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Message Publié : 18 Jan 2006, 11:38
par faupatronim
a écrit :Ségolène Royal et l'"effet d'optique"




Les voyages forment les présidentiables. Et Ségolène Royal a soigneusement choisi le sien. Au Chili, où elle est allée soutenir la socialiste Michelle Bachelet, élue dimanche 15 janvier première femme présidente d'Amérique latine, la Française n'a rien perdu de la campagne de son "amie". Ni l'aspect rénovateur d'une candidature féminine, ni le débat sur la "capacité" à gouverner de Michelle Bachelet lancé par son rival de droite, ni le contact direct noué avec la population, ni la coalition formée avec le centre. Ses collaborateurs sont revenus avec tout un matériel, livres et CD de chansons, à étudier. "La politique, quand on y croit, ça soulève un espoir populaire", a commenté Ségolène Royal, à son retour lundi 16 janvier sur France 2. Lui fait-on remarquer sa très grande prudence sur le fond des dossiers, pour ne pas dire son absence de positions ? Elle triomphe : "On croirait entendre les adversaires de Michelle Bachelet !"

Si on insiste, elle dit : "Je ne suis pas prête", mais elle se prépare. La leçon chilienne retenue par la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes s'énonce avec des mots simples : "Ce qui est important, c'est de donner un désir d'avenir", expliquait-elle déjà lors de son périple chilien. Fin janvier, justement, Ségolène Royal inaugurera un site Internet, le sien, baptisé "Désirs d'avenir". Ici commence le grand chantier de Mme Royal : des forums interactifs sur les sujets qui passionnent les Français, ces "experts", qualifiés de "meilleurs pour ce dont ils ont besoin". Sur le site de Poitou-Charentes, on compte déjà 13 forums, sur le cinéma, la formation, les éco-industries, le handicap et la citoyenneté, le tourisme... La nouveauté, c'est que Ségolène Royal, 52 ans, change d'échelle. Mais d'où vient ce subit engouement pour la compagne de François Hollande, qui fut à trois reprises ministre, à l'environnement de 1992 à 1993, à l'enseignement secondaire de 1997 à 2000, puis à la famille de 2000 à 2002 ? Ces dernières semaines, sa popularité a connu une telle embellie dans les sondages qu'elle est apparue comme la candidate de gauche favorite des Français. Pour les spécialistes, le fait d'être une femme, son apparente distance par rapport aux bagarres d'appareil, et l'absence de leader incontesté au PS favorisent sa candidature.

La présidente du Medef, Laurence Parisot, PDG de l'institut IFOP, ajoute un autre élément : l'image protectrice de Ségolène Royal, à droite, sur les valeurs sociétales et familiales et, à gauche, dans le domaine économique et social, lui permet de ratisser large. Sur France 2, la socialiste a su habilement marier les deux aspects en mettant en avant la lutte contre la précarité dans le travail, qui permet de mieux se consacrer à sa famille et d'"éduquer correctement les enfants".

François Hollande a son explication sur l'émergence de sa compagne : "Ségolène n'a pas peur. C'est sa grande différence par rapport à tous les autres." La popularité de Ségolène Royal, le premier secrétaire du PS assurait récemment à des journalistes "l'avoir vue venir depuis les régionales" de 2004. "Si elle était candidate, je serai peut-être plus heureux et fier que d'autres", ajoutait-il. "Peut-être"... La candidature de l'un annihile celle de l'autre, et les commentaires de leurs adversaires n'ont rien de romantique. Mais pour Ségolène Royal, députée des Deux-Sèvres depuis 1986, l'élection présidentielle n'est pas une lubie. Elle y songe depuis 1995 — dix ans déjà ! Membre de la délégation du PS au Chili, le sénateur de Paris, David Assouline, qui ne la connaissait pas, a découvert chez elle "une assez grande détermination". "Elle incarne ce besoin de rénovation, mais il lui reste, comme les autres, à prouver l'essentiel, c'est-à-dire à devenir une force d'entraînement pour toute la gauche", tempère ce partisan d'un courant, Nouveau Parti socialiste, qui n'a pas encore choisi son candidat. Contrairement aux apparences, Ségolène Royal ne se préoccupe pas seulement de son image. Certes, elle lui accorde la plus haute importance et se fâche si l'on évoque ses talons aiguilles dans les rues d'un quartier populaire de Santiago du Chili. Mais elle n'a plus que le mot "stratégie" à la bouche et travaille dans la discrétion les sujets qu'elle compte bientôt aborder.

