Ecole – caserne, Caserne école

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Ecole – caserne, Caserne école :
La nouvelle JAPD.
Le ministère de défense a des difficultés à enrôler sa chair à canons, notamment les jeunes plus qualifiés qui ont du mal à imaginer l’armée comme un moyen d’arriver à une situation professionnelle saine. Face à cela, le ministère mène plusieurs politiques, d’abord une campagne de publicités immondes et omniprésente, trains, métros, gares, télévision : une autre fut d’améliorer le système de propagande de la JAPD (journée d’appel à la préparation à la défense) notamment en y ajoutant un module de secourisme, encadré par la croix rouge française.

Un peu d’histoire d’abord pour ceux qui auraient oublier ce qu’est la JAPD. L’appel de préparation à la défense fut instauré par la loi du 28 octobre 1997, portant sur la réforme du service national, et suspendant également l’appel sous les drapeaux. Attention, cet appel est juste suspendu et en aucun cas abrogé !

La JAPD se déroule sur une journée, dans une caserne la plus proche de son domicile (ce n’était pas le cas pour les premières sessions qui pouvaient se passer à l’autre bout du département ou de la région de domiciliation). La convocation se fait grâce au recensement obligatoire des personnes âgées de 16 ans. C’est un acte « volontaire et obligatoire » ! C’est à dire qu’il tient à l’intéressé de se rendre à sa mairie pour se faire recenser mais que s’il ne le fait pas il se trouve dans l’incapacité de se présenter à des examens comme le baccalauréat ou le permis de conduire, j’apprécie la définition des actes volontaires par la défense. Ces fiches de recensement sont transmises à la DSN ( direction du service national). Elles servent à dresser les convocations à la JAPD, et sont mises à jour dans le cadre d’un « éventuel rétablissement de l’appel sous les drapeaux », pas impossible, ou d’une mobilisation générale, dans le cadre des ordonnances de 59.

Maintenant, comment rendre l’armée sympathique aux jeunes et essayer de les y enrôler ?

D’abord la passerelle avec l’école, les protocoles armée éducation sont loin d’être obsolètes ! Ainsi a été mis en place des cours d’ECJS pour les collégiens et lycéens, éducation civique, juridique et sociale. Pour les élèves de troisième, ces cours comportent un module intitulé la « défense et la paix ». Qui mieux que l’école peut justifier les intérêts de l’état et les légitimer aux yeux des enfants ? Cela continue au lycée, en classe de terminale, avec l’étude des thèmes de la construction européenne, de la défense et de la paix. Profs = garde chiourmes ?

Un autre axe est de casser l’image un peu vieillot de l’armée, il faut montrer que les militaires ne sont pas des bœufs. Ainsi, les diapositives ont été remplacés par l’utilisation d’un DVD, ce changement de matériel est accompagné de 2 jours de formation pour les intervenants dans le cadre de la JAPD, il faut le temps qu’ils comprennent !

La dimension contact avec les militaires est mise aussi en avant avec des visites de sites et des rencontres avec le personnel de ces unités. Faire rêver les jeunes en avançant le vol de l’avion et sa vitesse en oubliant les bombes qu’il contient...Ce terrain a également pour but de favoriser l’intérêt des jeunes aux métiers de la défense, on fait ce qu’on peut ! Ainsi l’utilité de la défense est mise en avant, « les responsabilités du citoyen » également, un bon citoyen doit être naturellement un criminel, et également la « participation de la défense au rayonnement de la france ». Afin d’empêcher toute réflexion de la part des jeunes sur l’armée après cette journée, la documentation qu’ils ont éventuellement demandée sur différents postes leur est envoyé sous 48 heures !

Un autre axe est les tests d’évaluation des acquis fondamentaux de la langue française. La Défense a donc bel est bien un rôle de palliatif aux dysfonctionnements du système scolaire ! Pourtant c’est les bidasses que je croise dans les gares du fait de Vigipirat qui brillent par leur langage aisé ... enfin ! Mais ces tests ont également comme but de déceler les jeunes en difficultés, proies plus facile pour l’armée, sous couvert « de mesures destinées à les orienter plus sûrement vers les organismes qui les conduiront vers une insertion sociale et professionnelle », mon cul !

Le dernier et le plus beau je trouve, est de faire passer l’armée pour les sauveurs de vie, c’est normal qu’un module de secourisme soit mis en place à l’intérieur de la caserne. L’armée ce n’est pas l’école du crime voyons, il faut vivre avec son temps ! Ce module est une initiation à l’alerte est aux premiers secours encadré par la croix rouge française. Je pense que l’on ne peut faire mieux en matière de désinformations sur les buts de l’armée et du ministère de la défense en général. De toute façon c’est normal puisqu’il faut bien blesser la personne avant de la soigner !
Comme nous pouvons le voir, la propagande à l’esprit de défense prend de plus en plus de place, notamment dans les programmes scolaires et la JAPD est une pièce centrale de cette édifice. Moi même j’ai fait ou plutôt subit cette journée en 1998, au moment de sa mise en place et je peux déjà en voir les évolutions. La propagande s’accentue à l’école comme dans cette journée bourrage de crânes. Il est essentiel pour nous de contrer cette propagande en montrant le vrai visage de la grande muette, l’armée tue et les guerres humanitaires sont des guerres avant tout. Il est important de continuer à exiger l’abrogation de cette journée, du service national, des ordonnances de 59.
Cette article est une synthèse de la présentation de la nouvelle journée d’appel de préparation à la défense, informations disponibles sur le site Internet du ministère de la défense.

