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La classe politique française vote Kerry pour dire «non» à Bush --par Nathalie Schuck--
AP | 01.11.04 | 17:00
PARIS (AP) -- Un vote de raison, plus que d'adhésion. C'est sans grande conviction que la majorité de la classe politique française soutient John Kerry, qu'elle perçoit avant tout comme le seul et unique rempart contre George W. Bush dans la course à la Maison Blanche. Peu attendent toutefois un véritable changement de cap outre-atlantique en cas de victoire démocrate.
Le sénateur du Massachusetts bénéficie de longue date du soutien du Parti socialiste. En juin, le parti à la rose avait déployé une lettre géante dénonçant l'intervention «unilatérale» en Irak sur la façade de son siège, rue de Solférino, lors de la venue du président américain en France pour les cérémonies du Débarquement. Fin juillet, il avait dépêché son ancien ministre aux Affaires européennes, Pierre Moscovici, à la convention démocrate de Boston.
«Pour la stabilité du monde, pour l'équilibre de la planète, le choix de Kerry m'apparaît essentiel», justifiait le Premier secrétaire François Hollande dans «Le Parisien» la semaine passée. Lucide, Hubert Védrine, ancien ministre PS des Affaires étrangères, observe néanmoins que John Kerry ne fera pas «à l'extérieur le contraire exact de son prédécesseur, car il y a aux Etats-Unis une tendance de fond souverainiste, sécuritaire et unilatérale».
Un pragmatisme encore plus prégnant chez les autres formations de l'ex-gauche plurielle. «La démocratie américaine n'autorise pas d'autre réel choix que de voter Kerry», constate la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, dans «Le Monde» publié lundi. S'il devait choisir, le député Vert Noël Mamère, également cité par le quotidien, voterait Kerry «même en traînant des pieds». Pour Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire, qui refusent de choisir, c'est blanc bonnet et bonnet blanc.
A droite, l'UDF affiche une préférence prudente pour le candidat démocrate. «Si vous me demandez si je suis plus proche de Kerry ou de Bush, je vous répondrais: je suis plus proche de Kerry», avait glissé le président de l'UDF François Bayrou fin mai, en pleine campagne européenne. Dans «Le Monde» lundi, le député centriste Maurice Leroy observe que la différence entre les deux adversaires «a l'épaisseur du papier à cigarettes».
Discrète, l'UMP, elle, se garde d'afficher une préférence. Le parti chiraquien a pris soin d'envoyer une délégation tant à la convention républicaine de New York, qu'à la convention démocrate de Boston. Il faut dire que Jacques Chirac observe une stricte neutralité. Quant à Jean-Pierre Raffarin, il a sobrement indiqué qu'il «travailler(ait) avec le gouvernement américain, quel que soit celui que le peuple américain aura choisi».
Rares sont donc les membres de l'UMP à avoir pris position. Egalement dans «Le Monde» de lundi, Roselyne Bachelot «vote sans hésiter pour Kerry», dont elle attend «qu'il considère ses partenaires et ne les écrase pas». L'ex-ministre de l'Ecologie s'était déjà distinguée en janvier, en pleine crise entre Paris et Washington sur l'Irak: au secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld qui raillait la «vieille Europe», elle avait répondu par... le mot de Cambronne.
Membre de l'UMP, le libéral Alain Madelin est l'un des seuls leaders politiques français à soutenir le président sortant. «Pour lutter contre le terrorisme et pour un nouvel ordre international, le monde a besoin d'un engagement fort des Etats-Unis. C'est pour cette raison que le monde devrait préférer George W. Bush», juge-t-il. Au début de la crise irakienne, il avait fait partie de la poignée de députés UMP «atlantistes» qui avaient justifié l'intervention américaine en Irak.
Mercredi soir, l'UMP organisera une soirée spéciale élections américaines à son siège parisien de la rue de la Boétie. Avec, en invités vedettes, l'ancienne secrétaire d'Etat de Bill Clinton Madeleine Albright, et l'ancien ambassadeur des Etats-Unis en France, Felix Rohatyn. AP