Tollé en France contre les stock-options de la Société générale
ven 20 mar, 14h51
L'attribution de stock-options à quatre dirigeants de la Société générale a suscité l'indignation de Nicolas Sarkozy et de personnalités de la majorité. La banque a ensuite effectué un recul sur la question.
"Les bonus, les stock-options, les rémunérations exceptionnelles, ce n'est pas admissible quand il y a des aides publiques", a dit le chef de l'Etat, lors d'une conférence de presse à l'issue d'un conseil européen à Bruxelles.
Visant des annonces faites jeudi par la Société générale, sans nommer la banque, il a estimé que de tels dispositifs pour un "mandataire social, ce serait un scandale".
Auparavant, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, avait parlé d'un geste "indécent" et Xavier Bertrand, patron de l'UMP, le parti majoritaire, avait évoqué une mesure "bizarre" et demandé des éclaircissements.
Le groupe bancaire a ensuite annoncé un changement concernant ces stock-options afin, dit-elle, de retrouver la "sérénité" dans ce débat.
Théâtre en 2008 d'un des plus grands désastres de trading de l'histoire de la finance avec l'affaire Kerviel, qui lui a coûté 4,9 milliards d'euros, frappée par la crise des "subprimes", la banque a perçu 1,7 milliard d'euros de l'Etat en décembre.
"Afin de favoriser un retour à une plus grande sérénité dans le débat sur la rémunération à long terme des dirigeants, les mandataires sociaux du groupe s'engagent à renoncer à lever ces stock-options tant que Société générale bénéficie d'un appui en fonds propres de l'Etat", dit-elle dans un communiqué.
Ces stock-options concernent Frédéric Oudéa, directeur général, Daniel Bouton, président de la banque, qui devaient recevoir respectivement 150.000 et 70.000 titres, Didier Alix et Séverin Cabannes, directeurs généraux délégués, 50.000 titres.
Le prix d'exercice était fixé à 24 euros, proche des bas niveaux actuels du cours de l'action. Le principe des stock-options permettrait aux quatre dirigeants d'empocher la différence éventuelle entre ce chiffre et la valeur du titre dans trois ans, délai fixé par la SocGen pour leur exercice.
RÉMUNERATIONS DES PATRONS
Dans l'annonce de jeudi, l'exercice des stock-options était en théorie soumis à la performance de l'action Société générale par rapport à celles de ses principaux concurrents.
L'action SocGen a perdu 61% l'an dernier et 20% encore depuis le début de l'année. Les titres concurrents BNP Paribas et Crédit agricole ont légèrement progressé en 2009.
"J'ai trouvé cela indécent parce que dans le contexte actuel où on a une crise d'une violence absolument inouïe (...) chaque acteur, chaque partenaire social se doit d'envoyer des messages qui soient constructifs," a dit Luc Chatel sur Europe 1.
Xavier Bertrand a jugé cette annonce "bizarre". "On a besoin aujourd'hui que cette banque soit exemplaire, comme toutes les banques qui ont été aidées pour faire face à la crise financière", a-t-il dit sur Canal+.
La Société générale a été frappée d'une amende de quatre millions d'euros en 2008 par la Commission bancaire pour un défaut de contrôle dans l'affaire visant son trader Jérôme Kerviel, qui a pu miser jusqu'à 50 milliards d'euros sur les marchés sans que les dirigeants, disent-ils, l'aient réalisé.
Depuis le début de la crise financière, la question de la rémunération des patrons français est au coeur des débats. Le gouvernement et l'Elysée ont assuré vouloir encadrer les "parachutes dorés" et limiter les rémunérations.
Des mesures législatives ont été prises mais elles ne concernent ni les stock-options, ni le versement de dividendes, ni les autres éléments de rémunération comme les primes ou "retraites-chapeau" (rémunérations additionnelles aux versements normaux des caisses de retraite).
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a estimé dernièrement que l'encadrement des salaires des dirigeants ne relevait pas du rôle de l'Etat.
Thierry Lévêque et Matthieu Protard, édité par Gilles Trequesser
LE JOUR DE LA MANIF ON VOIT BIEN QUE CELA NE LES DERANGE PAS :argh: :argh: :anim-extermin: