On nous rebat, aujourd'hui, les oreilles, avec une "inquiétante" possible opa du groupe mittal, géant de l'acier, sur cet autre géant de l'acier qu'est Arcelor. Le groupe français est quasiment présenté par tous les commentateurs comme le garant des emplois de leurs travailleurs, donc, notamment des travailleurs français, et, de ce fait, ces derniers devraient se ranger derrière leurs capitalistes et autres actionnaires, contre le "méchant capitaliste étranger" qui menace de les manger tout cru et de jeter des tas de gens au chômage...
Comme le démontre le texte ci-dessous, les propriétaires d'Arcelor ne sont pas les derniers à faire des plans sociaux (qui courent jursqu'en 2010!), à jeter des ouvriers à la rue, etc. A l'époque ou le géant français s'appelait usinor, largement aidé par les gouvernements successifs), quand il s'est agi de mettre la main sur le fabriquant d'acier Espagnol (acéralia) et Belge (Arbed), et donc, de faire des suppressions d'effectifs, pour gonfler les profits, on a pas vu le ministre de l'industrie monter au créneau, faisant mine d'être inquiet pour le sort des ouvriers rachetés et malmenés, comme le fait maintenant l'hypocrite Breton. Au contraire, à l'époque, on nous présentait la création du groupe Arcelor comme une chose excellente pour l'économie française... excellente surtout pour les gros actionnaires!
Gouvernement et commentateurs réunis nous entonnent déjà l'air du "tous ensemble, patrons, ouvriers, employés, pour lutter contre les rapaces capitalistes étrangers", voir, nous parlent, d'un air contrit, des "méfaits de la mondialisation". Les travailleurs d'Arcelor n'ont évidemment aucunement intérêt à tomber dans ce piège. En cas de rachat par Mittal, et de licenciements et fermetures d'usines, les ouvriers d'Arcelor, victimes de plans "sociaux", n'auront que leurs yeux pour pleurer, alors que les actionnaires du groupe français, eux, verront leurs fortunes décoller encore un peu plus.
Cette bagarre entre deux trusts, n'est qu'une bagarre pour le profit, l'enrichissement d'une minorité. Les travailleurs n'ont rien à y voir. Leurs propres intérêts ne sont représentés ni par Arcelor, ni par Mittal!
Citation:
Dans les entreprises Lutte Ouvrière n°1879 du 6 août 2004
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Arcelor - Profits en acier, licenciements à la pelle
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C’est sur une double page dans les journaux économiques que la direction d’Arcelor, premier producteur mondial d’acier, vient de publier un rapport sur ses résultats du premier semestre 2004. Il lui fallait bien ça.
«Bonne marche des affaires et solides résultats financiers» peut-on y lire en titre avec, comme précision en gras: «Résultat net (autrement dit, bénéfice après impôts) plus que doublé».
Présent dans soixante pays avec 104000 salariés, Arcelor résulte de la fusion, en 2001, de trois géants européens de l’acier: Usinor, Arbed et Aceralia. Bien sûr, il figure en bonne place au «hit parade» boursier français, ce CAC 40 qui réunit les plus grands groupes, et surtout les plus profitables pour leurs actionnaires.
Sa position actuelle, Arcelor l’a confortée en supprimant des dizaines de milliers d’emplois ces vingt-cinq dernières années, cela avec le soutien constant de l’État français à Usinor (et de ses homologues belgo-luxembourgeois ou espagnol à Arbed et Aceralia).
En effet, de Giscard d’Estaing à Chirac, en passant par les deux septennats Mitterrand, ce sont des dizaines de milliards de francs (puis d’euros) d’aides publiques que les gouvernements de droite ou de gauche ont déversées dans les caisses de ce géant de la sidérurgie pour l’aider, disaient-ils, à se «restructurer». En clair: pour qu’il jette massivement à la rue des travailleurs tout en maintenant ses profits.
Alors, aujourd’hui, son conseil d’administration peut annoncer fièrement, dans son rapport, que «la rentabilité d’Arcelor s’est fortement améliorée», ce qu’il ne dit pas, c’est à quel prix. Et pour cause!
Prévus pour courir jusqu’en 2010, plusieurs «plans sociaux» ont été lancés par la direction d’Arcelor en 2003. Ils se soldent, une nouvelle fois, par la suppression de milliers d’emplois dans les établissements du groupe: 2700 en France (notamment en Lorraine, en Picardie, dans le Nord-Pas-de-Calais), plus de mille au Luxembourg, etc.
Ainsi, au moment même où les actionnaires d’Arcelor peuvent se frotter les mains, les «bons résultats attendus pour 2004» que leur promet le conseil d’administration, c’est la porte et le chômage pour des milliers de travailleurs de ce groupe, et une exploitation aggravée pour ceux qui conserveront un emploi. En effet, avec le boom mondial actuel de la demande d’acier, la direction d’Arcelor, qui s’en réjouit dans la presse, ne peut bien sûr pas invoquer des carnets de commande en berne. Au contraire, ils sont pleins à craquer, et elle escompte les honorer en faisant produire plus à un nombre toujours plus réduit de ses salariés...
Pierre Laffitte