Le premier :
a écrit :Les "autres" candidats craignent d'être exclus en 2007
LE MONDE | 06.09.06 | 13h54 • Mis à jour le 06.09.06 | 13h54
A l'Elysée, l'hypothèse a été envisagée : "Aujourd'hui on n'est même pas sûr que Jean-Marie Le Pen aura les signatures pour être candidat", glisse un conseiller de Jacques Chirac. Elle a aussi été débattue en marge de plusieurs réunions à l'UMP. "Ce serait déflagrateur pour la démocratie", avance un cadre du parti.
Un encadré :
a écrit :QUESTIONS/RÉPONSES
Comment se présenter à l'élection présidentielle ?
Aux termes de l'article 3 de la loi du 6 novembre 1962 relative à l'élection du président de la République au suffrage universel, la condition essentielle est de rassembler sur son nom au moins cinq cents formulaires de présentation adressés au Conseil constitutionnel.
Qui peut signer un formulaire de présentation ?
Les membres du Parlement et des assemblées territoriales ; les maires, les maires d'arrondissement et les présidents des communautés urbaines ou de communes ; les députés européens français.
Parmi les signataires de la présentation, doivent figurer des élus d'au moins trente départements (et territoires d'outre-mer) différents, sans que plus de 50 (un dixième de 500) d'entre eux puissent être les élus d'un même département.
Où trouver les formulaires ?
La présentation est rédigée sur un formulaire imprimé par les soins de l'administration conformément au modèle arrêté par le Conseil constitutionnel. Un exemplaire de ce formulaire est adressé à chaque élu habilité.
Quelle est la date limite ?
Les formulaires de présentation doivent parvenir au plus tard le sixième vendredi précédant le premier tour de scrutin, soit le 16 mars 2007. La liste des candidats devrait être publiée le 19 mars.
Connaît-on les signataires ?
Le nom et la qualité des citoyens qui ont proposé les candidats sont publiés au Journal officiel, huit jours avant le premier tour de scrutin, dans la limite du nombre requis pour la validité de la candidature (c'est-à-dire 500, tirés au sort). Toutefois, la liste complète est affichée dans le hall d'entrée du Conseil constitutionnel pendant quelques jours.
M. Le Pen absent de l'élection présidentielle ? La rumeur avait déjà couru en 2002, et le président de Front national avait habilement joué de ce suspense pour obtenir les dernières signatures. Une chose est sûre : la chasse aux 500 parrainages indispensables pour concourir au premier tour de la présidentielle, est devenue plus âpre. Candidats et prospecteurs, de gauche comme de droite, font le même constat : "C'est plus difficile qu'en 2002", se plaignent-ils.
La faute, selon eux, aux consignes données dans les grands partis, notamment au PS, de réserver les parrainages de leurs élus aux candidats issus de leurs rangs. A cela s'ajoute le souvenir toujours vivace du premier tour de la précédente présidentielle, le 21 avril 2002, et d'un éparpillement de candidatures tel que la gauche fut absente du second tour. De quoi décourager plus d'un élu redoutant l'opprobre de son village.
Corine Lepage, candidate pour le mouvement écologiste Cap 21, avait obtenu 570 parrainages en 2002. Il y a plusieurs mois, elle a écrit à ses soutiens afin qu'ils lui renouvellent leur confiance. Cent cinquante lui ont dit oui. Début juillet, une autre missive adressée à tous les maires de France lui a permis d'en recueillir 200 de plus. "Des maires PS qui m'avaient parrainée m'ont écrit pour me dire que, cette fois, ils suivraient la consigne de leur parti", regrette-elle.
"Les copains ont plus de mal à convaincre", reconnaît Olivier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Souvent tributaires de subventions de conseils généraux ou régionaux PS, les maires des petites communes hésitent, selon la LCR, à afficher leurs préférences. Souvent, ils craignent la publicité faite de leur signature, avec la publication des noms des parrains de chaque candidat un an avant les municipales de 2008.
"Sans cette publicité, cette affaire serait réglée en trois jours", renchérit Bruno Mégret, candidat du Mouvement national républicain. Revendiquant 120 parrainages, il souhaite apporter le plus de signatures possible dans la corbeille d'un éventuel remariage avec M. Le Pen, afin de négocier un accord en position de force. L'UMP, qui assure avoir donné un coup de main à M. Mégret en 2002, ne souhaite pas renouveler l'opération.
POKER MENTEUR
Du coup, chacun des petits candidats se livre à une partie de poker menteur. "350", annonce Corinne Lepage. "250", claironne-t-on à la LCR. "120", se réjouit Bruno Mégret. "120 moi aussi", renchérit Nicolas Dupont-Aignan, candidat souverainiste de l'UMP. "400", chuchote-t-on à LO, sur le ton du secret.
Mais voilà, ce qui s'obtenait en plusieurs semaines en 2002 prend maintenant des mois. A l'extrême gauche, les équipes de prospection sont parties plus tôt et ont rendu visite à beaucoup plus d'élus. C'est particulièrement vrai pour Arlette Laguiller, qui paye les conséquences de l'absence de consigne de vote au deuxième tour de 2002, entre Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac. Certains maires de gauche ne l'ont toujours pas digérée.
