Interview de Lemaire dans l'Humanité

Message par Barikad » 27 Oct 2004, 15:51

("L'Humanité" a écrit :
Article paru dans l'édition du 26 octobre 2004.

« Il fallait se dégager du suivisme par rapport au PS »

Quel est l’enjeu du congrès des Verts qui se tient en décem- bre 2004 ?


Gilles Lemaire. Le congrès de Nantes en 2002 était le congrès d’une rupture nécessaire. Il fallait que les Verts se dégagent du suivisme par rapport au Parti socialiste, retrouvent leurs options et leurs valeurs fondamentales, qu’ils retrouvent l’esprit libertaire et de démocratie participative et sortent d’un fonctionnement bureaucratique et bordélique. Je trouve que nous avons un bon bilan (là, je suis partisan), et mon objectif est de rassembler les Verts pour poursuivre dans la voie choisie il y a deux ans. Le bilan positif, c’est que nous avons enrichi la réflexion des Verts (retraite, santé, travail, marée noire, réchauffement climatique...) et tenu en janvier un congrès programmatique. Nous avons acheté un local et remis à flot les finances. D’un point de vue externe, nous avons renoué les liens avec les syndicats et les mouvements associatifs, liens qui étaient très distendus. Nous avons rétabli une image plus autonome, une parole plus forte - bien que l’expression de Voynet et Mamère parasite souvent la parole des Verts. Cela s’est traduit sur le plan électoral : nos résultats aux régionales sont partout au-dessus des 5 %, nous avons obtenu 7,4 % aux européennes ce qui est dans le contexte de vote utile un très bon score. L’enjeu du congrès c’est donc soit on continue, soit on revient en arrière, ce qui pour l’essentiel signifierait un rapprochement avec le PS.

Mais il est parfois difficile de bien situer les Verts. Entre Cohn-Bendit et ses positions libérales, ceux qui semblent se situer dans le sillage immédiat du PS, ceux qui semblent pencher vers la constitution d’un pôle à la gauche du PS... Où sont les Verts ?

Gilles Lemaire. Les Verts français ne sont pas des libéraux. Dans la formation sociale française, le mode de production capitaliste est incontestablement dominant. Il faut accepter cette réalité mais pas pour s’y plier. Cette domination du capitalisme n’est pas la fin de l’histoire. Mais, là où Marx fait erreur au moment de la Commune, c’est quand il pense qu’une fois le pouvoir pris, on peut forcer le passage au socialisme. Il avait pourtant bien analysé comment le mode de production capitaliste avait pris progressivement le dessus pour s’imposer. Il faut chercher dans la société actuelle quels sont les modes de productions alternatifs qui existent, sur quoi s’appuyer pour sortir du mode dominant. C’est pourquoi nous sommes attentifs aux sociétés coopératives, aux SEL, à l’économie sociale... Cela pose également les questions du rapport au travail, d’une autre façon de produire, de vivre. La politique doit jouer un rôle de régulation pour que dans l’entreprise et son environnement, le profit ne soit pas l’unique critère.

Le « pôle de radicalité » ce n’est pas du tout mon option. Je l’ai dit à la LCR : « Il n’y a pas d’alternance possible sans le PS. Je ne sais pas s’il y a une alternative possible avec le PS, mais j’y travaille. » De la même façon, je dis au PS qu’il ne faut pas rejeter tout travail avec la LCR. Je pense également que dans le projet de société des Verts, la question du « productivisme » n’est pas négociable, ce qui nous sépare bien souvent des communistes.

Où en est le débat chez les Verts sur la constitution européenne et comment allez vous prendre position ?

Gilles Lemaire. Les Verts sont d’accord entre eux sur le texte lui-même. La partie III est d’inspiration libérale et n’a rien à faire dans un texte de nature constitutionnelle. La partie II, la charte des droits fondamentaux, représente un progrès pour pas mal de pays, mais elle n’a pas de caractère juridique contraignant. Elle est critiquable car on parle de droit de travailler et pas de droit au travail, le droit au logement est absent, on parle de droit à la vie mais pas de droit des femmes à disposer de leur corps, et enfin il n’y a pas la reconnaissance de la citoyenneté de résidence, on n’a pas fait cette avancée. Sur les conditions de révisions, on est toujours sur de l’intergouvernemental et non dans un processus constituant. Quant à la partie I, il y a un peu plus de domaines où le Parlement est en codécision, un peu plus où il y a majorité qualifiée mais c’est beaucoup trop timide puisque le fiscal, le social, le juridique, la politique étrangère, le budget restent des domaines où l’unanimité est requise. Là où il y a divergence chez les Verts, c’est sur la question de la dynamique. Quelle dynamique implique la victoire du « oui » ou la victoire du « non » ? C’est très partagé et je ne sais pas où est la majorité des Verts. Nous avons demandé un référendum le même jour dans tous les partis Verts européens. On n’est pas sûr de l’obtenir, ce sera décidé le 26 novembre. Sinon ce sera un référendum français. Une motion a été déposée pour le « oui ». Elle doit être débattue dans les assemblées le 21 novembre mais ce n’est ni sérieux ni démocratique. Je pense que la motion sera rejetée et qu’on décidera un référendum en France ou chez les Verts européens en janvier.

