L’ICEM-Pédagogie Freinet en danger
Les réductions budgétaires infligées aux mouvements pédagogiques fragilisent leurs structures et, à très court terme, porteront atteinte à toutes leurs activités.
Créé en 1947 par Célestin Freinet, l’ICEM (Institut Coopératif de l’Ecole Moderne) bénéficie d’un agrément et d’un soutien du Ministère de l’Éducation nationale par une subvention annuelle de fonctionnement et par la mise à disposition d’enseignants garants des principes de laïcité, de gratuité, de solidarité, de fraternité et d’égalité dans les actions mises en place.
Or le montant des subventions accordé chute de façon vertigineuse. Le montant attribué en 2006 représente 50 % de celui versé en 2002, dont 30 % de baisse sur cette seule dernière année.
Pourtant, les mouvements pédagogiques, depuis leur création, participent au développement de l’enseignement public, ils ont été les partenaires de l’Education nationale pendant des décennies, des débuts de l’Education nouvelle avec ses grands pédagogues à l’orée du XXIe siècle.
Les menaces qui pèsent sur ces creusets de recherche et d’innovation entraîneront une rupture historique avec l’Education nationale !
C’est toute une conception de l’éducation qui est ainsi remise en cause : une éducation ambitieuse qui prend en compte la diversité de tous les élèves et le souci de les faire tous réussir, en les motivant, en les respectant, en les soutenant, en leur ouvrant l’accès à la Culture. Une éducation qui intègre pleinement les principes et les valeurs de démocratie solidaire et participative, pour permettre à tous de devenir des citoyens et des citoyennes en capacité de comprendre le monde et d’agir sur lui.
Les idées et les pratiques pédagogiques en accord avec cette conception émancipatrice et populaire de l’éducation ont inspiré les concepteurs des programmes, ont alimenté la recherche pédagogique et se sont répandues dans les lieux de formation depuis plus d’un siècle.
Cette production d’idées, de pratiques, d’outils pour la classe et les enseignants est le fruit du travail de nos militants, ces enseignants motivés par l’évolution du système éducatif. Ces diverses activités bénévoles sont coordonnées, animées, gérées, financées par l’ICEM-Pédagogie Freinet.
Ce sont des publications : revues documentaires pour les classes, les BCD, les CDI ; revues et ouvrages pédagogiques pour l’enseignant.
Ce sont des outils pédagogiques.
Ce sont des travaux de recherche.
Ce sont des stages de formation.
Ce sont des rencontres, des colloques, des journées d’études.
Toutes ces activités apportent un complément essentiel à l’enseignement public.
L’éducation de tous est une obligation de notre société, un bien public inaliénable.
L’École publique se centrant sur l’instruction, l’État laisse aux organismes privés un vaste marché alimenté par l’angoisse de l’échec scolaire, pour soutenir, remédier, rééduquer, cultiver.
Ce désengagement de l’État envers l’ICEM et toutes les associations éducatives complémentaires est bien en cohérence avec les dérives marchandes qu’il produit et qui renforce les inégalités, l’individualisme, la compétition et l’exclusion.
Le XXIe siècle verra-t-il disparaître les valeurs de laïcité, de solidarité, de fraternité qu’ont défendues sans relâche les hommes et les femmes épris de progrès, de justice et d’égalité tout au long du siècle dernier ?
Janvier 2007