Les formations de l'ancienne gauche plurielle sont moins en danger. Verts, PRG et MRC ont un réseau de soutien parmi les élus plus large que celui de l'extrême gauche. Et les consignes de M. Hollande ne semblent pas les inquiéter. "Cela ne nous paraît pas un problème majeur car, parmi nos soutiens de 2002, très peu venaient du PS", explique Bernard Castagnède, porte-parole des radicaux de gauche, qui ne semblent pas intimidés, et menacent de présenter leur candidat. Ils se décideront les 21 et 22 octobre.
Même son de cloche chez les amis de Jean-Pierre Chevènement, pourtant montré du doigt après le 21 avril 2002 : " Ces consignes sont peut-être une manière de faire pression sur nous et nous pousser à rallier la candidature socialiste", analyse Jean-Yves Autexier, membre de la direction du MRC. Le mouvement ne se décourage pas et lancera un appel à la candidature de M. Chevènement lors de son université d'été, les 9 et 10 septembre, aux Ulis (Essonne).
La direction du Parti socialiste continue à justifier son appel à la discipline. "C'est une question de cohérence : quand on est élu PS, on soutient le candidat qui sera désigné par le parti", insiste Bruno Le Roux, secrétaire national aux élections. Et d'ajouter : "Sans mettre qui que soit au pied du mur, pour avoir un bon accord législatif avec nos partenaires, il vaut mieux se retrouver ensemble au premier tour de la présidentielle." En clair, pas d'accord législatif si la concurrence est maintenue.
Mais les petits candidats veulent croire que l'écrémage n'aura pas lieu. Analyse de M. Dupont-Aignan : "Les élus sont comme les Français. Ils en ont ras-le-bol du duel annoncé Sarko-Ségo. Cela devrait inciter certains d'entre eux à nous apporter leurs parrainages."
Philippe Ridet et Sylvia Zappi
Article paru dans l'édition du 07.09.06
Deuxième article :
a écrit :La course aux signatures auprès des maires sans étiquette
LE MONDE | 06.09.06 | 13h54
Il y en a que ça agace "un peu", d'autres "beaucoup", certains "profondément". Depuis l'ouverture de la chasse aux 500 signatures nécessaires à tous les candidats désireux de se présenter à l'élection présidentielle, les maires sans étiquette doivent bien l'avouer : ils sont "très sollicités".
Cela reste limité quelquefois à l'e-mail. Régulièrement, c'est un courrier avec lettre de recommandation. Les échéances approchant, ce sont appels téléphoniques et porte-à-porte. "Un représentant d'Arlette Laguiller est même venu à deux reprises à mon domicile pour me convaincre", raconte Marie-Line Thomas, maire de Sommauthe (Ardennes).
La consigne donnée aux élus de plusieurs partis de réserver leur parrainage pour le candidat de leur formation a renforcé la pression sur les "sans-étiquette". Notamment de la part des "petits candidats". Pour arracher le précieux autographe, ces derniers sont aux aguets. Déjeuners, colloques, les édiles non encartés sont invités partout ces derniers mois. Et par tous : Lutte ouvrière, le Front national, Cap 21... "Pendant cinq ans, on ne s'est pas occupé de nous et maintenant on vient nous démarcher, c'est un peu gonflé", s'emporte Jacky Marfille, maire de Chérac (Charente-Maritime).
Comme beaucoup de ses collègues, Jacky Marfille ne jure que par "l'apolitisme". A la présidentielle de 2002, il n'a soutenu personne. Cette année, il assure qu'il agira de même. "Ce n'est pas que je n'aie pas d'opinion politique, mais dans une petite commune rurale comme la mienne, l'action communale doit s'écarter le plus possible de prises de position tranchées", justifie-t-il. "On vit pour le bien des administrés. Etre de gauche ou de droite, c'est secondaire", clame de son côté Jean-Paul Bignon, premier adjoint au maire du village d'Angliers, un peu plus loin dans le département. Presque un idéal.
En réalité, la publication au Journal officiel du nom des élus qui soutiennent un parti dissuade beaucoup de bonnes volontés. En aparté, nombreux sont les édiles qui déplorent le chantage des chasseurs de signature. "C'est la guerre des subventions", dénonce Christian Fleury, le maire de Bonnetable (Sarthe). En 2002, il s'était dévoué pour le trotskiste Daniel Gluckstein (Parti des travailleurs). Parce que "les communes sont le premier cercle de la démocratie", estime-t-il sans cacher "sa sensibilité de gauche". Cette année, il donnera de nouveau sa signature. A qui ? "A voir". Quand ? "Au dernier moment". "A partir du moment où vous êtes maire, même sans étiquette, vous faites de la politique", précise-t-il.
Sabrina Dufourmont et Elise Vincent
Article paru dans l'édition du 07.09.06