
Concurrencé par les listes de Philippe de Villiers, le FN s'attend à un "résultat médiocre"
À 75 ans, Jean-Marie Le Pen vit toujours d'espoir. "Déçu" par le résultat des élections régionales, le président du Front national attendait "une prise de conscience du peuple français lors de la consultation du 13 juin". Le FN avait réussi sa première percée importante aux européennes de 1984, en obtenant 10,95 % des suffrages exprimés et dix élus, mais il n'a plus guère progressé lors des scrutins suivants : 11,73 % en 1989 ; 10,51 % en 1994 et 5,69 % en 1999, après la scission des partisans de Bruno Mégret.
Dans une note interne adressée à son président, le conseiller régional d'Ile-de-France, Jean-François Jalkh, constatait, au début de la campagne, que le FN "n'a jamais fait le plein de l'électorat lepéniste lors des scrutins européens". L'auteur de la note estimait que cette désaffection était la conséquence des "positions très minimalistes du FN à l'égard de l'Europe" qui seraient "loin d'être partagées par l'ensemble de - ses - électeurs".
La parade suggérée par M. Jalkh consisterait à recycler la thématique traditionnelle de l'extrême droite "en s'appuyant sur des faits simples"et en soulignant notamment que "les institutions européennes actuelles, c'est plus d'immigration, plus d'insécurité, plus de chômage, plus de fiscalisme, plus de corruption". "Ne craignons pas d'apparaître hors sujet", plaidait-il.
VERS UNE "REMISE EN ORDRE"
Pendant sa campagne, M. Le Pen a tenté une sorte de grand écart. Assurant que "tout n'est pas négatif" dans le bilan de la construction européenne, il a toutefois ajouté que celle-ci conduisait "à la destruction de la France". Lors d'un banquet à Paris, le 10 juin, il résumait ainsi la doctrine du FN : "Nous sommes européens, nous sommes contre l'Union européenne, nous sommes pour la France, nous sommes francophiles." Il assurait aussi que "l'Europe" se construisait "contre les peuples" qui la composent, concluant : "C'est un crime contre la nation qu'on est en train de commettre. Pour ne pas désespérer Varsovie ou Budapest, on préfère sacrifier Saint-Nazaire ou Mulhouse."
Concurrencé par les listes de Philippe de Villiers, le FN aura pourtant du mal à obtenir les 12 à 14 élus prédits par M. Le Pen. Plus réaliste, le délégué général, Bruno Gollnisch, espérait doubler le nombre d'élus (5). De fait, l'ambiance n'était pas à l'euphorie au siège du parti, où l'on craignait "un résultat médiocre", ne permettant l'élection que de "sept ou huit députés". Dans cette hypothèse, M. Le Pen pourrait conduire sans délai la "remise en ordre" annoncée du FN (Le Monde du 1er juin).
Elie Barth
À 75 ans, Jean-Marie Le Pen vit toujours d'espoir. "Déçu" par le résultat des élections régionales, le président du Front national attendait "une prise de conscience du peuple français lors de la consultation du 13 juin". Le FN avait réussi sa première percée importante aux européennes de 1984, en obtenant 10,95 % des suffrages exprimés et dix élus, mais il n'a plus guère progressé lors des scrutins suivants : 11,73 % en 1989 ; 10,51 % en 1994 et 5,69 % en 1999, après la scission des partisans de Bruno Mégret.
Dans une note interne adressée à son président, le conseiller régional d'Ile-de-France, Jean-François Jalkh, constatait, au début de la campagne, que le FN "n'a jamais fait le plein de l'électorat lepéniste lors des scrutins européens". L'auteur de la note estimait que cette désaffection était la conséquence des "positions très minimalistes du FN à l'égard de l'Europe" qui seraient "loin d'être partagées par l'ensemble de - ses - électeurs".
La parade suggérée par M. Jalkh consisterait à recycler la thématique traditionnelle de l'extrême droite "en s'appuyant sur des faits simples"et en soulignant notamment que "les institutions européennes actuelles, c'est plus d'immigration, plus d'insécurité, plus de chômage, plus de fiscalisme, plus de corruption". "Ne craignons pas d'apparaître hors sujet", plaidait-il.
VERS UNE "REMISE EN ORDRE"
Pendant sa campagne, M. Le Pen a tenté une sorte de grand écart. Assurant que "tout n'est pas négatif" dans le bilan de la construction européenne, il a toutefois ajouté que celle-ci conduisait "à la destruction de la France". Lors d'un banquet à Paris, le 10 juin, il résumait ainsi la doctrine du FN : "Nous sommes européens, nous sommes contre l'Union européenne, nous sommes pour la France, nous sommes francophiles." Il assurait aussi que "l'Europe" se construisait "contre les peuples" qui la composent, concluant : "C'est un crime contre la nation qu'on est en train de commettre. Pour ne pas désespérer Varsovie ou Budapest, on préfère sacrifier Saint-Nazaire ou Mulhouse."
Concurrencé par les listes de Philippe de Villiers, le FN aura pourtant du mal à obtenir les 12 à 14 élus prédits par M. Le Pen. Plus réaliste, le délégué général, Bruno Gollnisch, espérait doubler le nombre d'élus (5). De fait, l'ambiance n'était pas à l'euphorie au siège du parti, où l'on craignait "un résultat médiocre", ne permettant l'élection que de "sept ou huit députés". Dans cette hypothèse, M. Le Pen pourrait conduire sans délai la "remise en ordre" annoncée du FN (Le Monde du 1er juin).
Elie Barth