Le NPA appelle à voter LO

Le NPA fait aussi un soutien critique.
Motion adoptée par la majorité du CPN du NPA : appel à voter Lutte Ouvrière.
Motion élections régionales
Pour : 52 / Contre : 31 / Abs : 0 / NPPV : 2
Il est trop tôt pour évaluer l'incidence qu'auront sur l'opinion publique en particulier au sein du
monde du travail les attentats abjects du 13 novembre et la politique d'union nationale orchestrée par
Hollande dans leur suite. La stupeur passée, comment les esprits se positionneront, la situation
demeure en fait ouverte. L'union nationale est le cadre des rivalités et lutte de pouvoir des différents
partis institutionnels. Hollande a tenu à donner une place particulière à Sarkozy et Marine Le Pen
rejoint le concert des grands partis. La pression s'exerce toujours plus à droite au nom de la guerre
contre le terrorisme et des politiques sécuritaires. Comment cela s'exprimera sur le terrain électoral,
nous le verrons au soir du premier tour.
Tout est fait pour étouffer le mécontentement qui traverse l'ensemble de la société. Rien ne dit qu'il ne
trouvera pas cependant les moyens de s'exprimer comme il avait pu le faire à l’occasion du conflit Air
France et la « mise à nu » du dialogue social des Broseta, Gattaz ou Macron. Des événements qui
s’inscrivent dans une accumulation de mécontentements et de colères que la note annuelle du club de
DRH « Entreprise & personnel » décrit comme « un basculement progressif vers des mobilisations, certes
indépendantes les unes des autres, chacune sur ses objectifs, mais nourries en arrière plan par un cran de
plus dans le rejet de la politique gouvernementale ».
L’offensive redouble : Code du travail, remise en cause quasi générale des accords d’entreprises, en
particulier des accords RTT dans le privé comme dans le public (comme en témoigne le conflit de
l’APHP), blocage ou baisse des salaires, licenciements dans le privé et dans le public avec des dizaines
de milliers de suppressions de postes programmées dans la santé, les collectivités territoriales, les
banques… Et ce n’est pas le mensonge des prétendus « bons chiffres du chômage » en novembre (qui
ne concernent qu’une seule catégorie alors que le nombre total de chômeurs n’a jamais été aussi
élevé) qui peut faire diversion. Le budget 2016 met en musique le pacte de responsabilité, fait des
coupes dans tous les budgets sociaux tandis que le patronat engrange de nouveaux cadeaux pour la
« compétitivité » (hausse du CICE, exonérations diverses…).
Les rétropédalages du gouvernement à l’approche des régionales ne font que mettre une peu plus en
évidence l’offensive contre les plus faibles, qu’il s’agisse de l’allocation handicapés, des impôts
fonciers des personnes âgées démunies, de la réforme des dotations aux collectivités locales (dont la
baisse est bel et bien maintenue), du retour de l’aéroport de Notre Dame des Landes ou du vote des
immigrés définitivement jeté aux oubliettes, même pour les élections locales. Comme dit Bayrou il y a
une « ambiance de panique électorale ».
La campagne se déroule dans un climat de défiance et d’indifférence qui annonce une abstention très
forte (seuls 40 % des sondés se disent prêts à aller voter). La grande majorité de ceux qui se
déplaceront aux urnes iront y « sanctionner » le gouvernement et le PS, à peine crédité de 20 % dans
les sondages.
La droite profite sans mal du discrédit avec 32 %, malgré les ambitions rivales qui la déchirent et ses
déclarations qui oscillent en fonction de l’électorat choisi, centriste ou de droite extrême. Quant au FN,
malgré les « affaires » qui s’accumulent, il est à 26 % d’intentions de vote, trois fois son score de 2010
(9 %) ! Un FN qui à la fois peaufine son image de parti aspirant à gouverner, prudent en matière
économique, tout en n’hésitant pas à mettre en bonne place sur ses listes des hommes de main issus
de divers groupuscules (Bloc identitaire en PACA, ancien du GUD en IdF…), à surfer sur les pires
préjugés et à répandre une idéologie nauséabonde.
Valls en se faisant le défenseur du Front républicain allant jusqu'à prôner dés maintenant la fusion des
listes PS et LR accrédite l'idée chère à Le Pen de « l'UMPS » en mettant le PS en difficulté comme s'il se
préparait dés maintenant à jouer un rôle dans de futures recomposition gauche-centre-droite.
Face à cette situation de crise profonde, le Front de gauche ne peut représenter une quelconque
perspective. Ses listes à géométrie variable épousent opportunités et contours locaux. Il part divisé :
sur des listes concurrentes dans 5 régions, avec EELV dans 2 autres, parfois avec Nouvelle Donne, la
Nouvelle Gauche Socialiste ou le MRC, parfois contre... Une diversité qui en dit long sur
« l’adaptabilité » du programme de ses différentes composantes. Ainsi, Ensemble peut écrire d’un côté
« Ensemble ! a oeuvré sans relâche pour le rassemblement des forces, sociales et politiques, opposées à
l’austérité et à la politique menée par le gouvernement » assurant vouloir « faire vivre la perspective
d’une alternative sociale et anti-productiviste à l’austérité ! » tout en se préparant ouvertement à
fusionner avec Bartolone au deuxième tour, dans la continuité des élus FdG qui dirigent actuellement
des régions avec le PS et EELV... EELV dont les responsables viennent de prendre part, aux côtés de
gens comme Hamon, Filipetti, etc., au lancement de « Mouvement à gauche », initiative
« transpartisane » pour « revitaliser la gauche »…
Une telle politique tourne le dos aux besoins du moment pour permettre au mécontentement, à la
colère contre le gouvernement PS-Medef de s’exprimer tant sur le terrain des luttes que sur le terrain
électoral. Nous voulons porter une toute autre perspective, sur un terrain de classe, internationaliste,
une perspective en rupture avec l'union nationale et les partis qui y participent complaisamment.
Nous voulons dénoncer les politiques guerrières qui soutiennent le pillage des richesses des peuples
opprimés par les multinationales et qui engendrent le terrorisme. Dénoncer aussi son corollaire, le
tout sécuritaire.
Pour affirmer que « nos vies valent plus que leurs chemises » et que la seule « alternative à l’austérité »,
c’est la répartition du travail entre toutes et tous, une forte revalorisation des salaires et des pensions
comme des minima sociaux, la défense des services publics, l’annulation de la dette et imposer le
contrôle des travailleurs et de la population sur l’économie, les banques, la marche de la société.
Les seules listes qui, au niveau national, se situent sur ce terrain sont les listes présentées par Lutte
Ouvrière. Aussi, quels que soient les désaccords que nous avons avec ces camarades, le NPA appelle à
voter pour ces listes, clairement dans le camp du monde du travail et en totale indépendance vis à vis
des partis au pouvoir nationalement ou localement.
De façon plus générale, combattre la montée des idées réactionnaires, de la droite et du FN implique
de rassembler les forces du monde du travail et de la jeunesse pour mettre en échec la politique du
patronat et du gouvernement. Cette politique est indissociable d’une volonté de rassemblement des
anticapitalistes et des révolutionnaires qui puisse être l’expression des intérêts des travailleurs, leur
instrument pour prendre en main leurs propres luttes.