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a écrit :Des collectifs de la gauche antilibérale créés par le PCF font polémique
LE MONDE | 06.11.06 |
La guerre des nerfs a commencé au sein de la gauche antilibérale. Alors que l'ensemble des ténors du rassemblement pour une candidature unitaire à la gauche du PS pour l'élection présidentielle de 2007 devait se retrouver pour un premier meeting de campagne, lundi 6 novembre au Mans, des tensions ont surgi au sein du collectif national d'animation.
Un doute est apparu sur l'existence réelle de quelques dizaines de collectifs locaux créés à l'initiative du Parti communiste français ces dernières semaines. Le premier coup de semonce est venu d'un mail de l'altermondialiste Raoul-Marc Jennar, annonçant, mercredi 25 octobre, sa démission du collectif national. "Je ne suis pas intéressé par la partie de bras de fer qui s'engage entre les forces politiques", explique-t-il. En privé, le militant est plus direct. "Il s'est dit scandalisé par les manipulations qu'il a pu constater. Dans son département des Pyrénées-Orientales, dix collectifs ont récemment été créés avec, à chaque fois, un communiste à sa tête", raconte Roland Mérieux, membre des Alternatifs.
D'autres forces politiques ont aussi fait part de leurs suspicions. "Dans une série d'endroits, nos militants ont constaté la création de collectifs de quartier qui ne peut s'expliquer uniquement par la dynamique du rassemblement", avance Léonce Aguirre, membre de la minorité de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). "J'ai demandé la liste des collectifs après plusieurs alertes de militants non encartés", ajoute Hamida Bensadia, d'Alternative citoyenne. Les doutes pèseraient sur des structures dans la Drôme, le Loiret, le Morbihan, le Finistère, l'Isère, la Normandie, le Pas-de-Calais ou la Corse. Avec à chaque fois un schéma rodé : la section PCF locale organise une réunion avec deux ou trois militants et l'appui de quelques syndicalistes "amis" et déclare la structure au collectif national. Sur les 700 collectifs existants, pas moins d'une cinquantaine de "faux nez" auraient été signalés juste après la conférence nationale du PCF des 21 et 22 octobre, qui a "proposé" la candidature de Marie-George Buffet, selon l'universitaire Pierre Cours-Salies. Particulièrement dans les zones d'influence des opposants "orthodoxes" ou partisans de Robert Hue.
INQUIÉTUDE
"C'est une réalité même chez nous, reconnaît le sénateur communiste des Bouches-du-Rhône, Robert Bret. Ce n'est pourtant pas par le nombre de collectifs maîtrisés que la direction du PCF réglera la question de la candidature." L'entourage de Mme Buffet tente de minimiser le phénomène. Michel Laurent, membre de l'exécutif, reconnaît une dizaine de cas litigieux, mais nie toute manipulation. "Notre seul objectif est de faire participer d'avantage les communistes aux collectifs", explique-t-il. "Il n'y a aucune crainte à avoir sur nos intentions. C'est juste un signe que la mayonnaise de notre démarche collective prend", renchérit Jean-François Gau, conseiller de la secrétaire nationale.
L'inquiétude est pourtant suffisamment forte pour qu'un des responsables du collectif national, Claude Debons, ait été chargé d'une enquête. En attendant, il se veut serein : "Même en bourrant les salles, le PCF n'aura pas le consensus sur la candidature de Marie-George", assure-t-il. Pour parer à toute éventualité, une "méthode" de désignation du candidat, prévue les 9 et 10 décembre, a été envoyée, lundi, aux correspondants locaux. Chaque collectif doit organiser un débat avant la mi-novembre et faire parvenir aux instances nationales un procès-verbal relevant le nombre de participants et les "sensibilités représentées".
Un critère "premier" a été retenu pour départager les cinq principaux postulants - Clémentine Autain, José Bové, Patrick Braouezec, Marie-George Buffet et Yves Salesse : "La capacité de rassembler l'unité la plus large de l'ensemble des composantes politiques (...) qui ont assuré la victoire du non au référendum et ainsi contribuer à entraîner le maximum d'adhésions à notre démarche jusqu'aux urnes", explicite le texte. Un critère que beaucoup ne voient pas rempli par Mme Buffet, trop identifiée comme numéro un du PCF.
Sylvia Zappi