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Message Publié : 13 Juil 2007, 22:38
par com_71
(Combat Ouvrier 30 06 2007 a écrit :Commentaires sur les réactions après les résultats en France

Le succès de la droite aux présidentielles laissait prévoir bien sûr un même succès aux législatives qui ont suivi. Lors de la victoire de Sarkozy, on a entendu M-G Buffet s’écrier: «c’est une catastrophe» et le journal l’Humanité reprenait le même thème dans un article ; et M-G Buffet, secrétaire générale et candidate du PCF s’écriait:
«L’élection du président de l’UMP et le grave échec de la gauche constituent une véritable catastrophe politique ; Pour la première fois depuis la libération (1945!) se trouve porté aux plus hautes responsabilités de l’Etat un homme qui repris à son compte la plupart des thèmes politiques de l’extrême-droite et qui porte ouvertement le programme économique et social ultra-libéral du Medef »!

Comme si les précédents présidents n’étaient pas les porte-parole du patronat et les défenseurs de leurs intérêts! Comme s’il y avait eu de «bons gouvernements» pour les travailleurs! Et quand à la manoeuvre politique par laquelle N. Sarkozy a raflé les voix de l’extrême droite, bien des ministres et hommes politique avant lui avaient déjà tenu des propos allant dans ce sens, sans avoir eu le culot ou l’opportunité de les mettre systématiquement en avant comme il l’a fait! Cela juge le personnage, mais n’en fait pas pour autant un représentant exceptionnel de la bourgeoisie ; car dans les rangs de celle-ci il y a nombre de personnages capables de telles prouesses!

Quant à l’appareil d’état, il y a longtemps qu’il est gangrené, de haut en bas, de gens capables de tous les coups tordus, de toutes les orientations, comportements, paroles et gestes racistes voire criminels vis-à-vis des «immigrés» ; on n’a qu’à voir les répressions depuis 50 ans, de niveau divers, en France même contre les travailleurs, contre ceux qui n’ont pas le bon teint français, bien blanc, auxquelles il faut ajouter les répressions coloniales aux quatre coins du monde, menées aussi bien par des politiciens de droite que de gauche!

Alors trembler d’indigna-tion ou de crainte pour l’arrivée au pouvoir d’un Sarkozy, politicien manoeuvrier et arriviste, non, il y a mieux à faire!

Plus ou moins, toute la gauche et l’extrême gauche (notre courant excepté) étaient dans cet état d’esprit. Aujourd’hui encore, beaucoup des militants de ces organisations, en France et ici même, se persuadent que l’arrivée de Sarkozy au pouvoir a quelque chose de particulièrement mauvais et dangereux. Certaines personnes de gauche et des militants ont même parlé de «résister»!

Nous ne partageons pas cet excès de catastrophisme et de vision diabolisante!

D’abord parce que les mesures que Sarkozy a proposées à ses électeurs de droite et d’extrême droite sont la continuation de ce que lui, Fillon et compagnie ont fait pendant cinq ans dans le gouvernement Chirac-Raffarin-Villepin: attaques contre les retraites, contre les services publics, diminution des remboursements à la sécurité sociale, attaque contre les droits des chômeurs, politique d’écrémage des listes à l’ANPE, le CNE et la mésaventure du CPE. Vis-à-vis des émigrés durcissement des contrôles, difficulté d’entrée, d’obtention des visas, expulsion des enfants d’immigrés (enlevés de force dans certaines écoles) etc.

Tout cela Sarkozy le faisait déjà, De Robien avait déjà décrété l’obligation pour les enseignants de faire des heures supplémentaires et d’enseigner une deuxième matière sur simple demande des chefs d’établissements, etc.

Pour plaire à l’extrême droite et rafler ses électeurs, Sarkozy a tenu un langage susceptible d’attirer leurs votes. C’est un homme de droite, menteur vis-à-vis de toute la population et tout à fait capable de se vanter d’avoir des muscles auprès des gens d’extrême droite pour leur dire qu’il est prêt à cogner contre les couches populaires. Il n’y a là rien de nouveau, rien de surprenant.

De même qu’il n’est pas surprenant que Sarkozy, maître et dominateur dans son propre camp, soit capable de leur imposer ce que toute la presse a appelé «l’ouverture» c’est-à-dire l’arrivée dans son gouvernement de gens issus de la gauche, naïfs ou impatients d’avoir des postes.

Il est suffisamment maître de la situation pour imposer ça à son entourage, où les appétits de postes sont grands. Cela relève de la manœuvre politique, des magouilles habituelles dans ces milieux.

Mais là aussi ce n’est pas nouveau, Mitterrand avait fait une ouverture vers la droite en 1988, De Gaulle en son temps avait gouverné avec des communistes, des socialistes et toute sorte de gens.


Sarkozy: catastrophe ou pas catastrophe?