Les OGM semblent être devenues votre principal cheval de bataille...

Gilles Lemaire. Non, il y a bien d’autres sujets qui nous mobilisent. Mais il est vrai que cet été, notamment, nous nous sommes investis pleinement dans ce combat des faucheurs volontaires. C’est une question importante parce qu’elle concerne les risques pour la santé publique, le maintien de la diversité biologique, la maîtrise des paysans sur leur métier car avec les OGM, il y a obligation de rachat chaque année des semences par les paysans. Ils ne feront plus ce travail de sélection naturelle des semences. C’est l’industrialisation de l’agriculture qui continue. Il y a aussi la question des rapports Nord-Sud, un modèle d’agriculture productiviste et exportatrice. Voilà les quatre raisons de fond de notre opposition aux OGM. S’y greffe cette question : quand il n’y a pas débat public et démocratique, quand les décisions des collectivités locales sont cassées par l’État, alors désobéir à l’État est une nécessité et un droit. La légitimité est du côté de ceux qui pratiquent la désobéissance civile. C’est là-dessus que nous allons asseoir notre défense dans le premier procès qui a lieu le 8 novembre à Toulouse. Il concerne cinq Verts, un député européen, un député français, un con- seiller régional, un con- seiller municipal et le secrétaire national - un vrai panel de Verts - plus José Bové, Jean-Baptiste Libouban, Jean-Aimé Gravat et François Simon.

Entretien réalisé par

Olivier Mayer
Barikad
 
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Message par Apfelstrudel » 27 Oct 2004, 16:23

J'ai du mal à conclure quoi que ce soit d'un texte pareil. Il fait référence à Marx et au socialisme alors que la question n'avait aucun rapport ( :wacko: ), il blablate en même temps sur les coopératives et tout ça, et il ne sait pas ce qu'il veut voter au referendum... Et avec ça, soutien inconditionnel au PS...
Que les verts ne soient ni communistes, ni un parti ouvrier, d'accord. Mais est-ce qu'on peut considérer un truc aussi bordélique que les Verts simplement comme une filiale du PS ? (c'est juste une question :unsure: )
Apfelstrudel
 
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Message par Pascal » 27 Oct 2004, 21:34

(Apfelstrudel @ mercredi 27 octobre 2004 à 17:23 a écrit : Il fait référence à Marx et au socialisme alors que la question n'avait aucun rapport ( :wacko: ), il blablate en même temps sur les coopératives et tout ça,

Il parle un peu de Marx... surtout pour dire que Marx a fait une "erreur", celle de préconiser la révolution :

a écrit :là où Marx fait erreur au moment de la Commune, c’est quand il pense qu’une fois le pouvoir pris, on peut forcer le passage au socialisme.


Et derrière, il fait l'apologie des "alternatives" pour essayer de montrer qu'on peut changer "progressivement" la société, et surtout ne pas faire de révolution ! Et la conclusion, c'est qu'il faut s'allier avec le PS...
Pascal
 
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Message par Barikad » 27 Oct 2004, 22:15

Oui, c'est un melange assez indigeste de fourrierisme (socialisme pré marxiste), de reformisme bon teint, d'odeaologies post baba-cool, voire réactionnaire (decroissance). Tout cela est tres indigeste.
Barikad
 
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Message par Apfelstrudel » 28 Oct 2004, 10:18

D'accord, mais ce que je trouve bizarre, c'est qu'il répond comme si on lui demandait de justifier des positions marxistes que les Verts n'ont jamais eu à ma connaissance. Je ne dis pas que je me sens proche de ce que dit Lemaire, je demande si ça ne traduit pas un souci de se donner l'air radical. Il parle de Marx surtout pour le critiquer, oui, mais vous voyez souvent des dirigeants du PS faire référence à Marx (quoiqu'ils en disent) quand on ne leur demande rien ? J'ai quand même un peu l'impression que si Lemaire se sent obligé d'en parler, c'est parce que les militants (au moins une partie) des Verts attendent de lui de tenir un langage sensiblement différent de celui du PS. Alors je repose ma question : est ce que les Verts peuvent vraiment être considérés comme une simple succursale du PS ?


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