LETTRE OUVERTE AUX ORGANISATIONS LAIQUES
DEFENDRE ET PROMOUVOIR LA LAÏCITE POUR VIVRE ENSEMBLE
Le 16 janvier 1994, dans l’unité, les laïques de ce pays ont manifesté à Paris contre la possibilité offerte à l'Etat et aux collectivités territoriales de dépasser le seuil de 10% des subventions accordées aux établissements privés d'enseignement général.
Un million de personnes dans la rue contre la politique anti-laïque du gouvernement de l’époque !
Cette mobilisation exceptionnelle a permis de donner un coup d’arrêt très temporaire à l’offensive menée par les adversaires de l’école publique.
10 ans après, ce sont les intégristes et leurs alliés du moment qui foulent le pavé parisien pour s’opposer à une loi sur le port de signes religieux à l’Ecole Publique qui vient d’être votée par le Parlement. Les intégristes et leurs alliés ne sont guère nombreux à manifester à Paris et dans toute la France, quelques milliers de personnes au plus et très encadrés.
Parallèlement ce Parlement et ce Gouvernement sont favorables à l’école privée dont les financements publics n’ont jamais été aussi élevés. Dans le même temps, plusieurs projets de loi proposent de les augmenter encore, sans parler des possibilités nouvelles offertes aux Régions par la loi de décentralisation. De plus, ils agissent, à la suite du précédent Gouvernement, pour le retour de la croyance au travers de « l’enseignement du fait religieux » et le Ministre de l’Intérieur et des cultes fabrique de toute pièce le Conseil Français du Culte Musulman.
En s’attaquant à la Laïcité les partisans de l’intégrisme religieux veulent mettre en cause le projet toujours perfectible de la constitution d’une société aspirant à la démocratie, à la liberté, à l’égalité fondée sur la volonté de vivre ensemble.
Les militantes et les militants se réclamant de la Laïcité qui rejoignent ces cortèges se trompent de combat, confondant coexistence plurielle et intégration, culture de l’enfermement et culture de l’émancipation.
Le principe de Laïcité qui doit fonder tout projet républicain est inscrit dans la Constitution. Il permet d’assurer la liberté de conscience de chacun et de chacune. Il permet d’affirmer le droit de tous et toutes à la solidarité et à la démocratie. Il permet de mener le combat pour l’intégration sociale de chacun et de chacune et pour la justice sociale. Il permet le respect et la tolérance mutuelle, réservant à la sphère privée l’exercice libre des convictions religieuses afin que tous et toutes puissent œuvrer dans la sphère publique à l’intérêt général en toute liberté de conscience et sans tutelle d’aucune sorte.
A l’abri des pressions économiques, sociales, politiques, religieuses, philosophiques, l’école laïque doit être en mesure de permettre aux élèves, quelles que soient leurs origines, d’acquérir ensemble puis de maîtriser les connaissances leur permettant de s’insérer aussi bien socialement que de manière active dans une société non figée et de devenir des hommes et des femmes libres à même de maîtriser leur destin individuel tout en sachant qu’il n’est pas indépendant des choix collectifs.
L’article 2 de la Constitution ne peut s’appliquer qu’en en respectant le préambule, notamment la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, et les Droits de la Constitution de 1848, et celle de 1946.
Il est indispensable que toutes les organisations laïques de ce pays se rencontrent dans les plus brefs délais :
· pour voir comment consolider et encourager ces aspirations démocratiques face à la montée des différents intégrismes,
· pour rappeler leur opposition à la mise en cause de la Laïcité notamment par l’existence de services d’aumônerie dans des établissements d’enseignements publics et à ce que perdurent des situations particulières relevant de l’exception concordataire s’appliquant dans les départements d’Alsace- Moselle et en Guyane,
· pour exprimer leur opposition à voir inclure dans le projet de Constitution européenne toute référence à la tradition chrétienne de l’Europe,
· pour alerter sur les dangers que font courir aux services publics et notamment à l’unité de l’école publique laïque les directives européennes et la décentralisation,
· pour exiger la fin du dualisme scolaire,
· pour rappeler qu’il n’existe pas de nouvelle laïcité, pas plus que de laïcité ouverte ou fermée, laissant entendre que la Laïcité serait un concept ancien et dépassé,
· pour défendre une conception dynamique des valeurs émancipatrices de la Laïcité favorisant le respect de l’autre, réaffirmant le principe de mixité et d’égalité, affranchissant des enfermements communautaires et patriarcaux, libérant des préjugés sexistes et racistes.
suit une liste de signataires