Quand nous refusons de crier à la catastrophe ou à la nécessité de résister, etc. nous ne voulons en aucune manière dire que Sarkozy et son gouvernement ne représentent ni danger ni nuisance pour les couches populaires. C’est le gouvernement d’un président, chef d’une majorité réactionnaire qui a fait des «promesses» (qu’il cherchera à tenir) aux gens les plus réactionnaires et les plus conservateurs de la société française, des gens anti-syndicats, anti- grève, anti-services publics, anti-loi sur l’avortement, etc.
Leurs déclarations, celles de Sarkozy, de Fillon, les fameuses réformes ont l’avantage d’être claires, elles visent:
• Le droit de grève (service minimum, vote sur la grève par les non grévistes;
• La facilité de licenciements pour les patrons, (code du travail rénové);
• Les retraites des cheminots et autres;
• Des avantages nouveaux pour les patrons (impôts, suppression des charges sociales, subventions en tout genre, etc.);
• Durcissement vis-à-vis des sans papiers, politique d’immigration en fonction des besoin des patrons, etc;
• Allongement de l’âge de la retraite;
• Il en résulte des décisions d’exonérations et de baisse d’impôts et avantages divers pour les riches, défiscalisation des heures supplémentaires etc.

Message Publié : 13 Juil 2007, 23:42
par Puig Antich
Oui, enfin, excusez moi, mais le contrat unique, si il était adopté, serait effectivement une catastrophe. Et pour le coup serait un précédent, sur le terreain des attaques contre la classe ouvrière en France, depuis 45. Il en résulte, oui, la nécessité de la résistance ouvrière aux attaques, mais surtout la nécessité de vaincre.

Mais, Sarkozy n'est en effet pas le diable. Il n'a pas de super-pouvoirs. Et en particulier pas le pouvoir d'effacer les rapports de force entre les classes à coup de rideaux de fumée et de déclarations.

Message Publié : 14 Juil 2007, 00:11
par Gaby
En gros, Puig, tu es d'accord pour dire qu'il ne faut pas diaboliser Sarkozy... mais c'est le diable quand même ! :w00t2:

Sinon, puisque tu as lu la dernière LdC, tu te souviens de ce passage :

(LdC 106 a écrit :La gauche réformiste a été prise complètement à contre-pied par les débuts du gouvernement Sarkozy-Fillon. Pas seulement par le fait que quelques-uns de ses représentants les plus connus ont accepté de jouer le jeu d'ouverture de Sarkozy en se jetant sur les postes ministériels qui leur ont été concédés, mais aussi par le fait même de cette politique d'ouverture. Mais au fond, il ne pouvait pas en être autrement. Pendant toutes les campagnes électorales, le principal axe de la gauche a été d'attaquer Sarkozy pour ses méthodes, dénoncer son autoritarisme, son goût pour l'exercice solitaire du pouvoir. La virulence des attaques contre les méthodes de Sarkozy était cependant destinée à masquer l'absence d'opposition au contenu de sa politique. Mais comment la gauche aurait-elle pu attaquer Sarkozy vraiment sur ce terrain, alors que la politique qu'elle proposait n'était guère différente ? Et voilà que Sarkozy, loin de chercher à écraser l'opposition de gauche au Parlement, lui offre une présidence de commission et annonce son intention de lui donner un statut et un rôle. 
Il s'agit là plus que d'un geste destiné à embarrasser le Parti socialiste. Il s'agit de donner l'impression que ce dernier a un rôle en tant qu'opposition. La constitution d'un « cabinet fantôme » à l'initiative d'Ayrault, en singeant ce qui se pratique en Angleterre, est passablement ridicule. Mais elle est destinée à montrer que l'opposition de gauche entend être « constructive ». La démarche de Sarkozy à l'égard de l'opposition parlementaire procède de la même démarche que celle vis-à-vis des dirigeants syndicaux. Sarkozy a tout intérêt à ce que le mécontentement ou la colère que susciteront ses mesures ne s'exprime que sous la forme de débats parlementaires dans l'hémicycle ou dans les couloirs de l'Assemblée nationale. Mais là-dessus, le Parti socialiste est pleinement en accord avec lui. « Le Parlement plutôt que la rue », voilà l'essence de la politique de tous les partis qui se placent sur le terrain de la bourgeoisie. Le moulin à paroles du Palais Bourbon, c'est la démocratie. L'explosion d'en bas, la rue, les grèves, c'est l'anarchie ou, pire, le saut dans l'inconnu. 
Contrairement aux mensonges de la gauche réformiste qui ont présenté l'élection de Sarkozy comme une catastrophe, ce n'est pas un pouvoir fort. Pas plus que ses prédécesseurs. Il n'a à sa disposition ni plus de policiers, ni des bandes armées civiles susceptibles de jouer le rôle d'auxiliaires de répression. Il n'a pas plus de moyens que ses prédécesseurs d'affronter la classe ouvrière si elle se mettait en colère. Il cherche à éviter l'affrontement. Ses inquiétudes reflètent, par un effet de miroir, la force potentielle du monde du travail. 


Dire qu'il ne faut ni attendre les prochaines élections, ni céder au pessimisme de ceux qui évoquent les maquis, c'est plus sérieux que les "résistances" à la mode du faux antifascisme...

