QUOTE (J-B @ jeudi 19 août 2004 à 04:31)
Fadela Amara et son organisation drayiste, pro-gouvernementale, républicaine, sioniste et anti-féministe.Tu pourrais peut-être étayer ton argumentation, en particulier sur les deux dernières qualifications. Sur un autre fil bien entendu...Les assertions à propos de Ni putes ni soumises sont scandaleuses, cette organisation présente dans les cités est claire...
Je justifie, sans problème.
Drayiste : Fadela Amara ne le cache pas, elle l'a même dit à la fête de LO, elle est l'ancienne présidente de la maison des potes. Et dire qu’elle ose prétendre qu’elle était seule pour monter Ni putes ni soumises ! Or, la maison des potes regroupe tous les mouvements créés par l’ex-Gauche Socialiste (mais restés fidèles à Dray) dont le dénominateur commun est la récupération de la colère de certains dans le but de la canaliser derrière des idées républicaines puantes.
Ainsi, SOS Racisme a été créé après la Marche pour l’égalité (ou Marche des beurs), afin de transformer les revendications égalitaires et anti-Etatiques en gentil mouvement non-violent, par le slogan « touche pas à mon pote » et des actions contre la discrimination… à l’entrée des boites de nuit.
De même, la Fidl, un des deux principaux syndicats lycéens, n’a eu comme rôle que de vendre la grève lycéenne de 98, d’être l’antenne du gouvernement dans le mouvement.
Le mouvement Stop la violence (formidablement analysé par Pierre Tévanian et Sylvie Tissot dans Stop quelle violence, éd. l’Esprit frappeur) est né après les émeutes de Toulouse, qui elles même faisaient suite à l’assassinat d’un jeune par la police, ce mouvement dénonce… la violence des jeunes contre les institutions républicaines.
L’UEJF (Union des étudiants juifs de France) a rejoint la Maison des potes récemment. Parmi ses slogans : « J’ai deux amours : Israël et la paix », « l’antisionisme sera toujours une forme d’antisémitisme (Martin Luther King) », « I cœur la République », etc.
Lors des dernières élections étudiantes (CROUS, etc.), SOS Racisme, l’UEJF et Ni putes ni soumises ont déposé des listes communes, « Fédere » comme Fédération des enfants de la République.
Quant au mouvement Ni putes ni soumises, il est justement né au moment où il y avait un fort potentiel de mobilisation dans les cités sur les questions relatives à la condition des femmes (violences, fermetures de crèches, de planning familiaux, de centres sociaux). Mais le tour de France lancé par le mouvement naissant ne portait pas ces revendications, il ne portait aucune analyse politique, il en appelait aux changements individuels mais pas à l’auto-organisation, il n’était pas subversif. Dès le début, on voyait dans les journaux que ce mouvement ne se définissait pas comme féministe mais comme anti-sexiste…
C’est bien pour cette raison que tout le monde l’a aimé dès le début : les médias bourgeois qui lui ont fait une publicité monstrueuse, Skyrock, la radio des groupes de rap qui ont vendu leur âme, et puis les ministres, l’Education nationale, l’Assemblée Nationale devant laquelle on a exposé les photos des fondatrices du mouvement.
C’est pour cette raison que Fadela Amara peut prétendre être à la tête d’une organisation de masse. Sauf que c’est faux. Les sections de Ni putes ni soumises sont très peu nombreuses, elles ne prennent pas dans les cités, elles ne prennent pas chez ceux qui savent vraiment ce que c’est que l’oppression.
Lors des manifs, on voit beaucoup de monde dans les cortèges de NPNS, mais quand on parle avec des filles qui sont pourtant badgées de la tête aux pieds, on se rend compte qu’elles ne savent pas ce que c’est que ce mouvement. Le 6 mars dernier, lorsque le collectif Une école pour tou-te-s criait au passage de NPNS et de l’Ufal : « C’est pas les immigrés, c’est pas les filles voilées, c’est le gouvernement qu’il faut virer ! », ce sont des dizaines de jeunes filles qui ne nous connaissaient pas qui ont repris ce slogan, avant que ne fasse de même la Coordination nationale des sans-papiers.
Les organes drayistes, n’ont qu’un seul but en tête, canaliser la colère des masses. C’est à cela qu’a toujours servi la social-démocratie. Aujourd’hui, il s’agit de faire croire que les jeunes issus de l’immigration maghrébine sont des fainéants-délinquants-islamistes-sexistes-antisémites face à qui seule la répression d’Etat est efficace. Ainsi, après que Dray a fait voté en 2001-2002 sa Loi de sécurité quotidienne, Malek Boutih (ex-président de SOS, aujourd’hui à la direction du PS) a affirmé que la politique de Sarkozy à l’Intérieur était bonne (car elle allait dans la continuité de Vaillant), qu’elle redonnait le goût de la politique, que si l’on lui proposait un poste au gouvernement il le prendrait,… pas étonnant que la suite soit l’exclusion de l’école des filles voilées.
Mais les opprimés comprennent toujours à un moment ou à un autre qui est avec eux et qui est contre eux. En l’occurrence, on sait très bien qu’avec les jeunes filles des cités, issues de l’immigration ou plutôt de la colonisation, il n’y a pas ceux qui comme Amara à la fête de LO n’ont que le mot de république à la bouche. Il y a ceux qui veulent réaliser l’unité contre la classe dominante, malgré les préjugés réactionnaires de beaucoup de dominé-e-s et ceux qui veulent créer une unité républicaine avec Nicole Guedj, Fadela Amara et, malheureusement, Arlette Laguiller.
Le principe du féminisme c’est l’union des femmes contre leur oppression, en partant du principe que toutes les femmes sont opprimées en tant que femmes (d’une manière transcendant les classes, mais qui de fait sert les intérêts de la bourgeoisie).
L’oppression spécifique dans les cités, ce sont les coupes dans les budgets sociaux, les fermetures de centres divers. Comme d’habitude des attaques sociales dont les femmes sont les premières victimes. Pourquoi refuser d’organiser les femmes voilées contre cela ? Elles aussi veulent pourtant des places dans les crèches, des services publics, des moyens. Les exclure c’est diviser le mouvement, comme le disait Lénine, « seule la lutte de classe des masses ouvrières, amenant les plus larges couches du prolétariat à pratiquer à fond l'action sociale, consciente et révolutionnaire, peut libérer en fait les masses opprimées du joug de la religion. (…) Un marxiste est forcément tenu de placer le succès du mouvement (…) au premier plan, de réagir résolument contre la division des ouvriers, dans cette lutte, entre athées et chrétiens, de combattre résolument cette division. Dans ces circonstances, la propagande athée peut s'avérer superflue et nuisible (…) du point de vue du progrès réel de la lutte de classe qui, dans les conditions de la société capitaliste moderne, amènera les ouvriers chrétiens (…) à l'athéisme cent fois mieux qu'un sermon athée pur et simple. » (Lénine, De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion, 1909).
En fait ce que fait NPNS n’est ni plus ni moins que diviser pour mieux faire régner le gouvernement, l’Etat, la République. C’est en cela un mouvement anti-féministe qui accepte de diviser les femmes et soutien une loi dont elles seules peuvent être victimes (un garçon musulman, même ultra-fondamentaliste ne sera pas exclu car il ne porte pas de signe osten-tatoire/cible).
Ceux qui aujourd’hui ont un réel potentiel pour organiser les opprimé-e-s, c’est le Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB), c’est le Collectif une école pour tou-te-s, ce sont celles et ceux qui dénoncent la République, le colonialisme, le gouvernement. Pas ceux qui discutent avec Sarkozy, écrivent des bouquins avec Raffarin ou lancent une ligne de vêtement avec le magazine Elle.
Dans les années 1980, la LCR a fait l’erreur d’avoir des illusions dans SOS Racisme. LO qui n’a pas une grande tradition dans les luttes spécifiques ne s’y est mis que plus tard, mais fait aujourd’hui avec NPNS la même erreur que la LCR il y a 20 ans. Ca arrive…