribuer une analyse sur la question et décréter que les signataires de l’appel veulent « criminaliser » les divergences ? Combat commun Cette hostilité de la LCR envers l’appel nous aura valu les honneurs de Marianne et les félicitations de Respublica. Susciter l’enthousiasme des nationaux-républicains n’a rien de glorieux, mais ce n’est pas le plus grave. Le plus grave, c’est la méfiance que nous risquons de susciter auprès de militantes et de militants dont Daniel Bensaïd, Samy Joshua et Roseline Vachetta reconnaissent qu’ils « sont nos amis, des alliés de toujours dans le combat pour l’égalité et contre le racisme, et le resteront ». C’est effectivement le cas, et il convient d’en finir avec la rumeur entendue jusque dans nos rangs et qui voit une force politique derrière les Assises : l’islamisme ? La « raison s’affole », en effet. Au lieu de s’acharner à voir à tout prix dans cet appel un texte de division qui attiserait les haines, entendons ce qu’il dit explicitement : il se propose d’interpeller « l’ensemble de la société française, dans la perspective d’un combat commun de tous les opprimés et exploités pour une démocratie sociale véritablement égalitaire et universelle ». Cette perspective est la nôtre. C’est pourquoi il convient que la LCR s’inscrive positivement dans le projet des assises de l’anticolonialisme, et d’une Marche le 8 mai, double 60e anniversaire de la capitulation nazie et du massacre colonialiste de Sétif et Guelma. Qu’avons-nous à craindre ? L’émergence d’une dynamique autonome n’est pas une menace pour l’unité du mouvement antiraciste, déjà passablement divisé, non par l’appel, mais entre autres par des organisations qui, comme SOS-Racisme, ont étalé leur complaisance avec la loi Chirac. Il y a longtemps que nous savons qu’autonomie et unité ne s’excluent pas. Prenons nos responsabilités pour œuvrer à la convergence de luttes nécessaires et contribuer au travail de mémoire digne de nos engagements anticolonialistes de longue date.

Léonce Aguirre, Léon Crémieux Sandra Demarcq, Jacques Fortin, Catherine Samary, Emmanuel Sieglmann, Flavia Verri

Pour lire l’appel : TouTEsEgaux.net.

2005-04-14 15:30:52


Pour ceux qui auraient des doutes sur la manoeuvre politique, ils peuvent aller sur le site "toutesegaux". Il y a entre autres le soutien du père des soeurs Lévy qui avaient essayé, on s'en souvient, d'imposer le voile à l'école.

Ceux qui liront l'appel en question y trouveront :
a écrit :
Frauduleusement camouflée sous les drapeaux de la laïcité, de la citoyenneté et du féminisme, cette offensive réactionnaire s’empare des cerveaux et reconfigure la scène politique. Elle produit des ravages dans la société française. Déjà, elle est parvenue à imposer sa rhétorique au sein même des forces progressistes, comme une gangrène. Attribuer le monopole de l’imaginaire colonial et raciste à la seule extrême-droite est une imposture politique et historique. L’idéologie coloniale perdure, transversale aux grands courants d’idées qui composent le champ politique français.

Eh oui, c'est clair, chers amis. Le monopole de "l'imaginaire colonial et raciste", les anti-voiles le partagent avec l'extrême-droite.
Cette insulte, je ne l'accepte pas. Venant des intégristes, cela ne m'étonne pas. Quand à Aguirre (et compagnie) solidaires de ce texte je ne lui conseille pas de m'adresser la parole. Je sais répondre aux insultes avec les arguments qui conviennent.
pelon
 
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Message par Davidoulia » 16 Avr 2005, 10:49

Ce texte a effectivement été écrit par des camarades de la "minorité voile".
Comme on est cool (trop), on leur a laissé une tribune dans Rouge, après avoir publié la position majoritaire.
Davidoulia
 
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Message par Pascal » 16 Avr 2005, 11:10

Quelques mots à propos des différents textes appelant à ces assises :

1) Le racisme n'y est analysé que comme une conséquence du "passé colonial de la France". Or, les Rroms, Gitans et autres peuples du voyages sont certainement parmi ceux qui subissent le plus de discriminations racistes en Europe, même s'ils ne sont pas un "peuple colonisé". A tel point que des dirigeants politiques peuvent se permettre de cracher leur haine à l'encontre de ces peuples, qu'il arrive que des parents d'élèves fassent des pétitions pour fermer des classes pour "enfants du voyage" dans les écoles, etc, etc...
Quant au racisme toujours, les turcs, ou leurs enfants, le subissent également, même si la Turquie n'a pas non plus été colonisée par la France. On pourrait aussi parler de la situation des réfugiés et immigrés de l'ex-URSS, qui, eux aussi, subissent les lois contrôlant l'immigration, se font expulser, etc, etc.

