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Message Publié : 19 Oct 2006, 06:41
par Sterd
("AFP" a écrit :La Haute autorité de santé préconise le déremboursement de 145 médicaments
19/10/2006 05h22

PARIS (AFP) - La Haute autorité de santé (HAS) doit présenter ce jeudi une liste de 145 médicaments dont elle préconise le déremboursement, notamment des vasodilatateurs prescrits pour les pathologies du vieillissement et des anti-infectieux, mais l'avis final reviendra au ministre de la Santé.

Xavier Bertrand devrait rendre sa décision "en début de semaine prochaine", a indiqué le ministère à l'AFP.

Les 145 médicaments visés par l'avis - consultatif - de la HAS, sont jugés à Service médical rendu insuffisant (SMRI). Le SMR d'un médicament (apprécié en fonction de son efficacité, effets indésirables, gravité de la pathologie traitée, etc.), peut être insuffisant, faible ou modéré ou important.

Les produits dont la HAS préconise le déremboursement sont essentiellement des vasodilatateurs, prescrits contre les pathologies du vieillissement et les troubles cognitifs, et des anti-infectieux.

Ces médicaments sont actuellement pris en charge à 35% par la Sécurité sociale et font l'objet d'une prescription obligatoire. Le coût de leur prise en charge par l'assurance maladie s'élève à 310 millions d'euros par an.

La Haute autorité travaille depuis le printemps sur la question du remboursement par la "Sécu" de 238 spécialités dont le service médical rendu a été jugé "insuffisant" lors d'une première évaluation effectuée en 1999.

Parmi celles-ci, 145 ont vu leur SMRI confirmé, a expliqué à l'AFP un membre de la HAS.

"Il y en a un peu plus de 70 pour lesquels le déremboursement ne posera pas de problème thérapeutique", d'autres molécules existant, a affirmé cette source.

Pour l'autre moitié, notamment destinée aux troubles cognitifs des personnes âgées, "vont se poser des problèmes car il n'y a pas d'autre alternative médicamenteuse".

Le président de la CSMF (premier syndicat de médecins libéraux), Michel Chassang, a d'ailleurs appelé, lundi sur Europe 1, le gouvernement à la "prudence" avant de rendre sa décision.

Dans le contexte de réduction des déficits des comptes sociaux, "il n'est pas illogique qu'on choisisse de mieux rembourser ce qui est très utile au détriment de ce qui est, peut-être, moins utile", a jugé M. Chassang. Mais les vasodilatateurs sont "très utilisés en médecine générale et prescrits le plus souvent à des personnes âgées sans qu'il existe de traitement de rechange", a-t-il mis en garde.

Le 6 septembre, M. Bertrand, avait prévenu qu'il serait "très attentif aux conditions de mise en oeuvre" d'une éventuelle nouvelle vague de déremboursements.

Les réserves apportées par les professionnels de santé devraient inciter la HAS à "ouvrir la porte" à un remboursement temporaire "à un taux transitoire", avant de les dérembourser complètement, a indiqué le membre de la Haute autorité, citant l'exemple de 62 veinotoniques, qui avaient vu leur taux de remboursement passer de 35 à 15% en février dernier.

82 médicaments avaient été déremboursés à l'été 2003, suivie en mars 2006 d'une deuxième vague de 156 médicaments.

Outre les échéances électorales, une enquête menée en septembre par le magazine 60 Millions de consommateurs pourrait inciter le gouvernement à la "prudence". Elle montrait en effet une envolée des prix des médicaments déremboursés - mais toujours en vente libre -, fixés par les seuls industriels du secteur pharmaceutique, les pharmaciens, et les grossistes intermédiaires.

"Cette évolution ne satisfait pas le ministre qui pourrait en tenir compte lorsqu'il rendra sa décision", a souligné le ministère.

Message Publié : 19 Oct 2006, 07:03
par canardos
désigner systématiquement des "Hautes Autorités" pour accomplir ses basses oeuvres, c'est pour un gouvernement un moyen sur de verifier que ses hauts fonctionnaires gardent l'échine souple......

:hinhin:

Message Publié : 19 Oct 2006, 08:56
par ianovka
Lutte Ouvrière n°1994 du 20 octobre 2006
a écrit :145 médicaments devraient être déremboursés: Un remède de menteurs et d’hypocrites

L’opération de «déremboursement» de certains médicaments a commencé en 1999, quand le ministère de la Santé du gouvernement Jospin a inventé la notion de «service médical rendu» (SMR) puis a dressé la liste de centaines de médicaments dont il a jugé le SMR insuffisant, afin qu’ils ne soient plus remboursés par la Sécurité sociale.

Ensuite, ce sont les gouvernements de droite qui ont appliqué la mesure.

Il y a d’abord eu, à l’été 2003, le déremboursement d’une première charrette de 82 médicaments tenus pour inefficaces et inutiles. Puis, en mars 2006, 152 produits dits d’automédication, tels des fluidifiants des sécrétions bronchiques ou encore des collyres, ont été déremboursés. Ceux-ci n’ont pas pour autant disparu de la pharmacopée. Un grand nombre d’entre eux sont toujours sur les linéaires des pharmacies, mais vendus à un prix beaucoup plus élevé, puisque les laboratoires sont désormais libres de fixer le prix qui leur plaît. Et c’est ainsi que, pour calmer une toux ou soigner un rhume, il faut désormais payer sans espoir de remboursement... à condition d’en avoir les moyens!

Pour cette troisième vague de déremboursements, 145 médicaments sont sur la sellette. Il s’agit majoritairement de vasodilatateurs utilisés dans les troubles intellectuels liés à l’âge, et donc utilisés par des millions de personnes.

Si ces médicaments sont proposés au déremboursement, ce n’est pas parce qu’ils sont inefficaces. Ce n’est pas non plus parce que la recherche a mis au point des médicaments plus performants pour ce type d’affections. Pas du tout! Jean-Pierre Lancry, qui fut le secrétaire général du Haut Conseil de l’assurance-maladie de 2003 à 2006, interrogé par le journal Le Parisien, livre sans vergogne la véritable raison: «À l’heure où de nouveaux traitements contre le cancer coûtent des dizaines de milliers d’euros par an et par malade, la collectivité choisit de rembourser ces nouveaux produits, et de ne plus prendre en charge d’autres médicaments moins stratégiques.» Il oublie juste de préciser que le gouvernement a accordé la liberté des prix pour les médicaments innovants et que c’est la raison pour laquelle les nouveaux traitements contre le cancer coûtent si cher à la collectivité et... rapportent autant à l’industrie pharmaceutique.

Il y en a plus qu’assez de la litanie sur le déficit de l’assurance-maladie qu’il faudrait faire combler par ceux qui ont besoin des médicaments. Qu’on cesse d’offrir des ponts d’or aux laboratoires, qu’on cesse la politique d’exonération de charges aux grandes entreprises, et le «trou» sera largement comblé. Et tous les malades pourront bénéficier des bienfaits des traitements pharmaceutiques!

Sophie GARGAN