éditorial LO bulletin entreprises

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par pelon » 29 Avr 2004, 08:31

a écrit :
L’Europe s’élargit,mais à l’avantage surtout du grand patronat

L’élargissement de l’Union européenne de 15 à 25 pays doit entrer en application le 1er mai. Que diminue le morcellement de l’Europe, on pourrait s’en réjouir. Ce qu’on appelle l’Europe n’est même pas un véritable continent mais l’extrémité ouest d’un même continent qui comprend l’Europe et l’Asie. Pourtant, sur ce territoire à peine plus grand en surface que celui des seuls États-Unis, coexistent aujourd’hui 40 États, plus les mini-États d’opérette, Monaco, le Vatican, San Marin, Andorre et le Lichtenstein.

Mais c’est la partie la plus anciennement industrialisée de la planète et une région où se sont accumulées les richesses tirées du travail de ses propres classes laborieuses mais aussi du pillage de la planète entière. C’est encore un continent dominé par la rivalité entre grandes puissances impérialistes, principalement la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, rivalité qui a conduit à deux guerres mondiales au siècle dernier. Aucune de ces grandes puissances n’ayant pu imposer sa loi aux autres et unifier le continent sous sa domination, leurs classes possédantes ont fini par s’entendre pour créer un marché plus élargi que leurs marchés nationaux étriqués. Leurs grands patrons respectifs en avaient besoin pour faire face, dans la compétition internationale, à leurs rivaux américains ou japonais.

Cette unification a pris un demi-siècle pour passer, par élargissements successifs, de 6 pays à 15, pour arriver à 25. Mais, même à 25, elle n’inclut pas une grande partie de l’Europe, notamment des grands pays issus de la dislocation de l’Union soviétique comme la Russie ou l’Ukraine.

Les travailleurs pourraient se réjouir que s’affaiblissent les frontières qui séparent et opposent les peuples. Alors que les échanges sont mondiaux et qu’un nombre croissant de problèmes de l’humanité, à commencer par la préservation des mers ou de l’atmosphère, se posent à l’échelle planétaire, l’Europe ne devrait constituer qu’un seul pays depuis bien longtemps. On devrait pouvoir circuler librement, sans montrer ses papiers, s’installer pour vivre et travailler là où on veut, en bénéficiant de salaires et de protections sociales comparables.

L’unification européenne, faite par et pour les capitalistes, n’assure cependant que ce qui les intéresse: la liberté de placer leurs capitaux où et quand ils veulent, la liberté de vendre et d’acheter des marchandises, des entreprises et des hommes. Elle n’assure en revanche même pas un salaire minimum correct à l’échelle de l’Europe, pas plus qu’elle n’assure une harmonisation de la législation sociale par le haut. Elle n’assure pas les libertés élémentaires. Dans certains pays de l’Union par exemple, le divorce est interdit, dans d’autres il est interdit aux femmes d’accéder à l’IVG. Les trusts d’Europe occidentale n’ont même pas eu besoin de l’intégration de pays de l’Est dans l’Union européenne pour y investir librement en mettant la main sur des secteurs entiers de leur économie. La simple liberté de circulation n’est, en revanche, pas complètement accordée à leurs citoyens.

Les travailleurs n’ont rien à attendre de l’Union européenne, ni de son élargissement. Mais, contrairement à ce que prétendent les nationalistes de tous bords, ils n’en ont rien à redouter non plus. Les coups qui sont portés aux travailleurs ne le sont pas par l’Europe mais par leurs propres grands patrons et par leurs propres États qui les représentent. Ce n’est pas l’élargissement de l’Europe qui est responsable des délocalisations et des licenciements collectifs, mais les patrons qui y procèdent. Ce n’est pas l’Europe unie qui est à combattre, mais le grand patronat.

Le mieux que l’on puisse souhaiter de l’Union européenne, c’est qu’elle facilite même un tant soit peu les liens entre les classes ouvrières des différents pays et que, de ces liens, surgisse la conscience que, par-delà les frontières, les travailleurs constituent une seule et même classe ouvrière.

Et le 1er mai, début d’une Europe élargie, pourrait alors retrouver son sens véritable, celui de la Journée internationale des travailleurs.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d’entreprise du 26 avril 2004

Lutte Ouvrière n°1865 du 30 avril 2004
pelon
 
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Message par artza » 30 Avr 2004, 10:05

Pourrais-t-on lire l'édito hebdomadaire du CPS. De quoi parle-t-il et comment? Là on pourra discuter et comparer des politiques.
artza
 
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Message par pelon » 30 Avr 2004, 12:24

(wolf @ vendredi 30 avril 2004 à 10:59 a écrit :
a écrit :
Les travailleurs n’ont rien à attendre de l’Union européenne, ni de son élargissement. Mais, contrairement à ce que prétendent les nationalistes de tous bords, ils n’en ont rien à redouter non plus.




