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Mort d'un Ivoirien: un colonel français implique le général Poncet
AFP 01.12.05 | 13h34
Le colonel français Eric Burgaud, inculpé pour "complicité d'homicide volontaire" dans la mort d'un Ivoirien, a estimé que son supérieur en Côte d'Ivoire, le général Henri Poncet, avait implicitement donné l'ordre de tuer ce civil, ont indiqué jeudi à l'AFP des sources proches du dossier.
Selon ces sources, le colonel Burgaud a indiqué aux enquêteurs de la brigade criminelle, lors de sa garde à vue mardi, avoir reçu l'instruction suivante du général Poncet: "Vous le remontez à Man (où se trouve l'hôpital, ndlr). Vous roulez doucement. Vous me comprenez".
Cette instruction serait intervenue peu après la capture par des soldats français de Firmin Mahé, légèrement blessé le 13 mai 2005 en fin d'après-midi.
Aux enquêteurs qui lui demandaient ce qu'il avait compris de cet ordre, le colonel aurait répondu: "J'ai en fait compris la même chose que tout le monde, c'est-à-dire que l'idéal était que Mahé arrive mort à Man".
Les deux auteurs présumés du meurtre, un adjudant-chef et un militaire du rang du 13e BCA qui se trouvaient dans le véhicule blindé où a été tué Mahé, sont poursuivis pour "homicide volontaire". Un quatrième homme, qui conduisait le véhicule, est poursuivi pour "complicité", comme le colonel Burgaud.
Selon les mêmes sources, l'adjudant-chef a dit aux enquêteurs qu'il avait demandé au colonel Burgaud si Firmin Mahé devait "arriver mort". Ce à quoi, le colonel aurait répondu: "vous m'avez bien compris".
Pour Me Jacques Trémolet de Villers, l'avocat du sous-officier, les paroles du colonel étaient "sans ambiguïté". Interrogé par l'AFP, l'avocat du colonel Burgaud, Me Alexis Gublin, a en revanche assuré que son client "n'a jamais donné l'ordre explicite de tuer Mahé".
"En tant que chef, il assume la pleine et entière responsabilité morale et humaine des hommes sous son commandement", a ajouté l'avocat.
Le général de corps d'armée Henri Poncet commandait à l'époque la force Licorne en Côte d'Ivoire. Depuis que l'affaire a éclaté, il a été suspendu.
Le général Poncet -ainsi que son adjoint, le général Renaud de Malaussène- s'est en outre vu infliger un blâme, fait exceptionnel dans l'armée, début novembre à la suite de la remise d'un rapport d'enquête au ministère français de la Défense. Selon ce document, "le commandant de la force Licorne a été informé des faits mais ne les a pas portés à la connaissance de ses autorités hiérarchiques".
Firmin Mahé, un Ivoirien présenté par l'armée française comme un "coupeur de route", bandit de grand chemin responsable de meurtres et viols, a été "tué par étouffement par des militaires français dans un véhicule blindé" le 13 mai 2005, selon ce rapport.
Un blâme pour un crime.