Publié : 12 Juin 2004, 10:23je me permet de vous mettre l'édito d'IO de cette semaine tellement je le trouve bon...
a écrit :EDITORIAL
Trois réflexions...
A L'HEURE où ce journal est imprimé, il reste quatre jours avant les élections européennes. Nous en tirerons les leçons dans notre prochain numéro. Il n'est toutefois pas besoin d'attendre le 13 juin pour soumettre trois réflexions.
D'abord ceci : le spectre de l'abstention massive est agité par tous les commentateurs. L'abstention massive, c'est le rejet de l'Union européenne. C'est la conscience que voter pour un " Parlement européen " dont la seule fonction est de mettre en œuvre le traité de Maastricht et les directives européennes - c'est-à-dire la déréglementation, la privatisation, la désindustrialisation, la désertification des campagnes, la destruction des nations - est un détournement du suffrage universel, conquête de la démocratie.
Deuxième réflexion : le Parti des travailleurs a-t-il eu raison d'entrer en campagne en mettant au centre le retour à la Sécurité sociale de 1945 ? 100 000 signatures recueillies sur la pétition du Parti des travailleurs en six semaines seront portées le 10 juin au Premier ministre. Qui peut nier que l'offensive en cours contre la Sécurité sociale procède exclusivement du traité de Maastricht et des directives européennes, et non d'un " déficit " dont nous avons prouvé, semaine après semaine, qu'il est artificiellement fabriqué pour les besoins d'une mauvaise cause ? Qui peut nier que le seul retour à la Sécurité sociale des 113,7 milliards d'euros qui lui ont été soustraits en onze ans au titre des exonérations patronales suffirait non seulement à rétablir l'équilibre financier, mais à rouvrir les services des hôpitaux, les maternités, les centres de Sécurité sociale fermés depuis des années et à rétablir les remboursements supprimés de certains médicaments ? Quant au projet de loi de M. Douste-Blazy…, l'annonce, ces derniers jours, à grand fracas, d'une " aide pour l'acquisition d'une complémentaire " a valeur d'aveu. Cent cinquante euros pas an seraient donc prélevés sur les fonds de la Sécurité sociale ! Ils nous disent qu'il y a un déficit, mais il y aurait de l'argent pour cette opération ! En fait, ce dont il s'agit, ce n'est ni plus ni moins que la reprise des propositions faites voilà un an dans le rapport Chadelat. Ils veulent mettre en place " l'enveloppe fermée " : l'assurance maladie (Sécurité sociale) et les assurances complémentaires (mutuelles et assurances privées) définiraient en commun ce qui devrait être remboursé (et ce qui ne le serait pas), compte tenu de " l'enve-loppe fermée " votée par le Parlement ! Cela n'aurait plus rien à voir avec la Sécurité sociale telle qu'elle fut fondée en 1945 (lire pages 6 et 7). Le Parti des travailleurs a-t-il eu raison de se mobiliser et d'en appeler au soutien politique et financier pour s'adresser à 42 millions d'électeurs et leur dire : voici les faits, nous vous proposons d'agir ensemble pour forger l'unité des travailleurs et de leurs organisations pour le retrait du plan Douste-Blazy et de son enveloppe fermée, pour le retour à la Sécurité sociale de 1945 ?
Et c'est finalement la troisième question que nous voulons soumettre à la réflexion de nos lecteurs : quoi qu'il se passe le 13 juin - et sans doute l'abstention massive se combinera-t-elle à un approfondissement de la crise politique et institutionnelle -, le Parti des travailleurs sortira de cette campagne en ayant fait la démonstration qu'il assume ses responsabilités. Qu'il s'agisse de la contre-réforme de la Sécurité sociale ou de la préparation d'une rentrée scolaire désastreuse, qu'il s'agisse des privatisations ou des plans de suppressions d'emplois, l'après-13 juin sera marqué par un redoublement d'attaques contre la classe ouvrière et la démocratie.
Qu'un parti ouvrier indépendant se construise et se renforce, qui tienne fermement le cap de la défense de tous les droits existants, de la reconquête de ceux qui ont été détruits, de l'indépendance des organisations syndicales et de la reconquête de la démocratie, n'est-ce pas la meilleure aide que l'on puisse apporter à la cause des opprimés et des exploités ?
Travailleurs, militants, jeunes qui nous lisez, aidez-nous. Aidez-nous à conclure à 100 % notre campagne financière, à réaliser la campagne d'abonnements à Informations ouvrières. En rejoignant le Parti des travailleurs, aidez-nous à construire cet outil indispensable. En nous aidant, vous vous aiderez vous-mêmes.
Daniel Gluckstein