
Dans la floraison des articles, j'en reproduis quelques-uns. D'abord le Figaro avec l'analyse de Bourseiller :
Pour Reuters, sur le site de l'Express, cela a commencé à "prendre" avec l'engagement de dissidents de LO à Mulhouse... si le NPA en est réduit à ça, il n'ira pas loin !
Il y a en plus un dossier complet dans Politis (mais je n'ai accès qu'au début, la mise en bouche...) sur le thème
a écrit :Le NPA : un pétard mouillé ?
Christophe Bourseiller
06/02/2009 | Mise à jour : 16:24 | Ajouter à ma sélection
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Olivier Besancenot ne par vient pas à fédérer la gauche de la gauche. Le congrès fondateur du Nouveau Parti anticapitaliste, qui se tient ce week-end, risque d'accoucher d'une formation poli tique aussi étroite que l'ancienne LCR.
C'est à l'évidence l'événement le plus claironné de l'hiver. Que n'a-t-on lu, que n'a-t-on vu, que n'a-t-on entendu sur le très médiatique et déjà mythique congrès fondateur du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), qui se tient ce week-end en Seine-Saint- Denis ? On nous assure que la vierge, la vivace et la belle organisation surgira avec fracas des cendres encore fumantes de la Ligue communiste révolutionnaire, section française de la IVe Internationale. A siècle nouveau, mouvement rénové ? On aimerait le croire.
Olivier Besancenot, Alain Krivine et autres porte-parole s'époumonent en tout cas avec conviction. A les entendre, l'enfant de l'hiver incarnerait une percée du neuf, un ovni politique, radicalement inédit. Dans Prenons parti, pour un socialisme du XXIesiècle (Editions Mille et une nuits), Olivier Besancenot et Daniel Bensaïd insistent sur cette dimension : «Nous voulons changer de logiciel (...). Le Nouveau Parti anticapitaliste ne cherche pas à refaire la gauche d'avant. Il entreprend d'en construire une autre, nouvelle, radicale et indépendante.» La réalité semble pourtant plus grise que les discours exaltants ou les slogans vengeurs que l'on psalmodie à l'unisson sous les oriflammes écarlates.
Pour bien saisir les enjeux du NPA, il faut d'abord s'inspirer du contexte. Matrice directe du nouveau groupe, la LCR est elle-même l'héritière d'un courant trotskiste qui a toujours brandi l'étendard de la modernité. Le débat fait rage depuis la fin des années 60. Doit-on s'arrimer aux invariants du bolchevisme, au marxisme, au léninisme et à la révolution russe, ou bien la doctrine doit-elle s'infléchir à mesure que l'époque change ?
La Ligue a toujours milité pour le changement, au point d'expérimenter au quotidien une forme de « révolution culturelle permanente » marquée par de vigoureuses joutes internes. Ouverte aux vents divers de la modernité, elle s'est enthousiasmée pour le mouvement des femmes, l'écologie, ou la cause des LGBTI (« lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et intersexués »). Elle a contribué lourdement à l'éclosion de ce que l'on nomme aujourd'hui l'altermondialisme. Et elle envisage depuis longtemps de dépasser le trotskisme dans un mouvement plus large. N'avait-elle pas déjà planifié son autodissolution lors du congrès de... 1999 ? Elle devait alors laisser la place à une Gauche démocratique révolutionnaire (GDR). L'opération avait cependant avorté. Un élément plus récent a sans doute joué un rôle décisif.
Mais on peut remonter à l'élection présidentielle de 1995, quand Arlette Laguiller, la candidate de l'organisation trotskiste rivale Lutte ouvrière, a réalisé le score « historique » de 5,30 %. Dans les mois qui ont suivi, le débat a fait rage. N'était-il pas temps de créer un parti de masse ? Lutte ouvrière a cependant estimé préférable à l'époque de ne pas « vendre la peau de l'ours ».
Douze ans plus tard, le jeune candidat de la Ligue, Olivier Besancenot, remporte 4,08 % des voix à la présidentielle de 2007. Pour Krivine et les siens, il n'est pas question d'épouser la frilosité de Lutte ouvrière. La LCR estime au contraire que la dynamique enclenchée par Besancenot ouvre des perspectives inédites. Il est question ici de renouvellement générationnel. L'extrême gauche pourrait-elle connaître au XXIe siècle une seconde jeunesse ? Peut-on sortir du périmètre gauchiste pour impulser une formation plus large, réduisant en poussière le Parti communiste français et menaçant, à terme, le Parti socialiste ?
Hélas, le scénario ne se déroule pas tout à fait comme prévu. La LCR est d'abord immédiatement traversée par de fortes dissensions internes. De nombreux militants s'inquiètent de la forme que pourrait prendre une organisation large. « Large », mais pas trop...
Il est bien obligé de mettre de l'eau dans son vin trotskiste
Beaucoup se préoccupent de la forme. L'organisation future doit à leurs yeux prendre la forme d'un « parti ». On sait que, dans la théorie marxiste, la classe ouvrière doit impérativement se doter d'un « parti » révolutionnaire. Il importe, en tout état de cause, de maintenir une perspective orthodoxe. Pas question d'impulser une fédération, une coordination, ou un réseau. Hors le parti, point de salut !
Autre problème : le contenu. Si le fameux parti de la classe ouvrière veut gagner des voix sur sa droite, il est bien obligé de mettre de l'eau dans son vin trotskiste. Au point d'abjurer son credo initial ? D'emblée, les « conservateurs » érigent des bornes. Le « nouveau parti » ne doit pas se contenter d'être « de gauche » ou « antilibéral ». Il doit se positionner clairement comme « anticapitaliste ». Autant dire... « communiste » et « révolutionnaire ».
Le projet de Nouveau Parti anticapitaliste n'est donc finalement guère novateur. Pourrait-il cependant agréger un public rajeuni, sensible au charisme médiatique d'Olivier Besancenot ?
La direction trotskiste va bien vite déchanter. Ses timides ouvertures en direction des diverses familles de la gauche se soldent par des rebuffades. Non seulement les communistes qui ont soutenu la candidature de José Bové en 2007 ne rejoignent pas le NPA, mais ils impulsent une formation rivale, La Fédération, avec l'appui du journal Politis. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il décline lui aussi l'offre de ralliement. Pire : il crée un Parti de gauche qui prétend s'aligner sur la formation allemande d'Oskar Lafontaine,Die Linke, et développe des positions antilibérales. Il vient d'ailleurs de tendre la main au NPA, en lui proposant de s'intégrer à un « front de gauche » électoral incluant le PCF. Besancenot a décliné l'invitation.
Seuls deux petits groupes... trotskistes acceptent de rallier le nouveau parti en formation : la Gauche révolutionnaire, et la fraction L'Etincelle, qui a récemment quitté Lutte ouvrière.
Le Nouveau Parti anticapitaliste risque ainsi de n'être qu'une LCR « relookée ». Mais les dialecticiens de la IVe Internationale ont déjà paré le coup. Olivier Besancenot développe aujourd'hui un discours « basiste ». Le NPA ne se crée pas « au sommet », par des accords d'appareils, mais « à la base ». On imagine des milliers d'anonymes faisant la queue des permanences pour adhérer en masse et apporter un sang nouveau.
Il reste le bilan. Tandis que le fameux parti éclot sous les sunlights, pas moins de sept organisations se partagent l'électorat de la « gauche antilibérale » : le NPA, Lutte ouvrière, le Parti de gauche, La Fédération, le Parti communiste français, le Parti ouvrier indépendant, et même les Verts.
La cacophonie atteint des sommets, alors même que le délabrement du PS ouvre un boulevard à la gauche de la gauche.
Que penser, en définitive, du NPA ? Le martèlement d'un discours anticapitaliste dur et les déclarations parfois intempestives d'Olivier Besancenot (n'a-t-il pas souhaité à Jean-Marc Rouillan la bienvenue au NPA ?) pourraient constituer de redoutables handicaps. Peut-on sérieusement dépasser le trotskisme et se positionner dans le nouveau siècle quand on fonde, à l'arrivée, un petit « parti communiste révolutionnaire » ? Il est permis d'en douter...
Pour Reuters, sur le site de l'Express, cela a commencé à "prendre" avec l'engagement de dissidents de LO à Mulhouse... si le NPA en est réduit à ça, il n'ira pas loin !
a écrit :
Le Nouveau parti anticapitaliste, un choix mûrement réfléchi
Par Reuters, publié le 06/02/2009 à 11:11
SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis) - Quand, le 24 août 2007, Olivier Besancenot annonce qu'un nouveau parti va se substituer à la LCR, la stupeur gagne les rangs de l'extrême gauche française.
L'idée de créer un nouveau parti rompant avec l'image extrémiste de la LCR s'est concrétisée jeudi avec la création du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). (Reuters/Charles Platiau)
L'idée de créer un nouveau parti rompant avec l'image extrémiste de la LCR s'est concrétisée jeudi avec la création du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). (Reuters/Charles Platiau)
L'ex-candidat à la présidentielle veut-il jeter aux oubliettes la Ligue communiste révolutionnaire, l'une des formations marquantes de la "génération 68" ?
"On ne peut faire du neuf uniquement avec du vieux", explique alors Olivier Besancenot devant l'université d'été du mouvement, réunie à Port Leucate, dans l'Aude.
En fait, l'idée de créer un nouveau parti rompant avec l'image extrémiste de la LCR, qui s'est concrétisée jeudi avec la création du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), est le fruit d'une longue réflexion de l'ensemble de la direction trotskiste.
"On y pensait depuis 1992, avec la chute du Mur de Berlin", raconte François Coustal, auteur de "l'Incroyable histoire du Nouveau parti anticapitaliste" et membre de l'organisation.
"On se définissait par opposition au Parti communiste, ça n'avait plus de sens", dit-il à Reuters.
Le mouvement est d'abord né sous le nom de Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR) en 1965 avant d'être dissout juste après mai 68 et de prendre le nom de LCR en 1969.
En 2002, après le score d'Olivier Besancenot (4,25%) à la présidentielle, l'idée d'un grand parti ressurgit mais les circonstances ne s'y prêtent pas en raison de la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour.
Le projet doit beaucoup au talent médiatique du porte-parole Olivier Besancenot, qui s'est imposé comme une figure de la vie politique, mais aussi au fait "qu'il y a une place à prendre", à gauche du Parti socialiste, insiste François Coustal.
L'idée maîtresse des dirigeants de la LCR est qu'une grande partie des électeurs de la gauche radicale ne veulent plus seulement d'une "force de témoignage" lors des élections mais d'un parti capable de peser sur la gauche et le terrain social.
"NE RIEN LÂCHER SUR FOND"
"Le point commun des gens qui rejoignent le NPA, c'est de penser qu'on ne changera pas uniquement la situation politique par les élections", explique Pierre Baton, l'un des responsables parisiens du mouvement.
"Les jeunes adhérents se disent 'si on est plus nombreux, on pourra en découdre'" dans les luttes, ajoute-t-il.
Le nouveau parti ne sera plus affilié officiellement à la IVème internationale fondée par Léon Trotski et les préoccupations environnementales et sociétales seront plus marquées. Mais il ne changera pas de cap.
Les dirigeants de la LCR, dont Alain Krivine, qui ne fait cependant plus partie du bureau politique depuis 2006, sont confortés dans leur projet par les bons scores de leurs candidats aux élections législatives et municipales.
"On était un peu inquiets et ça a au contraire accéléré les choses", explique François Coustal.
Commence alors une véritable tournée en France des groupes susceptibles de faire avancer le projet.
Si tout démarre à Marseille, l'engagement à Mulhouse d'Union 68, qui comprend des dissidents de Lutte ouvrière, autre parti d'extrême gauche, montre que le processus s'enclenche.
Au congrès de janvier 2008, le texte proposant de dissoudre la LCR en cas de création du NPA l'emporte à une forte majorité.
Si le projet ne parvient pas à rallier d'autres formations de l'ultra-gauche ou de la mouvance altermondialiste, la distribution de cartes d'adhésion fait florès.
Près de 9.000 personnes font en effet acte d'adhésion au futur NPA, alors que la LCR ne comptait que 3.500 militants.
Pour Olivier Besancenot, l'objectif est de créer un "pôle anticapitaliste par le bas", c'est-à-dire la base militante, et non de fédérer un cartel de formations existantes.
Selon Pierre Baton, les nouveaux venus se composent en trois catégories: des syndicalistes de Sud ou de la CGT décidés à s'engager, des militants expérimentés venus des milieux associatifs et "des gens pour qui c'est la première expérience."
"Il y a un durcissement, l'idée pour ces militants que ce n'est pas possible de rester dans le seul secteur associatif", ajoute-t-il.
Il reconnaît que la personnalité d'Olivier Besancenot a joué dans la campagne d'adhésion, mais pas seulement en raison de son succès médiatique. "Tout le monde est content de l'avoir comme porte-parole, car il ne lâche rien sur le fond."
Gérard Bon, édité par Yves Clarisse
Il y a en plus un dossier complet dans Politis (mais je n'ai accès qu'au début, la mise en bouche...) sur le thème
a écrit :
Le trotskisme est-il dépassé ?
PAR Denis Sieffert
jeudi 5 février 2009
Après quarante ans d’existence, la LCR cède la place ce week-end au NPA. Un « dépassement » du trotskisme souhaité de longue date par Olivier Besancenot. Et l’occasion de revenir sur l’histoire de ce courant politique et d’en interroger l’avenir. Un dossier à lire dans notre rubrique Politique.
Pour la plupart de nos contemporains, le trotskisme, c’est Arlette Laguiller et Olivier Besancenot. Pour ceux qui ont quelques années de plus, c’est Alain Krivine. Pour beaucoup, ce sont de mystérieuses officines où quelques-uns de nos hommes politiques ont fait leurs classes, comme Lionel Jospin ou Jean-Luc Mélenchon… En tout cas, ce sont des gauchistes. (...)