Page 1 sur 1

Message Publié : 02 Juil 2004, 10:01
par pelon
Je joins un article pour une discussionn éventuelle sur le collège.

a écrit :
Dans les collèges : - Régler les difficultés, ou aggraver la sélection sociale?

Le gouvernement prévoyait d'instaurer des options "découverte professionnelle" dans les classes de troisième des collèges à la rentrée 2005. Son projet vient d'être rejeté au Conseil Supérieur de l'Éducation, organisme consultatif auquel participent les différentes fédérations syndicales d'enseignants et de parents d'élèves, qui ont voté contre ou se sont abstenues. En revanche, le Medef a voté pour.

Ces options "découvertes professionnelles" en troisième, de trois ou de six heures hebdomadaires, dont le contenu demeure flou, s'adressent de fait aux élèves en difficulté. Ces options se feraient au détriment d'options d'enseignement général, de langues en particulier. Il est prévu que les élèves choisissant l'option lourde de six heures puissent rejoindre des classes de troisième particulières, intégrées dans des lycées professionnels et donc rejetées des collèges. Les organisations de parents d'élèves et d'enseignants redoutent que ce projet contribue à augmenter la "ségrégation", la "préorientation", l'"éviction du collège" des élèves les plus en difficulté, comme l'indique un communiqué signé en particulier par la FCPE, la principale organisation de parents d'élèves. Et c'est bien de cela qu'il s'agit.

De nombreuses classes de collèges et de nombreux collégiens des quartiers populaires sont en difficulté. C'est là que l'on trouve la fraction des élèves les plus en difficulté, qui finissent par ne plus rien apprendre. Nombreux sont ceux qui sont entrés en sixième -ils seraient près de 15%- sans savoir véritablement ni lire et écrire ni compter. Dans ces conditions, la vie devient intenable pour les enseignants et les adultes. Cette situation fait du prétendu "collège unique" une fiction.

Mais au lieu d'attaquer à bras le corps cette situation, les gouvernements successifs ont cherché des palliatifs. Réduire l'enseignement général pour un certain nombre d'élèves n'est pas une innovation. Il existe actuellement des troisièmes d'insertion et des situations de formation en alternance. Mais avec les options "découverte professionnelle" que veut introduire le gouvernement, les organisations de parents et les syndicats d'enseignants redoutent un pas de plus dans cette direction et l'institutionnalisation d'une ségrégation.

D'autant que le gouvernement ne prévoit même pas les moyens adéquats pour assurer ces options ou ces classes de "découverte professionnelle". Supprimer une marginalisation, souvent commencée dès la sixième, de cette fraction d'élèves qui traînent de classe en classe supposerait bien plus de moyens humains, de locaux, donc des finances.

Avec des petits effectifs, en maternelle et en primaire, avec des groupes d'aide si nécessaire, bénéficiant de l'attention maximum d'éducateurs, il serait possible de réduire considérablement l'illettrisme à l'entrée en sixième. Des conditions similaires au collège, et des collèges de petites dimensions, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui, permettraient que l'ensemble des élèves bénéficient d'une formation initiale correcte de la sixième à la troisième. Les processus de "remédiation" que l'on nous concocte aujourd'hui pourraient alors être compris autrement que comme un moyen de se débarrasser des élèves les plus en difficulté.

Michel ROCCO

Lutte Ouvrière n°1874 du 2 juillet 2004

Message Publié : 08 Juil 2004, 07:56
par Valiere
Voici la motion déposée par la tendance l'Emancipation au bureau national BDFN de la FSU

Motion de la tendance « Emancipation » :

La FSU constate que le projet de “ nouvelle troisième ” présenté au CSE se situe dans la continuité de la politique éducative libérale de démantèlement de l’école publique.
Tandis que le ministère baisse les DGH dans les collèges, supprime des postes, élimine les dispositifs pédagogiques mis en place dans les établissements en leur retirant leurs moyens, le projet de “ nouvelle troisième ” prévoit :
- la possibilité de globalisation partielle des horaires de disciplines expérimentales (technologie et physique), pouvant à terme menacer le caractère national des horaires et des programmes des disciplines concernées.
- le développement de l’ “ alternance ”, dans le prolongement de la classe de 4e, par une option “ lourde ” de “ découverte professionnelle ” au sein de la “ nouvelle 3e”.
- en parallèle, la suppression des 3e d’Insertion, les 4e d’Aide et de Soutien, dispositifs dérogatoires avec des effectifs allégés.
La FSU considère que le projet ministériel aboutirait à organiser de fait, à terme, la véritable déscolarisation de nombre d’élèves en difficulté, qui du fait de l’ “ alternance ” ne pourront réussir à suivre le même cursus et dans la même classe que les autres. Il peut aussi déboucher sur une nouvelle filière de relégation dans des classes constituées entièrement d’élèves en difficulté, sans moyens spécifiques ni objectifs réels de formation.

Pour la FSU, une véritable lutte contre l’échec scolaire et pour l’amélioration des conditions d’études pour tous, en 3e comme dans tout le système éducatif, est nécessaire :
- la définition d’objectifs culturels communs pour tous les élèves, ce qui implique notamment le maintien d’horaires et de programmes nationaux, mais aussi un changement des contenus et des pratiques pédagogiques.
- l’abaissement significatif des effectifs des classes, la multiplication du travail en petits groupes (dédoublements).
- des dispositifs pédagogiques transitoires peuvent être envisagés, mais à condition qu’ils s’accompagnent d’effectifs réduits et des moyens nécessaires autour d’un vrai projet pédagogique et d’objectifs clairement définis, en mesure de permettre aux élèves les plus en difficulté de réintégrer le cursus commun.

La FSU condamne donc le projet de “ nouvelle 3e ”, elle en exige le retrait. Elle prendra contact sur la base de ces mandats avec les autres organisations syndicales, afin d’aboutir à des prises de positions et actions communes en ce sens dès la rentrée scolaire 2004-2005.