(Reuters % Lundi 17 mars a écrit :La perte de bastions ternit la bonne résistance du PCF
PARIS (Reuters) - Le PCF estime avoir consolidé ses acquis mais la perte de plusieurs bastions du communisme municipal, Calais, Aubervilliers et Montreuil, vient ternir son bilan plutôt positif des élections des 9 et 16 mars.
Autre déception pour un parti qui rêve d'enrayer son déclin, son échec dans la reconquête du Havre (Seine-Maritime), de Nîmes (Gard) et de Sète (Hérault).
Au fil de la soirée de dimanche, l'optimisme initial des dirigeants du parti, dont Michel Laurent, responsable des élections, a fait place à un certain ressentiment envers ses alliés naturels, même si "le PCF fait mieux que résister."
Ce sont en effet les socialistes et les Verts qui ont infligé au PCF ses plus cinglants revers en choisissant de se maintenir dans certaines villes au second tour.
Le plus symbolique est celui de Montreuil (Seine-Saint-Denis), où bien que devancée de sept points au premier tour, la sénatrice verte Dominique Voynet a détrôné le maire sortant PCF Jean-Pierre Brard, en place depuis 24 ans.
A l'issue d'une campagne mouvementée, l'ex-ministre de l'Environnement semble avoir bénéficié du report des voix de l'extrême gauche, du MoDem et même d'une partie de la droite, soucieuse d'en finir avec le "système Brard."
"Madame Voynet a été élue avec des voix de droite et c'est regrettable", a lancé la sénatrice PCF Nicole Borvo sur Public Sénat.
La performance de Dominique Voynet, qui semblait avoir peu de chances sur le papier de déloger Jean-Pierre Brard, confirme la "petite renaissance" des Verts, selon l'expression de Cécile Duflot, la secrétaire nationale du parti.
CHANTIER DE LA REFONDATION
"Cette victoire est la victoire d'une nouvelle gauche, celle de la gauche de demain", veut croire pour sa part Dominique Voynet.
Toujours en Seine-Saint-Denis, le PCF a dû faire face à une offensive en règle des socialistes locaux qui, faisant voler en éclats l'union de la gauche, lui ont ravi la présidence du Conseil général.
Dans l'ensemble, les sortants communistes ont bien résisté, remportant trois duels sur quatre avec le PS, à Saint-Denis, La Courneuve et Bagnolet.
Il n'a cependant pu conserver Aubervilliers, bastion rouge depuis 1945 où Jacques Salvator, allié aux Verts, a battu le communiste Pascal Beaudet à la faveur d'une quadrangulaire.
En outre, les socialistes emmenés par Claude Bartolone, un proche de Laurent Fabius, progressent partout, ce qui nourrit les inquiétudes pour l'avenir.
A Calais, ville détenue par le PCF depuis 37 ans, Jacky Hénin doit sa défaite à la décision du candidat du Front national de se retirer en dépit des consignes de Jean-Marie Le Pen, ce qui a permis à l'UMP Natacha Bouchart de l'emporter.
Face à ces déconvenues, les dirigeants communistes ont mis l'accent sur la conquête d'un certain nombre de petites villes comme Portes-les-Valence, Firminy, Aubière, Villerupt, Queven, et Roissy-en-Brie. Ils ont également rappelé leurs gains du premier tour, comme Dieppe (Seine-Maritime).
Estimant avoir sauvé "l'essentiel" du communisme municipal, le PCF appelle l'ensemble de la gauche à reconstruire au plus vite des "alternatives politiques au pouvoir sarkozyste."
Dans un éditorial publié lundi dans l'Humanité, Pierre Laurent déplore que "les velléités d'accords au centre, dont on voit l'impasse qu'ils constitueraient, n'aient pas disparu de la tête de certains dirigeants socialistes."
Or, pour le PCF, le scrutin municipal et cantonal a montré que l'avenir de la gauche passe par "de vrais projets de changement" et une "pratique politique nouvelle."
La secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, doit passer la main lors du prochain congrès du PCF, en décembre prochain. D'ici là, les cadres communistes planchent sur "le chantier de la refondation du communisme français", qui s'annonce toujours aussi ardu.
Gérard Bon