Saint Denis flambe

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Eh ben ! Ca chauffe à Suger (saint-denis)...
Eh ben ! Ca chauffe à Suger (saint-denis)...
le parisien a écrit :Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), ce mardi. De violents incidents ont eu lieu au lycee Suger et ont conduit à l’arrestation d’une cinquantaine de personnes.LP/N.R.
Nathalie Revenu et Gwenael Bourdon
Saint-DenisviolencesLycéeSugerThéo
Une cinquantaine de jeunes étaient en garde à vue, mardi, après avoir «caillassé des policiers» et incendié des poubelles à proximité d'un lycée de Saint-Denis que le proviseur venait d'évacuer après des jets de fumigènes.
Cinquante-cinq personnes (dont 44 mineurs) ont été interpellées et placées en garde à vue après des débordements qui se sont produits mardi, en fin de matinée, dans le lycée Suger de Saint-Denis et dans une moindre mesure aux lycées Paul-Eluard et Frédéric-Bartholdi. «La plupart des personnes interpellées sont scolarisées dans l’établissement», indique une source proche de l’enquête. L’établissement a dû être évacué et aucun cours n’a été assuré dans l’après-midi.
Face à cette situation d'urgence, la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem s’est rendue en fin d'après-midi à la direction académique de Bobigny, où elle s’est entretenue avec les chefs d’établissement. «La violence et la casse sont inacceptables, a-t-elle déclaré. L’Etat restera ferme.»
Un tir de mortier dans le lycée
Ce mardi, les premiers incidents ont éclaté dans l’enceinte même du lycée Suger. Vers 11 heures, trois foyers d’incendie ont été détectés dans les toilettes du 1er et du 2e étages. De la fumée s’est propagée dans les couloirs. Un tir de mortier a retenti. Curieusement, l’alarme incendie ne s’est pas déclenchée. Les enseignants apprendront plus tard qu’elle a été volontairement désactivée «pour ne pas effrayer les élèves». A ce moment-là, dans les classes, les lycéens sont terrorisés. Une certaine confusion règne. Un enseignant muni d’un extincteur tente d’éteindre lui-même les flammes. «On a répandue de l’essence dans un escalier», ajoute avec effroi un professeur.
Au milieu de ces scènes de chaos, des ordres contradictoires sont donnés. « La direction nous demandait de faire rentrer les élèves. Tandis que des équipes mobiles de sécurité (NDLR : les EMS, dépêchées par le rectorat) ordonnaient l’évacuation des locaux », poursuit cet enseignant. Finalement, les élèves — 1 200 en temps normal — ont été invités à sortir dans la cour. Pendant ce temps, sur le parvis du lycée, l’agitation est à son comble. Une bataille rangée entre des dizaines d’individus encapuchonnés et la police a éclaté devant l’établissement et dans les petites rues alentours. Les pavés volent, des containers renversés flambent. Les forces de l’ordre ripostent par des jets de gaz lacrymogène et des tirs de flash-ball.
Des signes avant-coureurs sur les réseaux sociaux
La veille déjà, le lycée avait fait face à des violences. Vers 9 h 40, la salle des professeurs, située au 1er étage, avait été la cible de jets de morceaux de parpaing faisant voler en éclat le double-vitrage. «Un projectile n’est pas passé pas loin de la tête d’un collègue», indique une jeune enseignante en état de choc.
Après cette montée de fièvre aussi violente que soudaine, personne n’était en mesure de comprendre les motivations des auteurs. Des signes avant-coureurs avaient filtré via le réseau social Snapchat. Il était question d’attaquer le lycée à coups de cocktails Molotov. Le message avait circulé parmi les élèves. «Ce matin, ma salle de classe était à moitié vide», confie cette professeur.
Début d’explication : une vidéo postée sur les réseaux sociaux avec des hashtags «blocus pour Théo» ou «blocus contre la police» offrait peut-être un début d’explication. Lors de ces deux journées, les enseignants ont fait valoir leur droit de retrait. Les cours devraient devraient reprendre ce matin, sous l’étroite surveillance de la police. Mais dans le corps enseignant, le coeur n’y est pas : «On a la trouille. Je n’avais jamais vu un tel niveau d’agressivité», s'inquiète une enseignante de Suger.
« Ma fille de 17 ans est en garde à vue ! »
C’est un sanglot d’angoisse et de colère qui est venu ponctuer ce mardi soir une réunion publique sur la rénovation urbaine dans le quartier du Franc-Moisin, à Saint-Denis. Une femme se lève, interpelle les élus : «Ce soir il y a 50 élèves de Suger au commissariat. Ma fille de 17 ans est en garde à vue !» Deux autres mamans sont dans le même cas : l’une est sans nouvelles de sa fille, l’autre de son fils, âgés de 16 ans tous les deux. Impossible, disent-elles, que leurs enfants aient participé aux violences.
L’une d’elles fait défiler les SMS reçus de sa fille. Le premier est tombé à 11 h 44 : «La police m’a frappée. On est 45 en tout.» Par texto, sa mère lui demande où elle se trouve : «Je peux pas, répond l’ado. Je suis menottée.» Un message lapidaire peu après : «Commissariat.» La mère de famille s’est ruée en début d’après-midi au lycée pour en savoir plus. «La directrice nous a dit qu’elle avait laissé sortir les enfants. Personne ne nous avait prévenus.»