PS : « La JAPD doit être ce moment particulier où des jeunes, qui trop souvent ont l’impression de n’avoir que des droits, vont enfin apprendre que dans notre société ils ont des devoirs », Michèle Alliot-Marie, le 16 octobre 2003.  A méditer,....Femme libre jamais soldate ?

Gaël Théry, Union Pacifiste

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suite et fin

Ecole caserne, caserne école : (2°
Education et Défense.

« La fin du service national a modifié la nature des relations entre les français et leur armée, mais elle n’a pas affaibli le lien qui les unit ».
Jacques Chirac, président de la république française depuis 1995.
« La commission armée - jeunesse est un instrument déterminant pour établir ce nouveau lien entre l’armée et la jeunesse ».
Discours de MAM, ministre de la Défense des gouvernements Raffarin I, II et III.
« L’éducation aux valeurs de la nation est le fondement de notre école. Donner aux jeunes conscience de l’importance de ces valeurs, de la nécessité de les défendre en toutes circonstances ne peut être dissocié des autres objectifs de l’action éducative ».
Luc Ferry, ministre de l’éducation nationale des gouvernements Raffarin I et II.

Depuis la suspension de la conscription, nos dirigeants « va t en guerre » malgré leurs prétentions au pacifisme chiraquien tentent de refonder le soi disant lien existant entre l’armée et la nation.
La loi du 28 octobre 1997 précise l’obligation d’enseigner depuis le rentrée 1998 « les principes et l’organisation de la défense nationale et de la défense européenne dans le cadre des programmes des établissements du second degré des premier et second cycles ». « Cet enseignement a pour objet de renforcer le lien armée – nation tout en sensibilisant la jeunesse à son devoir de défense ».

L’outil de propagande utilisé pour inculquer les valeurs de la violence légalisée aux jeunes est le ministère de l’éducation nationale, et oui, le même ministère qui a pour charge d’instruire la jeunesse, mais surtout de préparer la future chair à canon.
L’école compte sur son image d’instance de socialisation pour « apprendre la Défense » (l’expression n’est pas de moi ). Selon Bernard Boëne, directeur général de l’enseignement et de la recherche des écoles de Saint Cyr - Coëtquidan, « depuis le 11 septembre 2001, l’idée qui consiste à se demander si l’école peut ou doit enseigner la défense n’est plus d’actualité. L’école a, en effet, explicitement reçu la mission de se saisir de la question de la Défense ».

Comment diffuser l’idée de la défense, de la guerre, du crime, du viol, de la violence organisée et légalisée, c’est simple, en apprenant la défense comme garantie de la paix : les dangers du terrorisme, la force de dissuasion, les guerres humanitaires,... On connaît le credo de ces bons chrétiens !

L’entrée de l’armée à l’école a été légiférée par les protocoles armée éducation de 1982, 1989 et 1995 et réaffirmée par la loi de 1997.

Pour organiser tout cela, il a été créé une commission, la commission armée – jeunesse ( dite CAJ, beaucoup plus poétique). Organisme consultatif auprès du ministère de la défense, elle a pour but de « favoriser la connaissance entre la jeunesse et les forces armées ». C’est vrai que beaucoup de jeunes ne connaissent pas le ministère de la guerre mais l’inverse est aussi vrai !
La CAJ (dite cage) est constitué de militaires comme de civils. Parmi les civils nous trouvons des maires, des associations de parents d’élèves, des inspecteurs d’académie, des recteurs d’académie, des journalistes,... Son président est le général Jean-René Bachelet. Les objectifs de la « cage » est de : promouvoir l’esprit de défense, préparer les jeunes à leurs responsabilités de citoyens (notamment crever pour un drapeau !), resserrer les liens entre la communauté nationale et les Armées.

Voilà le parallèle de la JAPD, plus insidieuse car masquée par les fonctions du ministère de l’éducation nationale et de la recherche. On pourrait vraiment croire que les profs sont des gardes chiournes !

La majorité de ces informations est tirée du programme du colloque « l’éducation à la Défense » qui a eu lieu le 4 Décembre 2003 au grand amphithéâtre de la Sorbonne (hé oui !), organisé par le ministère de la défense et le ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche.

Gaël Théry, Union Pacifiste