a écrit :Nicolas Sarkozy annule une visite à la Croix-Rousse à Lyon
LYON (Reuters) - Le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle Nicolas Sarkozy a annulé jeudi une visite à la Croix-Rousse, l'ancien quartier des ouvriers de la soie, les canuts, à Lyon, où l'attendaient des manifestants hostiles.
C'est la première fois que l'ex-ministre de l'Intérieur renonce à une étape d'un déplacement de campagne.
Nicolas Sarkozy et son entourage ont invoqué un retard de 45 minutes de son avion. Mais selon une source aéroportuaire, il a atterri à 14h56 à l'aéroport de Bron, soit plus d'une demi-heure avant le rendez-vous prévu au coeur de la Croix-Rousse, chez le patissier-chocolatier Bouillet.
"S'il ne vient pas, c'est une cause de sécurité", a dit à des journalistes le patron, Henri Bouillet, démentant ainsi la version de l'entourage de l'ex-ministre de l'Intérieur.
A 14h30, une heure avant l'horaire prévu pour l'arrivée de Nicolas Sarkozy, quelques dizaines de personnes sont déjà massées devant le magasin - des badauds, des partisans du candidat de l'UMP mais aussi des manifestants hostiles à sa venue.
La foule grossit peu à peu, jusqu'à atteindre environ 200 personnes. Certaines sont là par hasard, d'autre parce qu'elles ont appris la visite de Nicolas Sarkozy. Toutes ne sont pas hostiles. Mais celles qui le sont, dont une majorité de jeunes, sont les plus bruyantes.
Parmi elles Gérald, 32 ans, "crieur", qui hurle par-dessus la foule : "M. Sarkozy, vous n'êtes pas le bienvenu !" Un cri repris sur plusieurs pancartes improvisées sur des cartons d'emballages et même au dos d'un plan de Lyon.
"Ici dans ce quartier, c'est la première fois que des ouvriers se sont battus contre le patronat pour dire, on a des conditions de vie inacceptables", déclare Gérald. "M. Sarkozy représente le pouvoir de l'argent qui oppresse les gens. Il ne faut pas qu'il s'attende à ce que les gens de la Croix Rousse l'accueillent à bras ouverts."
Un professeur agrégé de lettres à la retraite de 75 ans, qui confie préférer le candidat de l'UDF François Bayrou, rappelle que la révolte des canuts, en 1831 et en 1834, a été écrasée dans le sang par un ministre de l'Intérieur qui s'appelait Adolphe Thiers. "C'était le Sarkozy de l'époque", dit-il.
"IL Y AVAIT DES MANIFESTANTS ?"
Les huées des anti-Sarkozy couvrent les "Sarkozy président" des partisans du candidat. Les esprits s'échauffent lorsqu'un cordon de policiers se déploie devant le magasin.
Des manifestants croient a une arrivée imminente de Nicolas Sarkozy. "On a déjà été kärchérisé ! On a déjà nettoyé toute la racaille ! Rentre chez toi !" lancent-ils en faisant allusion à des propos controversés de l'ancien ministre de l'Intérieur lors de visites dans la banlieue parisienne.
L'heure du rendez-vous est passée. Le député UMP de la circonscription, Emmanuel Hamelin, laisse entendre que Nicolas Sarkozy pourrait renoncer à venir : "Je l'ai eu au téléphone, il entendait les cris, derrière. Il a dit 'on va voir'."
"C'est dommage s'il ne vient pas parce que c'est vraiment une minorité qui met le bazar. Le crieur est salarié de la mairie (socialiste) du IVe arrondissement (de Lyon). J'ai vu qu'il y avait un des adjoints de la mairie du IVe. Donc on a organisé cet espèce de trouble", ajoute-t-il.
Quelques instants plus tard, l'entourage de Nicolas Sarkozy annonce qu'il rejoindra directement la deuxième étape de son déplacement, une petite entreprise de tapisserie à Villeurbanne, en raison d'un "retard" de son avion.
Les nombreux journalistes présents, dont quelques équipes de télévision étrangères, partent. Les manifestants anti-Sarkozy scandent un dernier baroud : "Un charter pour Sarko !"
Gérald hésite entre fanfaronnade et déception : "Désolé d'avoir gâché la fête. On aurait aimé discuter avec Nicolas Sarkozy. Je crois qu'il a eu peur de l'accueil."
A son arrivée chez le tapissier de Villeurbanne, Nicolas Sarkoy confirme pour sa part la version officielle : "Mon avion avait 45 minutes de retard".
"Il y avait des manifestants ? Ah, eh bien je vais aller les voir, après. Ils ne devaient pas être beaucoup. Si c'est pour décevoir l'extrême-gauche, désolé je serai au rendez-vous", fanfaronne-t-il. Mais entre sa visite au tapissier et la réunion publique qui concluait son déplacement, il n'a pas trouvé le temps de revenir à la Croix-Rousse.