Elle a rencontré plusieurs chercheurs et intellectuels. Thomas Piketty, directeur de la future Ecole d'économie de Paris, spécialiste du patrimoine des Français et auteur d'une étude sur les inégalités scolaires, est du nombre. Contacté, l'économiste a réagi sur un mode agacé : "Ah non, je ne veux pas faire people !" Parmi les thèmes privilégiés par Ségolène Royal figurent aussi en bonne place La France en mutations des chercheurs Michel Kokoreff et Jacques Rodriguez et La Société assiégée du sociologue polonais Zygmunt Bauman.

C'est sa fidèle amie Sophie Bouchet-Petersen qui lui ouvre ces portes, elle qui l'a aidée à se convertir à la démocratie participative et a attiré en Poitou-Charentes les spécialistes du secteur. "Au départ, Ségolène Royal cherchait à se faire une image avec la démocratie participative, mais, à la différence d'autres, elle a eu très vite la volonté forte d'en faire une réalité", juge Yves Sintomer, ancien conseiller de Pierre Juquin, aujourd'hui professeur de sociologie à l'université Paris-VIII.

Discrète, dotée d'un solide humour, Sophie Bouchet-Petersen a été dix ans adhérente de la LCR, jusqu'en 1978, lorsqu'elle distribuait le journal trotskiste Rouge aux portes de Renault-Billancourt. "C'est beaucoup mieux que l'ENA, assure en riant cette ancienne conseillère de François Mitterrand, ça m'a appris à bosser et à lire frénétiquement." Elle est l'un des piliers du "commando Royal", avec Christophe Chantepy, conseiller d'Etat, président de l'association Désirs d'avenir, Denis Leroy, un autre fidèle, et Jean-Luc Fulachier, conseiller de Dominique Strauss-Kahn à Bercy, et ancien directeur de cabinet au ministère de la famille. Une équipe très réduite.

Aucun gourou en communication n'a encore été appelé à la rescousse. Ségolène Royal a senti le bénéfice qu'elle pouvait tirer d'une candidature féminine et des attaques sexistes dont elle a été l'objet. Au Chili, Michelle Bachelet résumait joliment la situation : "C'est le temps des femmes pour le bonheur des hommes." Moins sûre d'elle, la Française s'inquiète d'un "effet d'optique". "C'est un phénomène marginal, il ne faudrait pas donner le sentiment que les femmes arrivent d'un coup", souffle-t-elle. Cela pourrait éteindre la flamme.


Isabelle Mandraud

Message Publié : 18 Jan 2006, 11:46
par Gaby
Elle aussi a les dents qui rayent le parquet. Cette fois elle se félicite en disant que ses détracteurs sont les mêmes que Bachelet, l'autre fois elle se réjouit de faire face qu'aux mêmes critiques que Miterrand avant son élection... Tous ces types là savent très bien qu'ils se retrouveraient dans un même gouvernement de toute façon, ils se battent juste tous pour être le seul un poil au-dessus...
C'est quand même exaspérant que 2/3 des débats politiques se fassent sur la personnalité et la "stratégie" de carriéristes...

Message Publié : 18 Jan 2006, 11:49
par canardos
je ne suis pas sur que la formule de Michelle Bachelet "C'est le temps des femmes pour le bonheur des hommes" soit vraiment féministe ni meme simplement égalitaire....

elle est même franchement ambigüe.....mais j'ai toujours eu l'esprit mal tourné!

:hinhin:

Message Publié : 19 Jan 2006, 11:13
par canardos
dans le Nouvel Obs:

a écrit :

Royal, plus fort "potentiel électoral"


Un sondage Ipsos-Le Point révèle que 57% des Français voteraient pour Ségolène Royal au premier tour en 2007.

 

Ségolène Royal possède actuellement le plus fort "potentiel électoral présidentiel", avec 57% de Français qui envisageraient de voter pour elle lors du premier tour en 2007, selon le baromètre mensuel Ipsos-Le Point publié jeudi 19 janvier par l'hebdomadaire.
La présidence socialiste du conseil régional de Poitou-Charentes gagne sept points par rapport à décembre dernier pour passer devant le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy (56%; +3) et le Premier ministre Dominique de Villepin (55%; +5).
D'après le baromètre, 12% des sondés se disent "certains" de voter pour Ségolène Royal et 45% jugent "possible" qu'ils votent pour elle.

Jospin au second rang

Chez les sympathisants du PS, Ségolène Royal arrive en tête avec un potentiel électoral de 82% en hausse de deux points. Un quart des sympathisants socialistes sondés se disent certains de voter pour elle. L'ancien Premier ministre Lionel Jospin arrive en deuxième position avec un potentiel électoral de 73% (+2) devant l'ex-ministre de la Culture Jack Lang (71%, +1) et le Premier secrétaire du PS François Hollande (69%, +3).
Chez les sympathisants UMP, Nicolas Sarkozy arrive en tête avec 89% (dont 43% "certains") en baisse de trois points, devant Dominique de Villepin (78% dont 10% certains, -2). L'actuel président Jacques Chirac dégringole de 17 points, ils ne sont plus que 45% de sympathisants UMP à envisager de voter pour lui.
(AP)

Sondage réalisé par téléphone les 13 et 14 janvier auprès d'un échantillon national de 948 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas.


