L'enfant dans la ville

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Valiere » 13 Juin 2004, 14:30

Les enfants :
« parents » pauvres de l’aménagement urbain.


L’enfant passe deux fois plus de temps dehors, dans la rue, devant la télévision ou au centre de loisirs qu’en classe.
Cette évolution des temps de l’enfant constatée il y a plus de 20 ans se poursuit…
La ville est souvent inaccessible à celui qui ne dispose au mieux que d’ un espace réduit en bas de son bâtiment…
Si le centre de loisirs constitue une entité éducative incontournable, son mode d’accès, son image ou même sa configuration n’en fait pas toujours l’espace ludique adapté que l’enfant fréquente volontairement .
Mettre la ville à la hauteur des enfants, c’est mener une politique hardie d’aménagement urbain en termes d’espaces et aussi et surtout ne pas considérer « ces petits »comme de simples consommateurs.

Les barres et tours, bâties à la périphérie des villes dans les années 60 sont détruites les unes après les autres dans le cadre d’un plan qui semble à première vue pré-établi.
Il faudrait aller plus vite… Peut être…mais pas n’importe comment !
Pour beaucoup d’habitants, jeunes ou plus âgés, ces destructions quelque peu spectaculaires provoquent un déchirement affectif réel :
ne vivent-ils pas là depuis des années et des années ! ?

La démolition est indispensable d’autant plus que les bâtiments sont souvent vétustes et ces constructions, considérées en leur temps comme un progrès à côté des taudis restent aujourd’hui de grandes concentrations inhumaines de population…
Quand les Municipalités informent, accompagnement et impliquent les familles, les déchirements sont moindres…On est loin de l’image médiatique mais plus près de ses mandants.

Malheureusement la reconstruction d’un habitat différent avec des unités plus petites, des bâtiments à quatre étages ou des Dupleix, réduit la place déjà plus que limitée que pouvaient occuper les enfants…

Les pouvoirs publics et les prometteurs arrachent les dernières racines des locataires pour, en plus, aggraver l’urbanisation ..Un comble mais aussi une dure réalité.

On en arrive, parfois, au nom du progrès à des aberrations.

C’est ainsi qu’à Orly, dans le quartier dit du fer à cheval, les espaces de verdure très importants ont laissé place à des bâtiments, réduisant considérablement les places libres pour le jeu.. On a commencé par un Mac Donald-tout un programme -puis par des constructions…
Cette ville fortement urbanisée qui possédait un véritable poumon central, à faire pâlir d’envie les villes voisines revient ainsi dans le lot commun…

Je ne vais pas jeter la pierre à Gaston Viens qui, fêtant l’an prochain sa quarantième année de mandat de Maire a voulu réhabiliter l’habitat…
Les intentions étaient louables certes mais les résultats laissent « rêveur » !

Dans de nombreuses villes, la situation déjà déplorable en termes de terrains de libre accès continue à se dégrader, créant plus de nuisances que de progrès.

Au début des années 60, les mouvements d’éducation populaire comme les Francs et Franches camarades ont développé un concept : le centre aéré à la périphérie des villes.
L’enfant se trouvait tous les jeudis et durant les vacances en pleine nature, à l’extérieur de la ville ou presque.
Cette structure était une réponse adaptée remplissant quatre fonctions essentielles : sanitaire, sociale, éducative et de garde.

Certains centres aérés subsistent encore aujourd’hui mais il est vrai que l’urbanisation galopante et l’évolution de la demande sociale ont conduit les pouvoirs publics et même les associations à promouvoir plutôt le centre de loisir de proximité au bas des tours…

Si certaines villes, « privilégiées » ou ayant défini la politique enfance jeunesse comme la priorité des priorités ont investi dans des locaux spécifiques, d’autres ont installé le centre de loisirs dans les écoles et ceci souvent par obligation, faute de places.

Personne ne peut nier les progrès constatés dans le domaine du loisir de proximité mais on est encore loin de répondre aux besoins des enfants : les locaux sont souvent exigus et les espaces extérieurs en dehors de la cour de récréation inexistants ou bien lointains.
Des équipes d’animation sont parfois contraintes, notamment pendant les vacances d’été de transporter les enfants à la campagne… Trois heures de transport aller et retour tous les jours pour s’oxygéner… La ville d’Ivry dans le Val de Marne envoie ainsi régulièrement les enfants, voire tous les jours à 60 km de là dans une structure qu’elle possède en Seine et Marne… Qui pourrait blâmer la Municipalité ?… Bien au contraire . Elle accomplit un effort démesuré pour que les enfants s’oxygènent
.
Il est temps de mettre la ville à la hauteur des enfants, c’est à dire arrêter de voir toujours plus grand, de vouloir passet d’une ville de 15 000 habitants à 20 000 ou 25 000…

Il est temps de prioriser…Elargir les espaces pour enfants, ouvrir une structure de quartier, ce sont des opérations qui ne sont pas la première page du Parisien alors que l’inauguration d’une super médiathèque flambant neuve , cela fait classe!… Pourtant…

Les politiques dites de développement urbain, avec encore de nouvelles constructions s’effectuent souvent au détriment du cadre de vie des habitants et notamment des enfants surtout quand ce sont les verdures qui disparaissent .

