(Le Monde @ lundi 5 avril 2003 a écrit :LO et la LCR maintiennent leur accord pour les européennes
La ligue communiste révolutionnaire (LCR) et Lutte ouvrière (LO) ont, chacune de leur côté, tiré le bilan, samedi 3 et dimanche 4 avril, des dernières élections régionales.
Toutefois, autant les porte-parole de la première (Olivier Besancenot, Alain Krivine et Roseline Vachetta) ont rendu compte des débats de sa direction nationale, autant la seconde s'en est tenue au huis clos le plus strict. "Les conclusions pourront être connues dans le prochain numéro de notre revue Lutte de classes à paraître jeudi", fait-on savoir à LO, tout en admettant que celles-ci ont été rédigées avant même la tenue de la réunion de ce week-end.
Bilans séparés mais démarche commune prolongée pour les élections européennes. L'accord conclu fin 2003 entre la LCR et LO valait pour les deux échéances électorales et aucun des deux partenaires n'entend le remettre en question. "La Ligue a parfaitement respecté ses engagements", note sobrement Jean-Pierre Vial, membre de la direction de LO, assis au fond de la salle lors de la conférence de presse de ses alliés. "On a été un peu déçus par le score, admet M. Krivine, mais on n'est pas démoralisés." Le député européen préfère au contraire voir dans les 5 % recueillis aux régionales par les listes LO-LCR un "enracinement" électoral, "même s'il n'y a pas eu de percée".
"DURABLEMENT DIVISÉ"
Pour M. Besancenot, "les électeurs ont préféré utiliser la gauche pour battre la droite". Mais cela ne relève pas, selon l'ancien candidat à l'élection présidentielle, d'un "vote d'adhésion". Les deux porte-parole mettent l'accent sur les contradictions auxquelles vont devoir faire face, selon eux, les partis de l'ex-gauche plurielle, portés par "une lame de fond pour rejeter le gouvernement". "Les deux gauches, ça existe toujours", affirme M. Krivine, pour qui "le PCF a réussi à remobiliser ses militants sur une base de non-satellisation par le PS dans la campagne, mais fait le choix d'une alliance prioritaire avec le PS sur une base gestionnaire dans les institutions. (...) C'est à lui de choisir", conclut-il.
En dépit des désaccords persistants qui se sont exprimés lors de sa direction nationale - la résolution majoritaire a été approuvée à 70 % -, la LCR va donc reconduire aux élections européennes son alliance avec Lutte ouvrière. Les deux formations d'extrême gauche présenteront des listes communes dans les sept grandes régions métropolitaines dessinées pour ce scrutin. Trois têtes de liste reviendront à LO et quatre à la LCR, dont l'Ile-de-France, où M. Besancenot conduira la liste unitaire. "Aux européennes, on ne va pas voter utile, estime ce dernier, on va voter pour ce qu'on pense."
Pour ce scrutin à un tour, la question des consignes de vote au second tour, qui avait suscité des remous au sein de la LCR lors des régionales, ne se posera donc pas. Une minorité avait critiqué l'accord avec LO qui excluait tout appel à voter pour la gauche au second tour, sauf dans le cas où le FN était en mesure de l'emporter. Vingt-quatre membres de la direction de la LCR avaient même bravé cette interdiction en lançant, entre les deux tours, un appel à voter à gauche. "Notre électorat est durablement divisé sur cette question", rétorque M. Besancenot. Rien ne sert, à ses yeux, d'en faire un point de clivage avec LO.
Patrick Roger
Publié : 05 Avr 2004, 14:30