Des initiatives pour la Palestine et Israël

[Barikad]

Article paru dans l'édition du 14 octobre 2004.

Des initiatives pour la Palestine et Israël

Au cours d’une rencontre avec Leïla Shahid, Marie-George Buffet a préconisé l’organisation d’une grande conférence de solidarité et de propositions.

Rassembler à Paris « une grande conférence réunissant des personnalités israéliennes, palestiniennes et françaises sur les moyens de mettre fin à la tragédie israélo-palestinienne et, pour cela, relancer l’idée de la solution de deux États côte à côte, coopérant l’un avec l’autre » : c’est l’idée soumise, mardi après-midi, par Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste français, à Leïla Shahid, représentante de la Palestine en France, au cours d’une rencontre qui s’est tenue au siège de la délégation de la Palestine, à Paris. Les deux responsables ne s’étaient pas revues depuis la Fête de l’Humanité, au cours de laquelle avait été lancée une campagne nationale pour la libération de Marwan Barghouti et d’autres prisonniers politiques palestiniens. Leïla Shahid a fait part à Marie-George Buffet de « la grande émotion » ressentie par Fadwa Barghouti, l’épouse du député emprisonné depuis plus de deux ans, lorsqu’elle a découvert la foule de 50 000 personnes réunies pour l’écouter et les pancartes brandies avec la photo de son époux : « Elle a eu l’impression que c’était Marwan lui-même qui était là, au milieu de toute cette foule, et elle a oublié son trac pour s’adresser à ce public formidable », raconte Leïla Shahid.

La déléguée générale de la Palestine s’interroge sur le fait que, « à l’exception du Parti communiste et de la LCR, plus grand monde dans le monde politique parisien ne se mobilise pour la Palestine, alors que la situation ne cesse de s’aggraver ». Elle ajoute : « La situation est très différente dans les autres villes et les régions françaises où la mobilisation n’a jamais été aussi forte. Il semble qu’un petit groupe d’intellectuels parisiens ait réussi à insinuer le doute sur les motivations de ceux qui osent manifester leur solidarité au peuple palestinien. »

Pour Marie-George Buffet, « ce qu’il faut, c’est combattre le défaitisme, le sentiment insidieux qu’il n’y a rien à faire, et, pour cela, insister sans cesse sur l’idée que la solution existe, celle de deux États côte à côte, coopérant l’un avec l’autre. Sur cette idée-là, il est possible de - rassembler énormément de gens ».

D’où l’idée d’une conférence large, rassemblant aussi des intellectuels, des syndicalistes, des militants arabes et de la gauche sioniste israélienne et française.

Une illustration de la justesse de cette analyse était fournie, le soir même, lors du rassemblement de solidarité avec la Palestine et avec les pacifistes israéliens qui s’est déroulé au métro Saint-Philippe-du-Roule et auquel assistaient aussi Marie-George Buffet et Leïla Shahid. Le lieu avait été choisi en raison de sa proximité avec l’ambassade d’Israël - devant laquelle il est interdit de manifester. Ont notamment pris la parole Mouloud Aounit, pour le MRAP, qui a dénoncé « la politique de Sharon, catastrophique pour les Palestiniens et les Israéliens, et qui fait souffler jusqu’en Europe un vent mauvais d’antisémitisme et de racisme ». Mais aussi Marcel Francis Kahn, au nom du Collectif citoyen judéo-arabe. « Je parle, a-t-il dit, au nom des Français juifs qui n’admettent pas qu’on défende ici la politique criminelle de Sharon. » L’affirmation d’un jeune refuznik israélien : « Il n’y aura pas de liberté en Israël sans liberté pour le peuple palestinien », et celle d’un membre de l’UJFP rendant hommage au soldat qui, la veille, avait dénoncé le crime de son supérieur achevant une fillette palestinienne, venaient confirmer qu’il existe bien, en France comme en Israël, « d’autres voix juives » porteuses d’espoir et d’humanité.

Françoise Germain-Robin