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Le Parti communiste veut imposer la présence de la LCR pour éviter un face-à-face avec les socialistes
LE MONDE | 31.12.05 | 14h19 • Mis à jour le 31.12.05 | 14h19
a direction du pcf n'a pas la tâche facile en cette fin d'année. Elle affiche certes sa volonté de rassembler la gauche, sans exclusive. Mais après la polémique sur les objectifs de la réunion unitaire des forces de gauche proposée par le Parti socialiste dans le but de discuter d'un programme de gouvernement, les dirigeants communistes ne cachent pas leur scepticisme quant à la possibilité de parvenir à un accord.
En témoigne la vive mise au point de Jean-François Gau, responsable des questions européennes, au lendemain de la rencontre entre les délégations du PS et celles du Parti communiste, mardi 20 décembre. Ce proche de Marie-George Buffet a fait savoir à la direction socialiste que la réunion de janvier ne devait pas être l'antichambre d'un contrat de gouvernement pour 2007, mais l'occasion de "se mettre autour d'une table pour discuter des moyens s'opposer à la droite et construire un éventuel projet antilibéral". Et qu'il n'était pas question d'en exclure la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
Le Parti communiste devenu soudain le meilleur défenseur des trotskistes de la LCR ? C'est que le PCF a très mal pris les déclarations de plusieurs responsables nationaux du PS, y voyant une visée "hégémonique" sur la gauche. Ainsi, le numéro deux du PS, François Rebsamen, expliquait le 21 décembre sur LCI que la réunion de janvier avait pour objectif de "rassembler autour du PS la gauche qui veut changer la société en assumant des responsabilités gouvernementales". Ce qui excluait la LCR, ajoutait-il.
Consciente d'avoir créé un malaise Place du Colonel-Fabien, la direction socialiste a fait machine arrière. Julien Dray s'est empressé de ne pas rompre les fragiles liens renoués après la campagne tendue du référendum du 29 mai : il ne s'agit pas d'"exclure la LCR" de la réunion de janvier ni d'en "avoir le monopole", précisait le porte-parole.
Il n'empêche : socialistes et communistes n'ont pas la même vision du rassemblement. Le PS, fort de la synthèse effectuée au congrès du Mans, veut aller vite en affichant un accord électoral dont il serait le centre "naturel".
Pour le PCF, au contraire, il n'est pas question de discuter d'un contrat de gouvernement, mais des conditions d'un "programme pour que la gauche gagne et change vraiment la vie". "Le PS est axé sur un schéma d'ex-gauche plurielle qui élimine une trop grande partie de la gauche antilibérale", explique Richard Sheehan, responsable aux entreprises. Pour parvenir à peser face aux pressions insistantes de leurs camarades socialistes, les communistes souhaitent que des forces politiques impliquées dans la campagne du non comme la LCR ou le MRC soient invitées à la table des discussions.
Le PCF ne veut pas se retrouver seul face au PS et à ses plus proches alliés. "Nous ne voulons pas figer en janvier les rapports internes à la gauche", souligne M. Sheehan. Et surtout ne pas donner l'impression de tourner la page de la campagne du non en se ralliant trop vite au PS. Le PCF tente d'éviter — pour le moment — d'avoir à trancher entre une alliance électorale avec les socialistes qui permettrait de sauver ses élus ou une campagne à la gauche du PS.
La LCR ne s'y est pas trompée qui appelle les communistes à "faire un choix". Les trotskistes ont déjà prévenu que, bien qu'ils n'aient pas été invités, ils n'étaient pas intéressés par des discussions sur un programme de gouvernement. Mais qu'ils continuaient à "tendre une main fraternelle" au Parti communiste en lui demandant de "ne pas gâcher ce qui avait été fait ensemble" lors du référendum sur la Constitution européenne.
Sylvia Zappi
Article paru dans l'édition du 01.01.06