
a écrit :Réaction aux voeux de J. Chirac
Pour commencer, en tant que travailleurs, nous soulignons que nous ne nous considérons pas comme des "compatriotes" de Chirac. Chirac est le représentant de la bourgeoisie en France, cette bourgeoisie qui nous exploite au quotidien et qui s'engraisse sur notre dos à l'échelle mondiale. Son discours, où il fait l'éloge patriotique de la France, nous est donc doublement étranger.
"En ces instants de fête" du nouvel an, la bourgeoisie en a profité en dilapidant de l'argent en nourriture de luxe et en vins fins, en dépenses inutiles, tandis que certains d'entre nous, travailleurs, avaient à peine de quoi manger. Et Chirac a beau faire ses "voeux les plus chaleureux", ce n'est pas cela qui va réchauffer nos camarades qui dorment dehors ou qui n'ont pas les moyens de se chauffer. Il a beau penser "à toutes celles et à tous ceux qui connaissent la maladie", ce sont ses camarades de l'UMP, qui en 2003, ont réformé l'Aide médicale d'Etat dont bénéficiaient 150.000 de nos camarades, les plus pauvres, de telle sorte que celle-ci est devenue payante, et son accès non-immédiat.
Mais son discours est surtout teinté de patriotisme et d'impérialisme. Chirac "pense" ainsi à ses "soldats [...] engagés sur tous les continents", soit-disant "au service de la paix". Comme si les soldats engagés en Côte-d'Ivoire, ex-colonie française, étaient là-bas pour assurer la paix ! Ils sont là-bas pour protéger la bourgeoisie française qui exploite les ivoiriens et la richesse du sous-sol ivoirien. De même, les soldats engagés en Afghanistan, dont le nombre va être augmenté de "quelques centaines" d'ici la mi-2006 selon le journal Le Monde du 18 décembre 2005, ne sont pas là "au service de la paix", mais au service du Capital et de l'impérialisme américain.
Toujours dans le registre du patriotisme, Chirac vante "l'A380 d'Airbus, [...] Ariane 5, [...] le système de navigation par satellite Galileo, [... et] Iter" qui aurait soit-disant "porté" "notre pays" "à la pointe de l'innovation mondiale", sans mentionner que cela n'a été possible que grâce à la collaboration scientifique internationale. Plus loin, il le dit clairement : "il faut croire en la France. Nous devons retrouver toute la force mobilisatrice et le sens profondément moderne du mot "patriotisme" : Aimer son pays, en être fier, agir pour lui." Et encore : "La République, c'est aussi l'esprit de conquête. Nous allons faire de la mondialisation un atout pour notre croissance et pour nos emplois." De même, il veut "favorise[r] les entreprises qui emploient en France". Dans la même veine que le "produisons français" du PCF il n'y a pas si longtemps que cela. Concernant la politique industrielle européenne, il affirme que "la France sera pionnière." Et de conclure : "Vive la France !".
En tant que prolétaires, nous n'avons aucune raison de partager le patriotisme de Chirac, car on ne peut guère "être fier" de "notre" pays, qui contribue à l'impérialisme américain. Ce que nous avons à défendre, ce ne sont pas les emplois français, mais nos emplois et nos acquis sociaux de travailleuses et de travailleurs sans distinction de nationalité. Ce que nous avons à défendre, c'est le code du travail qui est en train d'être démantelé au profit du patronat, cela soit disant au nom de l'emploi. Le contrat nouvelles embauches (CNE) destiné aux "très petites entreprises" employant jusqu'à 20 salariés (cela représente environ 98 % des entreprises et cela concerne 1 salarié sur trois (près de 5 millions)), qui fait passer la période d'essai à deux ans, est ainsi une première attaque. Et l'encouragement de Chirac envoyé au gouvernement d'"aller encore plus de l'avant" et d'"accélérer [leur] action" ne peut que nous inquiéter.
Concernant la protection sociale, il annonce qu'ils vont "ouvrir le chantier de la réforme de son financement" ce qui augure de nouvelles attaques contre nos droits de travailleuses et de travailleurs. On ne peut que s'insurger également que contre l'apprentissage à 14 ans qui est confirmé par Chirac, qui remet en cause la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans et le collège unique.
Enfin, le signal envoyé au gouvernement de "lutter plus vigoureusement contre l'immigration clandestine" est un mauvais signal. Cette lutte va frapper nos camarades qui cherchent l'asile ou qui cherchent à fuir la misère causée par l'action des grandes puissances au cours des derniers siècles et dont la France est en partie responsable.
L'année 2006 devra donc être une année de lutte contre ce gouvernement au service du patronat et des actionnaires. Mais pour cela, on ne saurait s'appuyer sur les syndicats qui ne savent que proclamer des journées de mobilisation tous les six mois alors qu'un mouvement d'ampleur et de longue durée est nécessaire pour faire plier ce gouvernement. Il faudra donc nous organiser nous-même, en comités de lutte élus et révocables, afin de déborder les directions syndicales et de pouvoir atteindre cet objectif.
Source : conseillisme.info