Malgré la faiblesse relative de Lutte ouvrière et de la Ligue communiste révolutionnaire
Le PS redoute l'intransigeance de l'extrême gauche
La tendance est stable. L'extrême gauche pourrait recueillir, au niveau national, 6% des intentions de vote, au premier tour des élections régionales, selon le sondage Ipsos réalisé pour Le Figaro. Le même score avait été mesuré lors de la précédente enquête il y a un mois. Ce résultat est de mauvais augure pour l'alliance LO-LCR : compte tenu de la nouvelle loi électorale, faire moins de 10% signifie ne pas avoir d'élus. Mais ce sondage est suffisant pour inquiéter le Parti socialiste, derrière la droite avec 31% des intentions de vote.
Si le report se passe bien, les voix d'extrême gauche pourraient être décisives pour emporter ou conserver certaines régions. Or les candidats LO-LCR ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne fusionneraient pas leurs listes avec celles du PS pour le second tour. Et les deux organisations se sont entendues pour ne pas donner de consignes de vote, «sauf en cas de victoire possible du FN», ce qui sera rare. Refroidis par l'expérience de la division en 2002, les leaders du PS appellent dès maintenant au rassemblement au premier tour. Le parti en fera son principal thème de campagne dans la semaine précédant le scrutin.
L'attitude ne plaît guère aux porte-parole de l'extrême gauche, qui s'en donnent à coeur joie contre le PS. «Les socialistes continuent de pratiquer le même chantage au vote utile. Mais, pour nous, le vote utile, c'est de sanctionner la droite, sans pour autant amnistier la gauche qui n'a rien changé à la situation des travailleurs», a dénoncé Arlette Laguiller, samedi, en meeting à Montpellier. «Le PS se trompe de cible», a estimé le porte-parole de la LCR, Alain Krivine. «Leur hargne à notre égard prouve que notre liste pose des problèmes. Ils feraient mieux de radicaliser leur critique à l'encontre de la droite et de l'extrême droite, plutôt que contre l'extrême gauche», a-t-il ajouté.
Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire se battent aussi pour conserver les quelques élus dont ils disposent dans les régions. En 1998, LO avaient obtenu 20 conseillers régionaux, la LCR 4. La réforme du mode de scrutin, qui instaure un seuil de 10% des suffrages exprimés pour se maintenir au second tour, rend ces élections très difficiles pour ces formations. «Il ne faut pas s'étonner que la population s'abstienne de plus en plus quand on fait des lois qui écartent automatiquement toute une partie de la population qui ne partage pas le consensus dominant entre la droite et la gauche», a accusé Arlette Laguiller mi-février sur France 2.
Grâce à leur accord électoral, la LCR et LO espèrent pouvoir franchir ce cap. En 2002, le résultat cumulé des candidats LO et LCR avait dépassé les 10% dans seize régions sur vingt-deux. Si elles atteignent ce niveau, Arlette Laguiller a déjà annoncé que les listes LO-LCR se maintiendraient au second tour, créant des triangulaires, voire des quadrangulaires, défavorables au PS.
Mais il n'est pas sûr que l'alliance de Lutte ouvrière et de la Ligue communiste révolutionnaire aboutisse mécaniquement à l'addition de leurs résultats électoraux. Les deux électorats sont relativement différents. Par ailleurs, les élections locales sont moins favorables à ces formations, comme le montrent les résultats de l'enquête Ipsos. Aux législatives de juin 2002, l'extrême gauche, victime certes du vote utile, était revenue à un étiage inférieur à 5%.
Les résultats de ce sondage national sont enfin à analyser avec prudence : les rapports de forces électoraux peuvent être assez différents d'une région à l'autre. En Ile-de-France, la situation s'annonce toutefois difficile : la liste menée par Arlette Laguiller n'obtiendrait que 5,3%. Exclue du second tour, l'ancienne candidate à la présidentielle perdrait son siège de conseiller régional.