Message Publié : 19 Jan 2006, 23:25
par pedro
Il ne vous aura certainement pas échappé que des dirigeants socialistes, qui tenaient, il y a peu, un langage mysogine, par rapport à l'éventualité d'une candidature de ségolène royal ("mais qui va garder les gosses?" ou "on est pas dans un concours de beauté"), ont été féliciter michelle bachelet. Au bal des hypocrites...

Message Publié : 03 Fév 2006, 14:24
par canardos
dans le Monde:

a écrit :

Le sacrilège de Ségolène Royal


LE MONDE | 02.02.06 |

Panique à bord. L'ascension de Ségolène Royal dans les sondages, son irruption dans la précampagne présidentielle et la brutale prise de conscience que non seulement les Français ne seraient pas opposés à voir une femme prendre l'Elysée en 2007 mais qu'une bonne partie d'entre eux y trouveraient même quelques avantages ont pris de court les hommes politiques. Soudain, Nicolas Sarkozy s'offusque d'une photo sur laquelle, parmi 19 de ses conseillers, n'apparaît qu'une femme. Le président de l'UMP, lit-on dans nos colonnes, "souhaite faire émerger dans son entourage direct davantage de femmes".


Une femme dans une campagne présidentielle ? En France, on connaît : Arlette Laguiller, pour ne citer qu'elle, est candidate depuis 1974. Mais une femme qui peut gagner, c'est nouveau. En désacralisant l'interminable mandat présidentiel, le quinquennat a rendu l'Elysée plus abordable. Le paysage n'est plus le même, et contraint les hommes politiques à revoir leurs paramètres. Les femmes en politique, pour la plupart d'entre eux, c'est au second plan. Quelques solides collaboratrices, chevilles ouvrières de cabinets dont on ne saurait, cependant, leur confier la direction. Et surtout une compagne, si possible une compagne de route aussi, une complice du pire et du meilleur comme a pu l'être Danielle Mitterrand, une épouse à qui on laisse de temps à autre le droit d'envoyer des coups de patte, comme Bernadette Chirac. Fidèle à ce modèle, notre propre journal titrait en "une", il y a près de deux ans, à propos de celle qui venait de remporter la présidence de la région Poitou-Charentes : "Elle est un atout considérable pour son compagnon, François Hollande". Une femme n'existe en politique que par l'homme qu'elle sert.

Ségolène Royal a enfreint cette règle et l'a payé. Les sarcasmes de ses collègues masculins à l'annonce de l'éventualité de sa candidature, à l'automne, montrent à quel point l'idée était sacrilège. Lorsque les études d'opinion ont appuyé cette candidature, tant au PS qu'au sein de l'électorat, on a dénoncé une "opération médiatique" conduite par Le Nouvel Observateur, qui l'avait mise en couverture. Puis est venue la question fatale : "Est-elle compétente ?" La question se poserait-elle pour un homme énarque qui, après avoir servi cinq ans à l'Elysée, aurait à son actif vingt ans de mandats électifs et de travail de terrain, et trois ministères ? A-t-on posé la question à propos de Jean-Pierre Raffarin lorsqu'il est devenu premier ministre ?

Début janvier, alors que les éléphants du PS communiaient dans l'hommage à François Mitterrand, Ségolène Royal choisissait de se tourner, elle, vers l'avenir et partait pour le Chili, où une autre femme, socialiste elle aussi, Michelle Bachelet, était en passe d'emporter la course à la présidence. Là encore, au lieu de s'intéresser à la démarche politique de ce rapprochement avec une candidate charismatique de centre gauche dans un continent où la gauche, sous des formes très diverses, est au coeur de multiples dynamiques et de débats passionnés, on a raillé l'"opération de com" de Ségolène et ses escarpins à bouts pointus.

Erreur ! Ces attaques ont renforcé sa position dans l'opinion. Une volée de sondages vient de le confirmer : selon un sondage IFOP, publié le 23 janvier par Elle, 94 % des Français sont favorables à ce qu'une femme soit élue à l'Elysée et 59 % des électeurs pourraient voter pour Ségolène Royal. L'IFOP encore, dans Le Journal du dimanche du 29 janvier, place Mme Royal loin devant Lionel Jospin dans les préférences présidentielles à gauche. Le 30 janvier, une étude Le Figaro-TNS Sofres révèle que 21 % des Français aimeraient "plutôt une femme" à l'Elysée, contre 16 % qui affichent leur préférence pour un homme.