Ne faudrait-il pas encourager, soutenir politiquement et naturellement financièrement les municipalités ayant comme priorités : le réaménagement urbain pour vivre mieux ?

De plus en plus d’enfants, parfois très jeunes restent en bas des bâtiments.
C’est une réalité indéniable et parfois on s’étonne et on se réjouit de constater qu’il y ait si peu d’accidents au regard du nombre d’enfants concernés qui se trouvent à évoluer près des voitures.
Il est indispensable que les espaces jeux soient aménagés, réaménagés et qu’un effort prioritaire soit effectué afin de libérer du terrain pour le libre accès.

Quand les FRANCAS et d’autres associations se prononcent pour que chaque enfant puisse disposer d’un espace éducatif de qualité à proximité, il ne s’agit pas là d’exprimer un vœu pieux mais d’affirmer une nécessité vitale…

Trop d’enfants ne peuvent pas avoir accès à un centre de loisirs parce qu’il est saturé ou parce que la priorité est donné aux enfants de parents qui travaillent…
Trop de centres de loisirs sont situés dans des locaux inadaptés ou trop réduits en termes de surface.
Des investissements importants sont nécessaires, ils ne peuvent s’effectuer que si l’Etat considère que le temps libre de l’enfant n’est pas résiduel .
Des subventions doivent être versées aux collectivités territoriales afin que l’on abandonne les locaux inadaptés pour du bâti et du non bâti répondant aux besoins de l’enfant et de leur famille.

Pour que les enfants aient envie de fréquenter le centre de loisirs, il est nécessaire et indispensable que le cadre soit rénové mais aussi que le projet pédagogique mis en œuvre soit adapté à notre époque, aux demandes et aux aspirations..
L’animation est en perpétuel mouvement. Cette évolution est indispensable même si certaines habitudes sont bousculées.
Le centre de loisirs est avant tout un espace de temps libre où le tout petit ou le plus grand doit pouvoir tour à tour se retrouver seul ou avec des copains, découvrir des activités, construire des projets avec l’accompagnateur adulte et aussi se poser et se reposer.
Ce n’est pas un lieu clos mais un espace ludique que l’on doit avoir choisi de fréquenter…

On passe ainsi de la fonction de garde à celle d’accueil…
Des équipes ont déjà planché sur la question, de nombreux centres fonctionnent avec des espaces spécifiques et d’autres ouverts sur le quartier avec la possibilité pour les enfants d’arriver à une heure choisie mais annoncée et non à une heure fixe pour tous.
.
Il faut mettre le centre de loisirs, pièce maîtresse dans le loisir éducatif et ludique à la hauteur des enfants, de leur besoin d’autonomie

L’aménagement d’une bonne partie de l’espace urbain pour les enfants nécessite des crédits et une réflexion menée avec les acteurs éducatifs et la population…

Certains groupes d’âge sont les parents pauvres de l’aménagement dans telle ou telle ville, il suffirait d’un peu de réflexion et d’une volonté politique.

Des villes ont commencé à y réfléchir, je pense par exemple à celles qui mettent en place des aménagements de cours de récréation qui tournent d’une école sur l’autre afin d’éviter que les enfants poursuivent toute leur scolarité élémentaire avec les mêmes jeux de cours…

D’autres ont été encore plus innovants : ils ont ouvert les structures extérieures de l’école au quartier en dehors du temps scolaire…au lieu d’élever les murs et d’empêcher les enfants de pénétrer dans la cour, ils y sont invités…la ville assurant sérieusement l’entretien.
Elles ne se sont pas simplement adaptées à une réalité incontournable, c’est à dire une quasi absence de nouvelles surfaces libres de toute construction, elles ont optimisé l’existant car pour elles le droit aux loisirs, inscrit dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant doit être une réalité au quotidien.

Les enfants, public directement visé doivent être consultés et associés à l’élaboration du projet…

Ils ne sont ni des aménageurs, ni des techniciens, ni des ingénieurs, certes mais ils seront les premiers utilisateurs et les parents des prochains.
Des méthodologies d’aménagement d’espaces ont été élaborées afin d’associer les adultes aux choix, qu’ils s’agissent des professionnels ou des familles.
Elles peuvent être adaptées afin de favoriser l’implication du plus grand nombre…Qu’importe les vecteurs utilisés, ils sont divers et peuvent être choisis en fonction de la réalité territoriale.
Le conseil d’enfants s’il est réellement l’émanation et la représentation des enfants peut se voir confier une fonction « conseils »…

Certains pourraient me reprocher d’être un tantinet démagogue…Je leur répondrai tout d’abord que de nombreux aménagements réussis ont été réalisés ça et là après une consultation d’enfants ou d’après les idées émises par eux mêmes.
Ensuite, n’oublions pas que les enfants ne décident pas, ils proposent : aux adultes de voir si les propositions sont réalisables.

C’est une véritable révolution urbaine et éducative qu’il nous faut faire à l’échelle de la ville et du pays pour rendre au temps libre toute sa place et son importance.
Le temps libre est un espace éducatif privilégié, indispensable qui contribue avec la vie familiale et l’école à éduquer, construire l’enfant qui reste un être unique, un citoyen d’aujourd’hui et de demain .
Valiere
 
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