a écrit :Un rapport plaide pour une meilleure cohérence des aides publiques aux entreprises
Les aides publiques aux entreprises ont représenté 65 milliards d'euros en 2005, soit 4 % de la richesse nationale, révèle un rapport du ministère de l'économie, qui préconise une meilleure évaluation, et plus de cohérence.
Ce document, qui n'a pas encore été rendu public, juge "raisonnable" de diminuer le montant total de ces dépenses de 4 milliards d'euros en un an, "à efficacité maintenue ou renforcée". Réalisé par les inspections des finances, des affaires sociales et de l'administration, ce rapport a été commandé par le premier ministre, à la suite d'une proposition du Conseil d'orientation pour l'emploi, qui avait déjà souligné en février 2006 que ces aides constituaient un "champ vaste, mal connu et trop rarement évalué".
L'aide aux entreprises représente "un peu plus que le total du budget de l'éducation nationale, près de deux fois le budget de la défense, et le même ordre de grandeur que le total des dépenses hospitalières", souligne ce rapport, qui est cité dans Le Figaro du mercredi 24 janvier.
L'Etat est de très loin le premier contributeur, avec 57 milliards d'euros, soit plus de 906 euros par an et par habitant ; viennent ensuite les collectivités locales avec 6 milliards d'euros et les fonds européens avec 335 millions d'euros.
LES AIDES SOUS ÉVALUÉES PAR BRUXELLES
Le rapport met également en cause le nombre très élevé de dispositifs, "au moins six mille", qui souffrent parfois de "redondances" voire de "contradictions".
Les aides fiscales représenteraient 8,3 milliards d'euros et les aides aux investisseurs 6,4 milliards. Concernant ces dernières, cent vingt dispositifs d'aide à la création d'entreprise sont recensés par les auteurs, qui estiment que "seulement 10 % des entreprises qui se créent en bénéficient en pratique".
Informé de ces chiffres, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CGPME), Jean-François Roubaud, estime possible de faire des "regroupements" d'aides. Il propose aussi de"vérifier si elles sont utiles, si les aides à l'emploi correspondent à de l'emploi réel". Il affirme néanmoins que "les entreprises contribuent au fonctionnement de l'Etat pour des sommes largement au-dessus du montant de ces aides", avec "42 milliards d'impôts sur les sociétés, 24 milliards de taxe professionnelle et plus de 65 milliards de contribution sociale généralisée". Par ailleurs, "une grande partie de ces aides ont été mises en place pour l'alignement des smic et le passage aux trente-cinq heures", fait-il valoir.
Fabrice Henry, membre du comité directeur de l'association d'entreprises innovantes CroissancePlus,"craint que 80 % de ces 65 milliards ne soient affectés aux grandes entreprises" au détriment des PME.
Ce rapport est divulgué alors que se tiendra le 12 février la conférence nationale des finances publiques 2007, à un moment où la Commission européenne reproche à la France ses largesses – elle n'avait pourtant répertorié que 10 milliards d'euros d'aides en 2005. Le Medef, qui se réunit jeudi, devrait réagir.
Le Monde.fr, avec AFP