RETARD SUR LA SOCIÉTÉ


De quoi faire réfléchir des états-majors de partis qui, après avoir fait voter la loi sur la parité, n'ont eu d'autre obsession que de ne pas l'appliquer, au lieu de se demander quels bénéfices pouvaient en être tirés. Ces sondages disent qu'une fois de plus la classe politique et les grands médias sont en retard sur la société. Parmi les raisons qui les pousseraient à voter pour Mme Royal, les personnes interrogées par l'IFOP dans Elle citent... sa "compétence".

Attendons-nous donc, dans les mois qui viennent, à un "affichage" féminin, à droite et à gauche. Mais mettre quelques femmes en avant ne suffit pas : il faut aussi accepter des règles du jeu différentes. Pourquoi en 2006 en France, alors que les femmes ont investi toutes les grandes écoles et la quasi-totalité des professions et qu'il est admis que l'on peut être mère et mener une carrière professionnelle exigeante, sont-elles encore si rares à prendre le pouvoir dans les sociétés du CAC 40 ou les grandes administrations ? Au "plafond de verre", cette limite invisible au-delà d'un certain niveau, s'ajoute le syndrome " Old Boys'Club", qui fait que les filles n'ont pas envie de jouer dans une cour où les règles sont exclusivement dictées par les garçons.

Candidate ou pas, Ségolène Royal subira d'autres affronts. C'est un chapitre sur lequel les femmes politiques ne s'expriment pas spontanément mais, une fois sollicitées, ne manquent jamais d'anecdotes. Pas seulement en France : avant de devenir la première chancelière d'Allemagne, Angela Merkel s'est vu reprocher jusqu'aux auréoles de transpiration sous les bras sur une robe du soir. A-t-on jamais osé dénoncer les chemises trempées de sueur collant à la peau de nos hommes politiques en meeting ?

Quant à Condoleezza Rice, Time Magazine louait gentiment son "esprit de synthèse" lorsqu'elle est arrivée à la Maison Blanche comme conseillère à la sécurité nationale. Elle ne génère pas d'idées par elle-même, expliquait en substance la pensée dominante à Washington en 2001, mais elle sait faire la synthèse des différentes opinions au président Bush, dont elle a l'oreille. Aujourd'hui, Condi Rice est la femme la plus puissante d'Amérique, et un livre récent envisage un duel Condoleezza Rice/Hillary Clinton à la présidentielle de 2008. C'est en Espagne, où José Luis Zapatero a imposé la parité au gouvernement non pas comme une mesure punitive mais en en vantant les bienfaits qu'il faut chercher des signes encourageants. Deux ans après, personne ne s'en plaint, les femmes avancent dans tous les domaines, et l'Espagne est devenue le premier pays à offrir l'asile politique aux victimes de discrimination sexuelle. C'est aussi en Espagne qu'on trouve la vraie Zapatera — dans une pièce de Federico Garcia Lorca. Son titre exact : La Zapatera prodigiosa ("La Savetière prodigieuse", farce violente en deux actes).

SYLVIE KAUFFMANN



Message Publié : 03 Fév 2006, 16:35
par zejarda
Ségolène, une fan du Blairisme

a écrit :
Hommage de Royal
aux politiques de Blair

Dans un entretien accordé au Finantial Times, Ségolène Royal affirme approuver les politiques de Tony Blair, qu'elle juge "caricaturées" en France.


Ségolène Royal (Sipa)
   

La meilleure candidate de gauche à la présidentielle française de 2007 selon les sondages, Ségolène Royale, rend hommage jeudi 2 février dans le Financial Times aux politiques du Premier ministre britannique Tony Blair, qu'elle estime "caricaturées" en France.
"Cela ne me gêne pas d'afficher mon adhésion à certaines de ses idées", déclare Ségolène Royal, dont l'opinion va à l'encontre de la méfiance dominante des autres dirigeants du parti socialiste envers Tony Blair.
"Il a réinvesti dans les services publics. Face au chômage des jeunes, il a obtenu de vrais succès en recourant à plus de flexibilité et plus de sécurité", dit la présidente de la région Poitou-Charentes (ouest).
"Les jeunes diplômés", poursuit-elle, "sont mieux traités au Royaume-Uni qu'en France. Ce n'est donc pas uniquement pour des raisons fiscales que tant de nos jeunes quittent la France pour aller travailler dans la City de Londres".
"Nous ne devons être bloqués sur aucun sujet, comme les 35 heures par exemple", affirme encore l'ancienne ministre.