2) De la même façon, la "politique des banlieues" y est assimilée à une résurgence du colonialisme. Or, ce qui fait que l'on vive en banlieue, ce n'est pas les origines géographiques, mais bien la condition sociale. Dans les cités HLM vivent de nombreux ouvriers, chômeurs, employés, et autres travailleurs qui ne sont pas originaires des colonies ou ex-colonies.

Bref sur ces deux points, en opposant les "indigènes" à "la France", et non pas en dénonçant le racisme et les discriminations en soi, ni en opposant prolétaires (de toutes origines) aux bourgeois, les signataires de ce texte créent une division arbitraire.

Bien sûr, ces deux points, si le texte émanait de personnes révoltées et peu politisées, pourraient être l'occasion de discussions.

Mais ce n'est pas le cas : on trouve dans ce collectif tout un tas d'associations et de groupes qui ont organisé la campagne "pour le droit au port du voile", dont de nombreux groupes religieux. On trouve même, dans le programme de ces assises, des réunions publiques animées par... Tarik Ramadan ! Or, ce type n'est pas, n'a jamais été, et ne sera jamais un camarade, c'est un réactionnaire, lié aux Frères Musulmans, et les révolutionnaires n'ont rien à faire avec quelqu'un comme lui.

D'ailleurs, on peut noter, y compris dans le texte de la minorité de la LCR une position qui me semble curieuse ; il y est en effet question de :

a écrit : racisme antimusulmans


Ainsi le racisme dont sont victimes les arabes serait du "racisme anti-musulmans" ? Lorsque des racistes s'en prennent aux arabes se serait à cause de la religion ? Et bien non, le racisme que subisse les arabes (même si des racistes jouent la carte de la "peur de l'islam") n'est pas qu'une question de religion ! Les "blagues" racistes, les discours racistes, et les agressions ne s'en prennent pas aux "musulmans", mais à tous les arabes, quelque soit leurs croyances ! Un arabe communiste et athée est lui aussi victime du racisme, il ne faut pas l'oublier !

Bref, si il est clair que la lutte contre le colonialisme et le racisme fait partie intégrante de la lutte communiste et ouvrière, cet appel ne contribue qu'à renforcer le "communautarisme", et tourne donc le dos à la nécessaire unité des travailleurs contre toute forme de discrimination et contre l'impérialisme français.

D'ailleurs, comment lutter "contre les discriminations" avec des courants qui défendent les disctiminations à l'encontre des femmes ???
Pascal
 
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Message par Davidoulia » 16 Avr 2005, 14:01

Pour moi c' est de l' antiracisme différentialiste.
Davidoulia
 
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Message par Valiere » 16 Avr 2005, 19:46

Ce qui me révolte, c'est que des minos pro voile impriment leur position dans les orgas où ils militent...L'exemple le plus fragrant c'est à la FSU cequi déroute beaucoup de militants EE LCR
Valiere
 
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Message par pelon » 18 Avr 2005, 08:34

(manu @ samedi 16 avril 2005 à 13:42 a écrit :Pffff il y en a marre de se sentir obligé de défendre des conneries indéfendables....!

Deja rien que l'intitulé du texte ça me fait bondir.

Quand à l'amalgame entre racisme et rejet de la religion, je laisse ce discourt débile à ceux qui ont un QI proche du néant....!  :x

Tu n'es pas responsable, pas plus que la grande majorité de la Ligue, des errements d'un certain nombre de militants.
Ce qui pose problème, c'est le fonctionnement de la Ligue, disons quelque peu "social-démocrate". Je parle par exemple de la "liberté" que se donnent sans problèmes des militants de faire connaître à l'extérieur, à tout moment, des positions qui mettent dans l'embarras la majorité", de se servir comme d'une arme pour des débats internes de la presse bourgeoise.
Ce n'est pas nouveau et c'est plutôt une discussion interne dès que l'on rentre dans les détails. Ce n'est donc pas ici que nous devons en discuter. Cela concerne les militants.
pelon
 
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Message par Pascal » 18 Avr 2005, 09:13

(Zelda @ samedi 16 avril 2005 à 16:00 a écrit : Tout simplement en créant un statut à part pour les femmes musulmanes, un statut de potiche, dans un coin, un statut d'ombre sans personnalité, tout simplement en leur déniant un statut de femme libre...
Effectivement... D'ailleurs cette affirmation identitaire "d'indigènes issus de la colonisation" peut amener à revendiquer des "statuts spécifiques", un peu comme au Canada où les affaires familiales peuvent être jugées à la mosquée.

Mais cela va à l'encontre de la lutte pour l'égalité des droits ! Et en poussant cette logique (des droits différents selon les origines) jusqu'au bout, ne finit-on pas par créer une sorte d'apartheid juridique ?
Pascal
 
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Message par Puig Antich » 18 Avr 2005, 09:16

C'est bien ce qui est recherché par nos relativistes multiculturalistes ....
Puig Antich
 
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