Message Publié : 14 Juil 2007, 00:37
par Puig Antich
Je suis assez d'accord avec cet article. Néanmoins, il ne faut ni dire que tout a changé en pire et que tout devient catastrophique, ni dire, à mon avis parce que c'est faux, que Sarkozy c'est simplement la continuité du pouvoir réactionnaire. Il veut franchir une étape décisive, dans les coups portés aux masses populaires. Il n'est tout de même pas anodin de vouloir liquider le CDI, ni anodin de voir les directions syndicales et les partis réformistes s'adapter plus que jamais à cette politique, ne lui fixer que des limites dérisoires. Ce ne sont pas des attaques parmi d'autres, et si Sarkozy cherche à "éviter l'affrontement" (peine perdue), il cherche à nous infliger une défaite décisive.

Et ce n'est certes ni au parlement, ni dans le maquis, que l'on pourra y résister, y mettre un coup d'arrêt.

Mais, oui, leurs gesticulations quotidiennes, le peu d'assurance avec lequel ils entament un mandat que la camarade Laguiller a inauguré sous l'emblème de la poudre accumulée qui va exploser, reflètent "en négatif, la force potentielle du monde du travail".

Message Publié : 14 Juil 2007, 00:45
par Gaby
(Puig Antich @ samedi 14 juillet 2007 à 01:37 a écrit : Il veut franchir une étape décisive, dans les coups portés aux masses populaires. Il n'est tout de même pas anodin de vouloir liquider le CDI, ce n'est pas une attaque parmi d'autres.

Mais on est à peu près d'accord. Sarkozy est dans la continuité, un peu plus rapide, mais dans la continuité quand même. On se souvient que pour les réformes de l'enseignement, le gouvernement Raffarin n'a fait que prendre la suite du gouvernement Jospin par exemple. Aujourd'hui c'est l'étape suivante encore, comme pour les autres domaines. Tu remarqueras quand même que LO ne se tait pas sur les mesures et les promesses du gouvernement...



Et puis aussi, la précision de LO par rapport à d'autres proches de nous, c'est de rappeller quand même : à qui profite au fond l'anti-Sarkozysme grimé en figure démoniaque ? A ceux qui veulent flatter le réformisme le plus plat, à la manière du "anybody but Bush" aux USA.

Message Publié : 14 Juil 2007, 05:26
par zeanticpe
(Puig Antich @ samedi 14 juillet 2007 à 00:37 a écrit : Je suis assez d'accord avec cet article. Néanmoins, il ne faut ni dire que tout a changé en pire et que tout devient catastrophique, ni dire, à mon avis parce que c'est faux, que Sarkozy c'est simplement la continuité du pouvoir réactionnaire. Il veut franchir une étape décisive, dans les coups portés aux masses populaires. Il n'est tout de même pas anodin de vouloir liquider le CDI, ni anodin de voir les directions syndicales et les partis réformistes s'adapter plus que jamais à cette politique, ne lui fixer que des limites dérisoires. Ce ne sont pas des attaques parmi d'autres, et si Sarkozy cherche à "éviter l'affrontement" (peine perdue), il cherche à nous infliger une défaite décisive.

Et ce n'est certes ni au parlement, ni dans le maquis, que l'on pourra y résister, y mettre un coup d'arrêt.

Mais, oui, leurs gesticulations quotidiennes, le peu d'assurance avec lequel ils entament un mandat que la camarade Laguiller a inauguré sous l'emblème de la poudre accumulée qui va exploser, reflètent "en négatif, la force potentielle du monde du travail".
juste deux réactions.
a écrit : il cherche à nous infliger une défaite décisive.
. Une défaite decisive de la classe ouvrière, c'est quand elle s'est battue, et qu'elle a été écrasée par la bourgoisie. Pour l'instant, comme le dit l'article, le gouvernement bénéficie n'a pas encore eu à l'affronter.
a écrit : Néanmoins, il ne faut ni dire que tout a changé en pire et que tout devient catastrophique, ni dire, à mon avis parce que c'est faux, que Sarkozy c'est simplement la continuité du pouvoir réactionnaire.

Mais là-dessus, même si, évidemment, comme toi, je suis scandalisé par la série de mesures que va prendre le nouveau gouvernement, on est quand - même bien dans la continuité. Tellement, d'ailleurs, que c'est les mêmes têtes au gouvernement.
La seule chose un peu nouvelle est que Monsieur Sarkozy recrute au PS, comme peu de gouvernements l'ont fait avant. Ce qui me fait me demander à ce propos la différence de fond qui sépare les gens du PS et ceux de l'UMP.

Message Publié : 14 Juil 2007, 09:36
par jeug
(Puig Antich @ samedi 14 juillet 2007 à 00:42 a écrit :Oui, enfin, excusez moi, mais le contrat unique, si il était adopté, serait effectivement une catastrophe.

Pourquoi "excusez-moi" ???
L'article ne dit pas le contraire ! mais que L'ELECTION de Sarkozy n'est pas une catastrophe.
Comme dit Zeanticipe, on peut parler de défaite quand il y a eu combat. Et les élections n'en sont pas un.
On a dit ça 100 fois ici, mais tu as peut-être oublié. ;)