De quoi les travailleurs n'auraient-ils rien à redouter? De l'UE ou de son élargissement?

a écrit :Les coups qui sont portés aux travailleurs ne le sont pas par l’Europe mais par leurs propres grands patrons et par leurs propres États qui les représentent. Ce n’est pas l’élargissement de l’Europe qui est responsable des délocalisations et des licenciements collectifs, mais les patrons qui y procèdent. Ce n’est pas l’Europe unie qui est à combattre, mais le grand patronat.

L'europe unie c'est l'union Européenne?

Sur la première question, il s'agit de l'élargissement. Les travailleurs ont bien sûr à craindre de toute organisation de la bourgeoisie, cette Europe du capital entre autres mais, pour le moment, encore plus, bien entendu, de leur propre Etat national qui est encore ce que le bourgeosie a de plus efficace pour s'en prendre aux travailleurs, les appauvrir, leur sabrer leurs droits etc. Et, bien entendu, en cas de mouvements sociaux, elle aura ses CRS et gardes mobiles bien français. Et, si cela va plus loin, ce n'est pas à une armée européenne (pour le moment très hypothétique) qu'elle fera appel mais à ses généraux tricolores.

Sur ta 2ème question. Ce n'est pas l'unification de l'Europe (au-delà de l'UE) qui est le problème mais comment elle se fait, comment elle est utilisée par le grand capital. Par exemple, en France, au XIXème siècle, les révolutionnaires ne demandaient pas le retour aux provinces, ce qui aurait pourtant affaiblit le pouvoir central (qui contrairement à ce qui se passe dans l'UE existait vraiment) mais se battaient contre les injustices et les inégalités sur l'ensemble du territoire.
Aujourd'hui, dans l'UE, si la classe ouvrière se sent des intérêts communs, elle pourrait se battre pour que les minimas salariaux, sociaux, soient alignés sur le plus haut niveau existant; elle pourrait aussi se battre, sur une échelle élargie pour les drois démocratique bafoués : pour l'autorisation de l'avortement en Irlande, du divorce à Malte etc. Elle pourrait se battre pour que les immigrés ne soient plus des parias dans cette partie du monde qui est si riche, pour que les sans-papiers obtiennent enfin la possibilité de vivre autrement que dans l'angoisse perpétuelle d'être pris etc.
Voilà quelques points, il y en aurait beaucoup d'autres, sur lesquels les révolutionnaires communistes, auront, dans les années à venir à faire de la propagande et espèrons-le, une agitation qui pourrait déboucher sur des victoires qui renforceraient ce sentiment d'appartenir à une seule classe.
pelon
 
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Message par max la menace » 30 Avr 2004, 13:40

Je tiens à rassurer Atza. Lorsqu'il lira notre presse sur la question, il pourra vérifier qu'il ne nous viendrait pas à l'idée de ne pas le conclure sur le combat pour :

Etats-Unis Socialistes d'Europe


Il peut d'ailleurs le vérifier dans notre production antérieure. :bounce:

Et puis tant qu'on y est . Certes, le pouvoir est à Paris, faire (comme le PT) de l'UE l'alpha et l'oméga de la politique capitaliste est faux. Ca n'autorise pas à écrire que l'UE "on s'en fout" comme le fait votre texte :
a écrit :Les travailleurs n’ont rien à attendre de l’Union européenne, ni de son élargissement. Mais, contrairement à ce que prétendent les nationalistes de tous bords, ils n’en ont rien à redouter non plus. Les coups qui sont portés aux travailleurs ne le sont pas par l’Europe mais par leurs propres grands patrons et par leurs propres États qui les représentent.


Allez dire des choses pareilles à un travailleur d'EDF ! :bounce:
max la menace
 
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Message par tk2003 » 03 Mai 2004, 08:57

a écrit :Les travailleurs n’ont rien à attendre de l’Union européenne, ni de son élargissement. Mais, contrairement à ce que prétendent les nationalistes de tous bords, ils n’en ont rien à redouter non plus.


Rien à redouter de l'union européenne. C'est de mieux en mieux :wacko:
Au moment où tout le monde pousse pour tout détruire dans le cadre de l'UE, les militants de lutte ouvrière diffuse très largement un appel à ne pas combattre les institutions réactionnaires de Maastricht... Entre ceux qui siègent avec la bourgeoisie au Brésil (Rossetto) et ceux qui affirment aux travailleurs qu'il n'y a rien à redouter de l'UE et de l'élargissement... :dry:
tk2003
 
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